DAMAS, Syrie : Les rues de la Syrie sous contrôle gouvernemental ne connaîtront pas de festivités de Noël cette année, les principales églises ayant restreint les festivités à des prières, en solidarité avec les victimes de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza.
«En Palestine, le lieu de naissance de Jésus-Christ, les gens souffrent», dit à l'AFP l'archevêque catholique syriaque d'Alep, Mgr Dionysius Antoine Shahda.
Le quartier d'Azizia, dans le nord de la Syrie, abrite traditionnellement un marché de Noël animé et ses ruelles scintillent de lumières et de bibelots chaque année à la même période.
Mais cette année, la place est presque déserte et aucune décoration de Noël n'y est visible.
«Nous avons annulé toutes les célébrations officielles et les réceptions dans nos églises par solidarité avec les victimes des bombardements à Gaza», explique l'archevêque.
Selon le gouvernement du Hamas, plus de 20.000 personnes, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, ont été tuées dans les frappes de l'armée israélienne sur la bande de Gaza, en représailles à une attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
Cette attaque d'une ampleur sans précédent dans l'histoire d'Israël a fait 1.140 mots, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes.
Les frappes se sont poursuivies samedi dans le territoire pauvre et exigu où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Et selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), «aucun endroit n'est sûr» dans l'étroite bande de terre assiégée et désormais en ruine.
- «Triste année» -
«Compte tenu des circonstances, en particulier à Gaza», les principales églises syriennes ont déclaré dans un communiqué commun l'annulation des festivités de Noël, limitant les célébrations à des cérémonies religieuses.
Avant l'éclatement de la guerre civile en 2011, le Syrie comptait environ 1,2 million de chrétiens, mais beaucoup ont fui depuis. Bien que les festivités aient progressivement repris ces dernières années avec la reprise en main de vastes pans du territoire par les forces gouvernementales, la guerre en cours a changé la donne.
À Damas, une atmosphère morose règne désormais, les festivités se limitant à un seul marché.
La cathédrale Mariamite de la capitale, siège de l'Eglise orthodoxe grecque d'Orient, a modestement orné sa cour où elle a installé un petit sapin.
Rachel Haddad, une habitante de Damas âgée de 66 ans, explique être restée accrochée à son téléphone pendant plus de deux mois pour suivre les nouvelles de la guerre à Gaza, et qu'elle n'a pas eu le cœur à installer un sapin de Noël.
«C'est une année très triste. Elle a commencé par le tremblement de terre et s'achève par la guerre de Gaza», déplore Mme Haddad, en référence au séisme du 6 février qui a fait 55.000 mots en Syrie et en Turquie voisine.
«Il n'y a pas eu d'occasion de se réjouir», souffle-t-elle, attribuant également la morosité ambiante à la situation économique qui prévaut en Syrie, marquée par des pénuries de carburant récurrentes et des coupures d'électricité chroniques.
«S'il n'y a pas d'électricité, comment pourrions-nous apprécier les décorations et les lumières ?», interroge Mme Haddad.