PARIS: De Monet à James Bond, en passant par Agatha Christie, Hitchcock ou Cat Stevens, le train, à l'heure de la réouverture de l'emblématique Paris-Berlin lundi, a de tout temps inspiré les artistes.
Immortalisé en peinture dès son arrivée en Europe par William Turner en Grande-Bretagne ou Claude Monet en France, le plus célèbre d'entre eux reste sans doute l'Orient-Express et son mystérieux "meurtre" de la reine du roman policier, Agatha Christie.
Dans "Anna Karénine" de Léon Tolstoï, le train annonce le malheur et la mort tandis que dans "La bête humaine" d'Emile Zola, c'est une des implacables machines qui accompagnent la descente aux enfers du protagoniste.
Le maître du suspense Alfred Hitchcock a lui aussi eu recours aux trains dans ses films, y plantant le décor parfait d'une conspiration ("L'inconnu du Nord-Express"), d'une disparition ("Une femme disparaît") ou de l'amour ("La mort aux trousses").
En Inde aussi, l'un des moments les plus emblématiques de l'histoire du cinéma a été tourné dans "Aradhana" en 1969 dans un train, représenté par une maquette. On y voit la superstar de Bollywood Rajesh Khanna faire la cour à sa bien-aimée depuis sa Jeep.
La vitesse et l'exiguïté des lieux ont permis des scènes de cinéma mémorables: Tom Cruise sautant entre un hélicoptère et un train dans le premier "Mission : Impossible" ou grimpant sur des wagons de l'Orient-Express qui s'effondrent dans le dernier.
Un train iconique
Quant à James Bond, c'est aussi sur un train qu'a lieu la bagarre meurtrière de Sean Connery dans "Bons baisers de Russie" et là où tombe Daniel Craig dans "Skyfall", tandis que dans "Octopussy", Roger Moore y apparaît habillé en gorille, à bord d'un convoi transportant un cirque.
Rares sont ceux qui ont égalé l'audace de Buster Keaton, qui a lui-même conduit une locomotive sur un pont qui s'effondre pour "Le Mécano de la Général" (1926), cascade la plus coûteuse de l'histoire du cinéma muet.
Les auteurs-compositeurs ont eux aussi adoré les trains les ramenant chez eux ou sortant des rails. Johnny Cash rêvait d'un train qui l'éloigne de sa cellule dans "Folsom Prison Blues", tandis que le groupe Soul Asylum voyait la dépression comme un "Runaway Train" au milieu des années 90, et que Cat Stevens appelait à un "Train de la paix" ("Peace Train") pour mettre fin à la guerre du Vietnam.
Pour Sergio Leone, l'arrivée du train dans "Il était une fois dans l'Ouest" est celle des méchants et marque la fin d'un mode de vie. Dans "Snowpiercer", roman graphique, film et série télévisée récente, il représente peut-être la dernière chance pour les survivants d'une apocalypse climatique.