Des rescapés de l'attaque du Hamas plongent pour sortir la tête de l'eau

L'instructeur de plongée volontaire israélien Shai Wolf (à droite) donne des palmes de natation à Yamit Avital, qui fait partie des survivants du kibboutz Nir Oz, lors d'une séance de plongée gratuite offerte aux Israéliens évacués et aux survivants des attaques du Hamas du 7 octobre, dans le sud d'Israël, dans le sud de la mer Rouge. ville balnéaire d'Eilat le 26 décembre 2023. (AFP)
L'instructeur de plongée volontaire israélien Shai Wolf (à droite) donne des palmes de natation à Yamit Avital, qui fait partie des survivants du kibboutz Nir Oz, lors d'une séance de plongée gratuite offerte aux Israéliens évacués et aux survivants des attaques du Hamas du 7 octobre, dans le sud d'Israël, dans le sud de la mer Rouge. ville balnéaire d'Eilat le 26 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 02 janvier 2024

Des rescapés de l'attaque du Hamas plongent pour sortir la tête de l'eau

  • «Cette sensation à 23 mètres de profondeur, quand les poumons s'effondrent, que le diaphragme fait mal, la gorge étouffe et les orteils se serrent m'a ramené à la sensation que j'ai vécue le 7» octobre
  • Environ un quart des 400 habitants de Nir Oz a été tué ou capturé le 7 octobre: parmi ces otages, 25 sont toujours retenus dans la bande de Gaza

EILAT: Au fond de la mer Rouge, Yamit Avital vide son esprit de la guerre et du traumatisme de l'attaque du Hamas pendant un bref instant.

"Il y a une forme de tranquillité dans la mer, dans les profondeurs", raconte Mme Avital, sortant de l'eau turquoise du golfe d'Eilat où elle a plongé à plus de 20 mètres de profondeur.

"C'est comme si tu n'entendais plus rien, uniquement la musique de la mer", dit-elle.

Elle et son mari Benny font partie des rescapés de Nir Oz, un des kibboutz les plus durement touchés par l'attaque du Hamas le 7 octobre qui a fait environ 1.140 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens.

Environ un quart des 400 habitants de Nir Oz a été tué ou capturé le 7 octobre: parmi ces otages, 25 sont toujours retenus dans la bande de Gaza.

Depuis le début de la guerre, les habitants des villages et kibboutz proches de Gaza ont été évacués dans des hôtels à travers le pays.

Sous les yeux des survivants de Nir Oz s'étend la réserve naturelle de coraux d'Eilat et ses clubs de plongée.

"Nous sommes prêts à donner tout ce que nous pouvons" aux familles de Nir Oz, a déclaré Youval Goren, directeur du club Aquasport.

Et il n'est pas le seul: la Fédération israélienne de plongée, les clubs de la station balnéaire et des dizaines de bénévoles se sont mobilisés pour offrir des cours de plongée sous-marine et de plongée libre, où les plongeurs s'enfoncent dans l'eau après une seule respiration.

Nombre des plongeurs novices ont trouvé que cet exercice méditatif apaisait leurs traumatismes.

Les instructeurs bénévoles ont de leur côté estimé que la plongée a été thérapeutique pour les survivants du 7 octobre.

La découverte de l'environnement sous-marin, l'activité physique, les exercices de respiration et de contrôle du corps, l'exposition à sa peur puis le dépassement de celle-ci peuvent atténuer des douleurs psychiques, selon des experts.

Redonner le sourire

"Nous savons qu'être dans l'eau et sous l'eau a des effets émotionnels importants", a assuré Yotam Dagan, un psychologue qui a aidé la Fédération de plongée dans cette initiative.

La sensation d'apesanteur, le ralentissement de la respiration et du rythme cardiaque "réduisent de manière significative le stress, pas uniquement durant la plongée mais aussi dans les minutes et heures qui suivent, parfois même longtemps après", ajoute M. Dagan.

Ofer Mor, qui a dirigé le projet de la Fédération visant à enseigner la plongée aux familles évacuées au centre Snuba, a raconté que la formation était "calme et lente" et axée sur les besoins individuels de chacun.

"Un des premiers retours que j'ai reçu était +tu m'as redonné le sourire+", raconte-t-elle.

Pendant les deux derniers mois, Shai Wolf, instructeur bénévole de plongée en apnée, a montré aux évacués les bonnes techniques de plongée et comment "connaître la paix et la tranquillité sous l'eau".

"C'était si émouvant de les voir progresser, se sentir mieux et se préparer à affronter une nouvelle réalité", a dit M. Wolf.

Benny et Yamit Avital, parents de trois enfants, se sont mis tous les deux à la plongée à Eilat.

Le frère de Benny a été tué en défendant un village voisin de Nir Oz alors qu'ils ont échappé de peu à la mort, barricadés dans leur abri personnel.

Le couple a perdu des voisins et amis, assassinés ou toujours retenus en otage à Gaza.

«Bouffée d'air frais»

Pour Yamit Avital, "cette sensation à 23 mètres de profondeur, quand les poumons s'effondrent, que le diaphragme fait mal, la gorge étouffe et les orteils se serrent m'a ramené à la sensation que j'ai vécue le 7" octobre, raconte-t-elle.

"Ressentir tout ça et retourner à la surface, prendre une bouffée d'air frais, c'est thérapeutique et ça soigne", explique-t-elle.

Le couple de quarantenaires devra bientôt quitter Eilat pour être relogés provisoirement dans la ville de Kyriat Gat, dans le sud d'Israël, loin de la mer Rouge.

"Nous avons beaucoup de chemin à parcourir, nous le savons mais nous avons eu de la chance d'avoir été accueillis dans cet hôtel au bord de mer", conclut Benny Avital.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.