Aide humanitaire: l'industrie pharmaceutique «mobilisée» pour l'Ukraine et Gaza

Des produits de première nécessité, dont des trousses de premiers secours, sont emballés pour être envoyés en Pologne pour les réfugiés ukrainiens, au White Eagle Club, un centre social polonais, à Balham, dans le sud de Londres, le 2 mars 2022. (Photo Justin Tallis  AFP)
Des produits de première nécessité, dont des trousses de premiers secours, sont emballés pour être envoyés en Pologne pour les réfugiés ukrainiens, au White Eagle Club, un centre social polonais, à Balham, dans le sud de Londres, le 2 mars 2022. (Photo Justin Tallis AFP)
Short Url
Publié le Samedi 23 décembre 2023

Aide humanitaire: l'industrie pharmaceutique «mobilisée» pour l'Ukraine et Gaza

  • L’organisation française Tulipe, l'une des trois organisations d'aide médicale en Europe, avec Action Medeor en Allemagne et International Health Partners au Royaume-Uni, est la «seule créée et soutenue par l'industrie pharmaceutique»
  • C'est dans son entrepôt implanté au Thillay (Val d'Oise), proche de l'aéroport de Roissy, que trois sortes de kits (d'urgence, pédiatriques et pour adultes) sont assemblées

PARIS : Tulipe, organisation gérant les dons de produits de santé fournis en urgence par les groupes pharmaceutiques français, est «mobilisée» en cette fin d'année pour acheminer des médicaments à Gaza et en Ukraine, explique à l'AFP sa nouvelle présidente.

«Les équipes sont toujours mobilisées» pour ces deux régions de conflits, indique Karine Levesque, depuis novembre à la tête de cette association qui va expédier l'équivalent de 100.000 traitements à Gaza le 29 décembre.

Cette nouvelle «donation de 4,5 tonnes en cours de préparation» est une opération coordonnée avec le Centre de crise et de soutien du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Croissant-Rouge.

Tulipe, née en 1982, collecte les dons de médicaments et de matériel médical de laboratoires pharmaceutiques pour les acheminer par voie terrestre, maritime ou aérienne vers des zones sinistrées par des conflits ou des catastrophes naturelles.

Elle compte parmi les trois organisations d'aide médicale en Europe, avec Action Medeor en Allemagne et International Health Partners au Royaume-Uni, avec la spécificité d'être la «seule créée et soutenue par l'industrie» pharmaceutique, souligne Mme Levesque.

En Ukraine, entre 2022 et 2023, «plus de 200 tonnes de produits de santé ont été réparties sur près de quinze opérations humanitaires avec différentes ONG». «Plus d'un demi million de patients ont pu bénéficier de traitements», ajoute la responsable d'origine canadienne.

Rien qu'en 2022, l'association, qui fonctionne avec trois permanents, avait récolté pour l'Ukraine «un million d’euros en argent et environ cinq millions d’euros en médicaments». La prochaine opération pour ce pays est prévue mi-janvier.

- Vingtaine de pays -

«Aujourd'hui, on agit plutôt avec des ONG qui travaillent en zone rurale, avec des médecins locaux», pour atteindre les populations qui ont quitté les zones urbaines alors que les forces russes continuent de bombarder des villes d'Ukraine, détaille Mme Levesque.

Grâce aux dons d'une soixantaine d'entreprises adhérentes, pour la plupart de grands groupes pharmaceutiques internationaux, qui cotisent en fonction de leur chiffre d’affaires, la structure reconnue d'utilité publique intervient dans une vingtaine de pays chaque année.

Elle compte sur une centaine de bénévoles, tous collaborateurs des sociétés partenaires, pour préparer plusieurs fois par an des «kits de santé», en fonction d'une liste de produits préconisés par l’OMS et des molécules en vrac, selon la disponibilité des stocks.

Dans les situations d'extrême urgence, ces kits peuvent être expédiés en moins de 24h.

C'est dans son entrepôt implanté au Thillay (Val d'Oise), proche de l'aéroport de Roissy, que trois sortes de kits (d'urgence, pédiatriques et pour adultes) sont assemblées. Un «kit santé de la femme», en lien avec la maternité, est en cours d’élaboration.

Il arrive qu'il faille, selon Mme Levesque, acheter certaines spécialités pour compléter les kits «parce que par moment, c'est difficile d'avoir des dons sur certains médicaments en tension», comme l'amoxicilline.

L'enjeu, selon elle, sera «de faire en sorte que les laboratoires puissent prévoir dans leur ligne de production une petite quantité qui soit dédiée en amont à Tulipe» parce que l'anticipation «donne une visibilité sur les produits à recevoir et sur la capacité à donner dans le temps».

Car cette année, avec la multiplication des crises (séismes en Turquie et Syrie, conflits en Ukraine et entre Israël et le Hamas) l'association a enregistré «plus de demandes que de capacités à donner», rappelle celle qui dirige aussi la branche française du laboratoire CSL Vifor.

 


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Short Url
  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.