Sur les marchés mondiaux en 2023, l’épée de Damoclès de la récession n’est pas tombée

Les traders travaillent sur le parquet de la Bourse de New York (NYSE) lors des échanges matinaux du 14 décembre 2023, à New York. (Photo par ANGELA WEISS / AFP)
Les traders travaillent sur le parquet de la Bourse de New York (NYSE) lors des échanges matinaux du 14 décembre 2023, à New York. (Photo par ANGELA WEISS / AFP)
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Publié le Jeudi 21 décembre 2023

Sur les marchés mondiaux en 2023, l’épée de Damoclès de la récession n’est pas tombée

  • Au troisième trimestre, la croissance de l'économie américaine, la plus importante du monde, s'élève à plus de 5% en rythme annualisé
  • En Europe, Francfort et Paris ont établi un nouveau sommet absolu, quand Milan est au plus haut depuis 2008 et Madrid depuis 2018

PARIS: Son ombre a flotté toute l'année au-dessus des marchés, mais les investisseurs ne l'ont finalement aperçue presque nulle part: la récession a été évitée en 2023, ce qui a beaucoup profité aux indices boursiers.

"Si on regarde nos prévisions l'année passée, on pensait que l'année 2023 tournerait autour de la récession aux Etats-Unis. Nous nous sommes trompés", reconnaît Colin Graham, responsable de la stratégie multi-actifs de Robecco.

Au troisième trimestre, la croissance de l'économie américaine, la plus importante du monde, s'élève à plus de 5% en rythme annualisé.

En Europe, la tendance est bien moins reluisante mais sur les trois premiers trimestres de 2023, la croissance des pays de l'Union européenne est de 0,2%, et celle de la zone euro de 0,1%.

La vigueur de l'économie américaine tient essentiellement à la force des consommateurs, qui ont ignoré jusqu'à présent tant l'inflation que la remontée des taux d'intérêt, précise Vincent Juvyns, de JPMorgan AM.

Résultat, après une année 2022 difficile, les marchés actions ont rebondi: l'indice global MSCI World affiche un gain de 21% sur l'année, contre près de 20% de pertes l'an passé.

En Europe, Francfort et Paris ont établi un nouveau sommet absolu, quand Milan est au plus haut depuis 2008 et Madrid depuis 2018.

En Asie, Tokyo évolue à ses plus haut depuis 30 ans tandis qu'aux Etats-Unis, les trois indices principaux sont revenus proches de leur pic de 2021.

Sept magnifiques

Mais, au sein des indices boursiers, les rois de 2023 sont sans conteste les entreprises liées à l'intelligence artificielle.

Le leader du marché des semi-conducteurs utilisés pour le développement de l'intelligence artificielle générative (IA), l'américain Nvidia a vu sa valeur plus que triplé en Bourse, pour atteindre 1 1800 milliards de dollars, la sixième plus grosse entreprise au monde.

Avec les titans technologiques américains, Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft ainsi que Tesla, Nvidia forme "les Sept Magnifiques", des méga-capitalisations qui représentent une grande partie de la hausse des marchés actions en 2023.

Seuls les marchés boursiers en Chine ont peiné - l'indice MSCI Chine perdant plus de 10% pour la troisième année consécutive - délaissés des investisseurs en raison d'une reprise moins dynamique que prévu, des fragilités de l'immobilier et de l'absence de plan de relance massif des autorités.

Mais au niveau mondial, la croissance, de même que les chiffres du chômage encore très bas, n'ont pas été toujours bien vus par les acteurs du marché, car elle implique aussi plus de difficultés pour les banques centrales dans leur lutte contre l'inflation.

Avec leur décision sur les taux d'intérêt directeurs ou leurs interventions sur les marchés par des rachats ou des ventes d'actifs, les banques centrales font la pluie et le beau temps sur les marchés: leurs décisions et débats sont donc constamment scrutés. La Réserve fédérale américaine a même dû intervenir en mars 2023 pour rassurer les marchés et éviter que la faillite de trois banques régionales aux Etats-Unis n'entraîne une panique sur tout le système financier mondial.

Si le rythme de hausse des prix a ralenti au fil de l'année, les banquiers centraux ont refusé d'assouplir leur politique, la durcissant encore en septembre, repoussant la perspective d'une baisse de taux, tant espérée par les investisseurs.

La conviction de baisses des taux dans les premiers mois de 2024 s'est finalement dessinée en novembre, permettant aux indices boursiers mondiaux de connaître leur meilleur mois en trois ans, et une chute drastique des taux d'emprunt sur les marchés.

"Le fait que le marché anticipe que les taux des banques centrales puissent baisser sans être passés par une phase de récession de l'économie a eu un impact direct" sur les marchés, explique Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement de Pictet AM.

Ce mouvement a aussi profité aux petites entreprises, jusqu'ici délaissées par les investisseurs, ce qui a creusé en cours d'année un gros écart de valorisation avec les multinationales.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.