PARIS : La compagnie ferroviaire privée Le Train, qui compte lancer en 2026 des liaisons régionales à grande vitesse dans l'Ouest de la France, vise déjà d'autres régions et mise aussi sur l'ouverture à la concurrence des trains Intercités.
La société, née en 2020 en Charente, a commandé dix trains à grande vitesse au constructeur ferroviaire espagnol Talgo, pour environ 300 millions d'euros.
«On restera sur cette volumétrie pour démarrer nos premières lignes dans le Grand Ouest, et on est toujours sur une perspective 2026 pour débuter notre activité», indique à l'AFP son directeur général Alain Getraud.
Les premiers trajets relieront «Bordeaux-Nantes, Bordeaux-Rennes, avec des dessertes de villes intermédiaires comme Tours, Angoulême, Angers, et des prolongements sur Arcachon et l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. Cela donne énormément de possibilités, une cinquantaine de liaisons par jour, car chaque train pourra faire quatre à cinq allers-retours par jour», précise-t-il.
Selon Alain Getraud, «certains trajets directs permettront de pulvériser les temps de parcours, comme Bordeaux-Nantes en moins de 3 heures, Bordeaux-Rennes en 2 heures 20, Bordeaux-Tours en moins de 1 heure 20».
Il annonce que la compagnie «aura d'autres capacités» pour développer son offre, dans le Grand Ouest «mais surtout ailleurs, et qui donneront lieu à des commandes supplémentaires de matériel roulant, même s'il est encore trop tôt» pour les détailler, selon lui.
«Notre marché principal, c'est le marché +intersecteurs+ (des trains qui vont d'une région à l'autre sans passer par Paris, ndlr) grande vitesse, mais on ira explorer d'autres marchés, il y a besoin de ferroviaire en général: il manque de la capacité sur un axe comme Bordeaux-Paris, et l'offre est aussi insuffisante de ville de région à ville de région, donc il y a vraiment besoin d'un acteur complémentaire à la SNCF.»
- «On est là pour durer»-
Alain Getraud promet «un système de tarification très performant, juste et lisible, qui sera, à kilomètre parcouru, moins cher que l'offre grande vitesse classique» de la SNCF, même si Le Train «ne sera pas un low-cost».
«Ce ne sera pas un système de +yield management+ (où les prix augmentent au fil du remplissage du train, ndlr), il y aura de la fluctuation et de la modulation des prix mais qui sera plus resserrée et n'atteindra pas des niveaux injustes», affirme-t-il.
Le Train a également répondu - en tant qu'exploitant, cette fois-ci, avec du matériel classique, fourni par l'Etat - à l'appel d'offres pour la mise en concurrence des trains
Intercités Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux, dont le résultat devrait être connu mi-2024. La liaison Nantes-Lille est même en option.
Et après les Intercités, il y aura les TER: «Ce n'est pas juste un test pour nous, il y aura d'autres processus de mise en concurrence, ou des régions qui réfléchissent à lancer des consultations sur le volet ferroviaire. On regarde cela, Le Train sera un candidat sérieux, on a les moyens de faire de très belles offres», assure le directeur général.
En mars dernier, la jeune compagnie avait annoncé vouloir ouvrir son capital au public, via une campagne de souscription en complément d'une nouvelle levée de fonds d'investisseurs institutionnels.
«On a franchi les 2 millions d'euros, avec environ 800 investisseurs indépendants. Cela reste un tout petit peu anecdotique au regard des montants capitalistiques qu'il faut générer, mais cela a démontré toute l'attractivité et l'intérêt pour l'offre ferroviaire», met en avant Alain Getraud.
Prochaine étape à venir dans le financement, «un dernier tour de table qui va permettre à de nouveaux acteurs financiers de rentrer chez Le Train, mais également un, voire plusieurs acteurs industriels de premier plan» qui «vont participer à la trajectoire et à l'ambition de Le Train pour les dix prochaines années. On est là pour durer», assure-t-il.
Soutenue notamment par Crédit Mutuel Arkéa et Crédit Agricole Charente-Périgord, la compagnie reste pour l'instant très discrète sur son plan de financement.