GAZA: Des frappes mortelles, des combats acharnés, des déplacements incessants et une aide humanitaire au compte-gouttes: "épuisée" par près de trois mois de guerre, la population de Gaza rêve de la "fin" des affrontements en ce weekend du nouvel an.
"Les gens fêtent l'arrivée de la nouvelle année, mais nous ne pouvons pas. Nous sommes privés (de célébrations). Les bombes continuent de tomber sur nous chaque jour et chaque nuit", lance Oum Louay Abou Khater, 49 ans, déplacée par les combats à Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza.
"J'espère que la guerre se terminera bientôt. Assez de cette guerre ! Nous sommes totalement épuisés. Nous sommes constamment déplacés d'un endroit à l'autre par temps froid", ajoute-t-elle dans un camp improvisé pour accueillir des déplacés.
"L'année 2023 a été la pire de ma vie. Ce fut une année de destruction et de dévastation. Nous avons vécu une tragédie que même nos grands-parents n'ont pas connue", renchérit Ahmed al-Baz, 33 ans.
"J'espère que la guerre prendra fin et que nous retrouverons nos maisons et notre vie quotidienne normale avant 2024. Nous ne demandons rien de plus", soupire ce Palestinien aussi déplacé à Rafah par les affrontements.
Les quelque 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, dont 85% ont dû fuir leur foyer selon l'ONU, continuent d'être confrontés à une situation humanitaire désastreuse.
"La population traumatisée" et "épuisée" s'entasse sur "une parcelle de terre de plus en plus réduite" dans le sud du territoire, dans le secteur de Rafah, a déclaré vendredi sur X (ex-Twitter) le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.
"La quantité d'aide acheminée, nécessaire et urgente, continue d'être limitée et rencontre de nombreux obstacles logistiques", a dénoncé le commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
La Cour internationale de justice a en outre annoncé vendredi que l'Afrique du Sud accusait Israël devant cet organe judiciaire des Nations unies de se livrer à des "actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza", des allégations aussitôt rejetées "avec dégoût" par Israël.
De Gaza au Liban
Au 85e jour de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre ayant fait environ 1.140 morts en Israël, en majorité des civils, les raids aériens et les combats au sol ne donnent aucun signe de répit dans la bande de Gaza.
Dans la nuit, le mouvement islamiste palestinien a fait état de violents affrontements à Khan Younès, principale ville du sud de Gaza, et dans le centre de ce territoire assiégé avec notamment des frappes aériennes mortelles dans le secteur de Nuseirat.
Selon le ministère de la santé de l'administration du Hamas, 187 personnes ont été tuées vendredi dans la bande de Gaza, portant à plus de 21.500 morts le bilan local depuis le début de la guerre.
Peu après minuit, samedi, l'armée israélienne a, elle, annoncé des frappes en Syrie, en représailles à des tirs depuis ce pays voisin de roquettes qui se sont abîmées dans des territoires frontaliers sous son contrôle.
L'armée israélienne revendique rarement des frappes en Syrie mais a déclaré à plusieurs reprises qu'elle ne permettrait pas à son ennemi juré, l'Iran, d'étendre sa présence dans ce pays, notamment via des milices ou des groupes armés comme le Hezbollah libanais.
Depuis le 7 octobre, la frontière entre Israël et le Liban est le théâtre quasi-quotidien d'échanges de tirs entre l'armée israélienne et le Hezbollah, le chef de l'armée israélienne y évoquant cette semaine une possible "expansion des combats".
"Au cours des deux derniers jours, nous avons mené une série d'opérations de grande ampleur en ciblant des sites du Hezbollah avec nos jets de combats, nos tanks et notre artillerie (...) le sud du Liban ne sera plus tel qu'il était", a déclaré vendredi soir le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari.
Vers un cessez-le-feu?
Sur ce fond d'affrontements à Gaza et de tensions régionales, une délégation du Hamas est arrivée vendredi au Caire, selon une source proche du mouvement palestinien, pour discuter d'un plan égyptien devant aboutir à un cessez-le-feu.
Doté de trois étapes, le plan égyptien prévoit des trêves renouvelables, des libérations échelonnées d'otages et de prisonniers palestiniens et, à terme, une cessation des hostilités.
La délégation du Hamas -- mouvement classé comme terroriste par l'Union européenne, les Etats-Unis et Israël notamment -- devait transmettre "la réponse des factions palestiniennes" à ce plan, notamment à propos des modalités de libération des otages et de prisonniers, a dit à l'AFP un responsable du mouvement islamiste.
Environ 250 personnes ont été enlevées le 7 octobre lors de l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien. Une trêve d'une semaine à la fin novembre avait permis la libération d'une centaine d'entre elles, en échange de la libération de 240 prisonniers palestiniens écroués en Israël.
Mais les efforts de médiateurs du Qatar et de l'Egypte pour renouveler cette pause dans les combats n'ont pas abouti jusqu'à présent. Et ce, alors que les familles des otages continuent de faire pression sur le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour assurer leur libération.
Selon le grand quotidien israélien Yediot Aharonot et le site américain Axios, les médiateurs du Qatar ont indiqué à Israël que le Hamas avait "accepté en principe" de reprendre les discussions pour permettre la libération de plus de 40 otages captifs à Gaza en échange de jusqu'à un mois de pause dans les combats.
Le gouvernement américain a par ailleurs annoncé vendredi avoir approuvé "d'urgence" la vente à Israël d'obus de 155 mm et d'autres matériels prélevés dans les stocks de son armée, pour 147,5 millions de dollars.