AL-MUKALLA: Les Houthis du Yémen ont menacé de transformer la mer Rouge en enfer pour les États-Unis en réponse au meurtre de 10 combattants par les marines américains dimanche.
L'agence de presse officielle des Houthis a publié lundi un éditorial intitulé « L'Amérique s'est ouvert la porte de l'enfer », promettant de se venger des attaques de la marine américaine contre leurs bateaux en mer Rouge, et accusant les États-Unis de soutenir les bombardements intensifs d'Israël sur Gaza en les empêchant d'imposer leur interdiction aux navires liés à Israël qui naviguent en mer Rouge.
L'agence de presse a déclaré que la marine américaine avait commis «un acte stupide en prenant pour cible trois bateaux, ce qui a entraîné le martyre de dix membres des forces navales yéménites, ouvrant ainsi la porte de l'enfer à elle-même, à ses navires et à ses bases militaires dans la région».
La marine américaine a détruit trois des quatre bateaux des Houthis en mer Rouge dimanche, tuant leurs équipages après que ces derniers ont tenté de détourner un navire commercial et ouvert le feu sur les hélicoptères.
Selon les Houthis, dix de leurs hommes ont été tués lors de l'attaque de la marine américaine.
Le chef des Houthis, Mohammed al-Bukhaiti, a promis que son groupe attaquerait les navires américains qui ont tué ses troupes et continuerait d'interdire aux navires se rendant en Israël de traverser la mer Rouge.
«Il s'agit d'une attaque contre le Yémen, il doit y avoir des représailles, et l'Amérique payer les conséquences de cette attaque et de ce crime», a déclaré M. Al-Bukhaiti à la chaîne de télévision en arabe France 24 dans la nuit de dimanche.
Le 19 novembre, les Houthis ont lancé leurs attaques sur la mer Rouge en détournant un navire commercial appelé Galaxy Leader et en le redirigeant vers la côte de la ville de Hodeïda, à l'ouest du Yémen.
Dans les jours qui ont suivi, ils ont lancé des drones et des missiles balistiques sur des navires commerciaux et des bateaux de la marine pour les forcer à éviter la mer Rouge.
Offensive sur Hodeïda
Malgré les fortes menaces de représailles des Houthis, certains analystes croient que des acteurs régionaux tels qu'Oman, pourraient intervenir afin de persuader les Houthis de procéder à une désescalade et ne pas compromettre les efforts prometteurs actuellement déployés sous l'égide de l'ONU pour élaborer un plan visant à mettre un terme au conflit yéménite.
Mohammed al-Basha, analyste principal du Moyen-Orient au Navanti Group, a expliqué que la pression publique augmente sur les Houthis pour qu'ils ripostent et que, s'ils décidaient de le faire, ils lanceraient des bateaux suicides chargés d'explosifs sur les navires de la marine américaine tout en lançant simultanément des drones et des missiles massifs conçus pour maîtriser les défenses aériennes de la marine américaine.
«L'efficacité des mécanismes de défense de la marine américaine pourrait inciter les Houthis à envisager une offensive coordonnée, impliquant des attaques conjointes de drones, des engins explosifs improvisés transportés par voie d'eau et des missiles antinavires, dans le but de cibler les destroyers», a indiqué M. Al-Basha à Arab News.
Dans le même temps, Nadwa al-Dawsari, spécialiste des conflits au Yémen, a déclaré que les mêmes pays occidentaux qui ont fait pression sur le gouvernement yéménite fin 2018 pour qu'il mette fin à l'offensive militaire qui était sur le point d'expulser les Houthis de Hodeïda se précipitent maintenant pour lancer des frappes aériennes sur les Houthis, ajoutant que les Houthis exploiteraient toute action militaire américaine pour recruter des combattants.
«Il semble maintenant que l'Occident se précipite vers la guerre», a-t-elle déclaré sur le réseau social X, ajoutant: «Les frappes aériennes pourraient affaiblir la capacité des missiles des Houthis à court terme, mais n’empêcheront pas la menace qu'ils représentent. Ils renforceront leur propagande selon laquelle ils sont punis pour avoir défendu la Palestine, une cause que la plupart des Arabes considèrent comme leur première priorité. Cela aidera les Houthis à recruter des combattants pour de futures guerres qui s'étendront au-delà du Yémen.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com