CASABLANCA: Le Festival international de théâtre universitaire de Casablanca (Fituc), organisé du 21 au 27 décembre par la Faculté des lettres et sciences humaines de Casablanca, a tenu son pari et s’achève sur une bonne note.
Pendant une semaine, une ambiance de fête a régné sur les bancs de l’université Hassan II de la ville blanche. Et pour cause, après plusieurs mois de disette, l’art de la scène a retrouvé sa place parmi les étudiants casablancais grâce au talent et à l’implication des participants nationaux et internationaux. Ce retour sur les planches, même à distance, a suscité un engouement exceptionnel sur la toile.
En effet, l’événement n’a pas sombré dans l’oubli et a offert aux amoureux d’art et de comédie une belle 32e édition. Les organisateurs, qui «ne souhaitaient pas sacrifier le sens de la proximité», ne s’attendaient pas à un tel enthousiasme de la part des internautes, car le festival, prévu l’été dernier, avait dû être reporté pour cause de pandémie avec en prime une programmation différente. Finalement, grâce aux nouvelles technologies, le Fituc s’est adapté à la situation, et a même retrouvé une seconde jeunesse, sous une nouvelle formule 100 % virtuelle.
L’art marocain à l’honneur
Cette année, le lever de rideau coïncidait parfaitement avec la situation actuelle. C’est en effet, la pièce de théâtre Nams, inspirée de Hot Maroc, le premier roman du poète Yassin Adnan, qui a ouvert le bal. L’œuvre satirique, mise en scène par Abdelilah Benhadar, raconte l’histoire d’un Marocain atteint de schizophrénie, au chômage malgré l’obtention de son diplôme universitaire. Après maintes recherches, il trouve finalement un emploi dans un cybercafé, se prend au jeu du digital, et entame une double vie sur Internet.
Hormis les pièces de théâtre classiques, des spectacles, alliant musique et danse, ont également été diffusés sur la toile, à l’image de Joie de Doukkala. Un show 100 % marocain qui a fait découvrir aux internautes une autre facette de la musique traditionnelle de ce pays du Maghreb. Derrière leurs écrans, ces derniers ont été plongés au cœur du folklore national à travers cette représentation, menée à la baguette par le célèbre chorégraphe marocain Lahcen Zainoun. Le spectacle met en scène l’histoire culturelle des Doukkala, une population issue de la région d’El Jadida réputée, notamment, pour sa passion de l’Aïta – un art populaire marocain qui peut se traduire par «cri» dans la langue de Molière. Dans ce show, vingt chanteuses populaires, des chikhates, sont mises en lumière, ainsi qu’une trentaine de musiciens.
Le théâtre au-delà des frontières
À l’occasion de cette édition spéciale, réalisée dans un format différent, l’événement a offert aux passionnés de théâtre un voyage aux quatre coins de la planète, grâce à une programmation internationale d’exception. Hormis le Maroc, plusieurs pays étaient représentés, dont la Corée du Sud, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, la France, le Liban, l’Iran, la Palestine, le Mexique, la Grèce…
Ainsi, selon les organisateurs, les œuvres proposées durant le Festival sur le site www.fituc.ma en français, anglais et arabe ont réalisé une forte audience sur la toile. Le Fituc a, de ce fait, donné l’opportunité aux internautes de découvrir des traditions et cultures lointaines à travers plusieurs pièces: Mother of mine, Forever Art company, Corée du Sud; Les Clameurs du lac sacré, ensemble Tuwani Ofri TiTi, Côte d’Ivoire; The Roses between them, association Hanin Taraby, Palestine; Eve II, Faltsoi Theatre Groupe, Grèce; Parlanchines, Parlanchines, Mexique.
Par ailleurs, le Fituc se veut un lieu d’échange et de partage. Dans cet esprit, plusieurs tables rondes et ateliers ont été organisés, permettant ainsi aux intervenants et spectateurs, d’en apprendre davantage sur la création d’un spectacle, l’écriture et l’interprétation théâtrale.
Théâtre et rêve
Cette 32e édition, placée sous le thème Théâtre et rêve, a consacré une table ronde à cette thématique, avec la participation de figures nationales et internationales du monde du théâtre.
Ce choix n’est pas fortuit, car selon le doyen de la faculté Ben Msick, organisateur du Festival, cet art de la scène découle «d’un rêve qui commence par une idée réelle sur papier». D’où le rôle prépondérant des acteurs artistiques et techniques, qui transcrivent ces rêves sur les planches, à travers la musique, les jeux de lumières, le choix des costumes…
Ainsi, depuis sa création en 1988, le Fituc, l’un des plus vieux festivals du royaume chérifien, s’attelle à remplir l’une de ses principales missions: la découverte de graines de comédiens, avec pour objectif de mettre en lumière leur talent et de transformer leurs rêves en réalité.