Les principaux événements de l'année 2020 en France

L'hôtel de ville illuminé sur la Place de l'Hôtel de Ville à Paris. (AFP)
L'hôtel de ville illuminé sur la Place de l'Hôtel de Ville à Paris. (AFP)
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Publié le Mardi 29 décembre 2020

Les principaux événements de l'année 2020 en France

  • Le 3 janvier, Cédric Chouviat, un livreur de 42 ans, est victime d'un malaise cardiaque à Paris après avoir été plaqué au sol par trois policiers au terme d'un contrôle routier tendu
  • Quelque 22 000 amendements au projet de loi sont déposés - un record sous cette législature

PARIS : Hôpitaux sous pression, élection et réformes reportées, économie en berne: la France a été secouée en 2020 par la pandémie de Covid-19 et de vifs débats sur les violences policières et les libertés publiques.  

Décès de Cédric Chouviat

Le 3 janvier, Cédric Chouviat, un livreur de 42 ans, est victime d'un malaise cardiaque à Paris après avoir été plaqué au sol par trois policiers au terme d'un contrôle routier tendu. 

Il décède deux jours plus tard des suites d'une asphyxie «avec fracture du larynx». Deux policiers sont mis en examen le 8 juillet pour «homicide involontaire», la victime ayant dit à sept reprises qu'elle «étouffait».

Déjà au cœur du mouvement des «gilets jaunes» en 2019, la question des violences policières va agiter le débat public tout au long de l'année.  

Réforme des retraites

Le 9 janvier, entre 452 000 (police) et 1,7 million de personnes (CGT) manifestent contre une réforme des retraites visant notamment à créer un «système universel» par points, contre laquelle agents de la RATP ou avocats mènent une grève très dure.

Quelque 22 000 amendements au projet de loi sont déposés - un record sous cette législature. 

Face à la fronde, le Premier ministre Edouard Philippe a recours au 49-3 et, le 3 mars, le projet de réforme est adopté. 

Mais le début du confinement, le 17 mars, marque la suspension de la réforme, comme celle de l'assurance chômage, également critiquée.

L'hôpital sous pression

Le 14 janvier, plus de 1 100 médecins hospitaliers s'engagent à démissionner de leurs fonctions administratives si la ministre de la Santé Agnès Buzyn n'ouvre pas de négociations sur le budget de l'hôpital et les salaires.

Cinq mois plus tard, alors que le secteur est très ébranlé par la pandémie de Covid-19, Edouard Philippe promet des «investissements massifs» et annonce un «Ségur de la Santé».

Le 9 juillet, après sept semaines de discussions, le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran et les syndicats parviennent à un projet d'accord sur la répartition de 7,5 milliards d'euros promis aux salariés des hôpitaux.

Académie des César: sortie de scène

Le 13 février, la direction de l'Académie des César, accusée d'opacité et d'entre-soi, démissionne en bloc à seulement deux semaines de la «grande fête» annuelle du cinéma.

Lors de la cérémonie, Roman Polanski, visé par des accusations de viol, reçoit le César du meilleur réalisateur pour son film «J'accuse». L'actrice Adèle Haenel quitte la salle en lançant «Bravo la pédophilie!». 

Fin septembre, une nouvelle Académie exclut les membres de droit comme l'était Polanski au profit de 164 personnes élues.

Premier mort du Covid-19 en France 

Le 15 février, un touriste chinois meurt à Paris du Covid-19: c'est le premier décès lié à ce virus signalé hors d'Asie. 

Le lendemain, la ministre de la Santé Agnès Buzyn démissionne pour être candidate à la mairie de Paris après l'abandon de Benjamin Griveaux touché par un scandale sexuel. Olivier Véran la remplace. 

Restaurants, bars et cinémas ferment le 14 mars, crèches, écoles et universités deux jours plus tard. Le premier tour des élections municipales, maintenu le 15 mars, enregistre une abstention record. Le second tour est reporté au 28 juin et marqué par une forte poussée des écologistes.

La France confinée

Le 17 mars la France entame son premier confinement, assoupli le 11 mai et levé partout le 14 juin. 

Le PIB chute de 5,9% au premier trimestre et le gouvernement lance un plan d'urgence de 100 milliards d'euros pour les entreprises, où les plans sociaux s'accumulent. Plus d'1,6 million de salariés sont en chômage partiel, les précaires s'enfoncent dans la pauvreté.   

Manifestations contre les violences policières 

Les 2 et 13 juin, en écho aux manifestations antiracistes qui secouent les Etats-Unis après la mort de l'Afro-américain George Floyd, un appel à manifester contre les violences policières est lancé par le comité de soutien à la famille d'Adama Traoré, jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation par les gendarmes.

Malgré le confinement, 15 000 à 20 000 personnes se rassemblent à Paris. 

Le 8 juin, Emmanuel Macron demande au gouvernement «d'accélérer» ses propositions pour améliorer la déontologie des forces de l'ordre et à la garde des Sceaux de se pencher sur l'affaire Traoré, sur laquelle des expertises se contredisent. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, assure d'une «tolérance zéro» à l'égard du racisme parmi les forces de l'ordre.

Début octobre, le parquet de Bobigny réclame un procès aux assises pour trois policiers soupçonnés de «violences volontaires» lors de l'interpellation de Théo Luhaka, handicapé à vie après avoir été blessé au niveau de la zone anale par un coup de matraque télescopique lors d'un contrôle à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2017 et devenu un symbole des violences policières.

La Défenseure des droits Claire Hédon réclame aussi des «poursuites disciplinaires».

Fillon condamné

Le 29 juin, l'ancien Premier ministre François Fillon est condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, dans l'affaire des emplois fictifs de son épouse Penelope qui avait fait dérailler sa campagne présidentielle en 2017.

Le tribunal assortit la peine d'une amende de 375 000 euros et de dix ans d'inéligibilité, mais sans mandat de dépôt.

Penelope Fillon est condamnée à trois ans de prison avec sursis, 375 000 euros d'amende et deux ans d'inéligibilité.

Le couple fait appel.

Remaniement

Le 3 juillet, Emmanuel Macron remplace à Matignon Edouard Philippe, élu maire du Havre, par Jean Castex, 55 ans. 

La liste complète du gouvernement n'est annoncée que le 26 juillet. Les choix de Gérald Darmanin pour le portefeuille de l'Intérieur et de l'avocat Eric Dupond-Moretti pour la Justice suscitent la colère des associations féministes. 

Le 28, M. Darmanin choque les proches de M. Chouviat en déclarant : «Quand j'entends le mot violences policières, personnellement, je m'étouffe».

Fourniret et le mystère Estelle

Le tueur en série Michel Fourniret a enlevé, séquestré, violé et tué Estelle Mouzin, alors âgée de 9 ans, dans une maison familiale désertée des Ardennes, déclare le 22 août son ex-épouse Monique Olivier, relançant l'espoir de retrouver le corps de la fillette dont la disparition en 2003 n'avait jamais été élucidée.

L'ADN d'Estelle est retrouvé sur un matelas, mais les fouilles restent infructueuses.

Procès Charlie

Le 2 septembre, s'ouvre le procès des attentats contre Charlie Hebdo, des policiers et une supérette juive, qui avaient fait au total 17 morts en 2015. 

A cette occasion, l'hebdomadaire satirique republie les caricatures de Mahomet qui en avaient fait la cible des jihadistes.

Le 25, une attaque au hachoir par un assaillant pakistanais fait deux blessés graves près des anciens locaux parisiens de Charlie Hebdo.

Le nouveau coronavirus atteint tour à tour plusieurs des 14 accusés, dont trois sont jugés par défaut, et ralentit considérablement le cours du procès. Le 16 décembre, les «complices» des attaques sont condamnés à des peines allant jusqu'à 30 ans de réclusion et la perpétuité.

Inondations

Le 2 octobre, des pluies torrentielles dans l'arrière-pays niçois font au moins neuf morts et neuf disparus et provoquent des dégâts considérables dans la région.

Otage française libérée

Dernier otage français dans le monde, l'humanitaire Sophie Pétronin, 75 ans, est libérée le 8 octobre, près de quatre ans après avoir été enlevée par des jihadistes au Mali. Elle rentre en France le 9.

Un professeur décapité

Le 16 octobre, Samuel Paty, 47 ans, un professeur d'histoire qui avait montré des caricatures de Mahomet en cours et était l'objet d'un harcèlement en ligne pour cela, est décapité en pleine rue, à Conflans-Sainte-Honorine, par un jeune Russe Tchétchène radicalisé. Un hommage national lui est rendu. Quatorze personnes, dont un parent d'élève et six collégiens, sont poursuivies.

Le 29 octobre à Nice, un Tunisien tue au couteau deux fidèles et le sacristain de la basilique de Notre-Dame-de-l'Assomption, avant d'être grièvement blessé par des policiers municipaux.

Le gouvernement présente en décembre un projet de loi contre «l'idéologie pernicieuse de l'islamisme radical» et la haine en ligne, sans reprendre l'expression très controversée de «séparatisme islamiste» employée début octobre par Emmanuel Macron.

Un reconfinement, plus de 60 000 morts

Face à une deuxième vague épidémique, un nouveau confinement est décrété le 30 octobre, les écoles restant cette fois ouvertes.

Les commerces «non-essentiels» rouvrent le 28 novembre. Mais le niveau de contamination reste élevé et le déconfinement, fixé au 15 décembre, s'accompagne de restrictions plus importantes qu'initialement prévu.

Restaurants, musées, cinémas, théâtres désespèrent de ne pas pouvoir ouvrir pour les fêtes de fin d'année.

Après six mois d'auditions, une commission d'enquête parlementaire conclut à l'unanimité - moins les voix des députés LREM qui s'abstiennent - à un «pilotage défaillant de la crise» sanitaire par le gouvernement.

Le 17 décembre, le président Emmanuel Macron est testé positif. Souffrant de fatigue, toux et courbatures, il s'isole pendant sept jours à la résidence officielle de La Lanterne, à Versailles. La France franchit le seuil de 60 000 décès dus au Covid-19.

Crise autour de la loi sécurité globale

Le 20 novembre, les députés votent dans un climat tendu l'article 24 de la proposition de loi sur la sécurité globale. Vivement contesté par les journalistes et les défenseurs des libertés publiques, il prévoit notamment de pénaliser l'usage «malveillant» d'images des forces de l'ordre. 

Les vidéos, diffusées sur les réseaux sociaux, de l'évacuation violente d'un camp de migrants à Paris, puis du tabassage par des policiers de Michel Zecler, un producteur de musique noir, suscitent émoi et colère et renforcent l'opposition au texte.

Dans cette dernière affaire, Gérald Darmanin reconnaît «des violences inacceptables», tandis qu'Emmanuel Macron dénonce «des images qui nous font honte». Les quatre policiers sont mis en examen et deux d'entre eux écroués, avant d'être libérés sous contrôle judiciaire.

Le 28, une «marche des libertés», émaillée de violences contre des policiers, rassemble 133 000 à 500 000 personnes en France.

Une «nouvelle écriture complète» de l'article controversé, pourtant déjà voté, est décidée.

Le 4 décembre, Emmanuel Macron annonce pour janvier la tenue d'un «Beauvau de la sécurité» réunissant représentants des forces de l'ordre, élus et citoyens.

Affaire Daval: épilogue

Jonathann Daval, 36 ans, est condamné le 21 novembre par la cour d'assises de la Haute-Saône à 25 ans de prison pour le meurtre en 2017 de sa femme Alexia, à l'issue d'un procès hyper médiatisé. Le visage éploré du mari avait ému les Français, avant qu'il avoue avoir étranglé son épouse.

Sarkozy devant la justice 

Le 23 novembre, débute le procès de l'affaire dite des «écoutes», dans laquelle Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir promis un avancement au haut magistrat Gilbert Azibert en échange d'informations.

C'est la première fois dans l'histoire de l'après-guerre qu'un ancien président français est jugé pour corruption.

Le procureur requiert quatre ans de prison, dont deux ferme, tandis que la défense plaide la relaxe face à «un désert de preuves».

Pédophilie : un procès hors normes

Le 3 décembre, l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, 70 ans, est condamné à 15 ans de réclusion criminelle aux assises de Charente-Maritime pour abus sexuels sur quatre mineures dans le premier volet d'une affaire de pédophilie hors normes. Il fait appel.

Quelque 312 autres victimes potentielles du médecin, arrêté en 2017, sont concernées par une deuxième procédure. 

 


En Nouvelle-Calédonie, situation «plus calme» mais vie quotidienne difficile

Des personnes font la queue pour acheter des provisions dans un supermarché alors que des articles carbonisés précédemment incendiés sont visibles à la suite des troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur AFP)
Des personnes font la queue pour acheter des provisions dans un supermarché alors que des articles carbonisés précédemment incendiés sont visibles à la suite des troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur AFP)
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  • Vendredi en fin de soirée, l'arrivée de 1.000 renforts supplémentaires, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises pour reprendre le contrôle de la situation
  • Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel

NOUMÉA, France : La vie quotidienne des Néo-Calédoniens devient de plus en plus difficile samedi, malgré une situation «plus calme» sur la majeure partie de l'archipel français du Pacifique Sud, au sixième jour des émeutes causées par une réforme électorale qui a provoqué la colère des indépendantistes.

Vendredi en fin de soirée, l'arrivée de 1.000 renforts supplémentaires, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises pour reprendre le contrôle de la situation.

Mais pour les habitants, les dégâts de plus en plus étendus compliquent le ravitaillement dans les commerces, ainsi que le fonctionnement des services publics, notamment de santé.

Le danger subsiste par ailleurs dans les quartiers où les émeutiers sont les plus nombreux et les mieux organisés.

Dans l'un d'eux, la Vallée du Tir à Nouméa, un motard s'est tué vendredi en fin d'après-midi dans un accident de la route en heurtant une épave de voiture, selon le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a appelé lors d'une conférence de presse à cesser barrages et barricades.

«On est en train de s'entretuer et on ne peut pas continuer comme ça», a déclaré Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement chargé de la fonction publique.

«Des gens meurent déjà non pas à cause des conflits armés, mais parce qu'ils n'ont pas accès aux soins, pas accès à l'alimentation», a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a aussi recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel.

Les autorités françaises espèrent que l'état d'urgence en vigueur depuis jeudi va continuer à faire reculer les violences, qui ont débuté lundi après une mobilisation contre une réforme électorale contestée par les représentants du peuple autochtone kanak.

Depuis, la crise qui frappe ce territoire colonisé par la France au XIXe siècle a fait cinq morts, dont deux gendarmes et trois civils kanaks, et des centaines de blessés au cours de violentes nuit d'émeutes. En réponse, le gouvernement a envoyé des renforts policiers, interdit TikTok - réseau social prisé des émeutiers -, et déployé des militaires.

- Strict minimum -

Devant les rares magasins de Nouméa qui n'ont pas été ravagés par les flammes ou pillés, les files d'attente restaient très longues samedi.

«Cela fait plus de trois heures qu'on est là», soupirait Kenzo, 17 ans, en quête de riz et de pâtes.

Selon la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie, les violences ont «anéanti» 80% à 90% de la chaîne de distribution commerciale de la ville.

Le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a promis la mobilisation de l'Etat pour «organiser l'acheminement des produits de première nécessité» et un «pont aérien» entre la métropole et son archipel, séparés de plus de 16.000 km.

De son côté, un responsable de l'hôpital de Nouméa, Thierry de Greslan, s'est alarmé de la dégradation de la situation sanitaire. «Trois ou quatre personnes seraient décédées hier (jeudi) par manque d'accessibilité aux soins», en raison notamment de barrages érigés dans la ville, a-t-il avancé sur la radio France Info.

Face à la «gravité» de la situation et afin «de répondre aux besoins sanitaires de la population», l'Etablissement français du sang (EFS) a annoncé vendredi l'envoi de produits sanguins.

- «Grande fermeté» -

A Paris, le ministre de la Justice a demandé au parquet «la plus grande fermeté à l'encontre des auteurs des exactions». Eric Dupond-Moretti a aussi indiqué qu'il envisageait de transférer les «criminels» arrêtés sur le «Caillou» en métropole «pour ne pas qu'il y ait de contaminations (...) des esprits les plus fragiles».

Parallèlement, la justice française a ouvert une enquête sur «les commanditaires» des émeutes, ciblant notamment le collectif CCAT (Cellule de coordination des action de terrain), frange la plus radicale des indépendantistes, déjà mis en cause par le gouvernement.

«J'ai décidé d'ouvrir une enquête visant notamment des faits susceptibles de concerner des commanditaires», parmi lesquels «certains membres de la CCAT», a déclaré le procureur Yves Dupas, pointant «ceux qui ont instrumentalisé certains jeunes dans une spirale de radicalisation violente». Au total, depuis dimanche, 163 personnes ont été placées en garde à vue, dont 26 ont été déférées devant la justice, selon le parquet.

Jeudi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait qualifié la CCAT d'organisation «mafieuse».

Vendredi, ce collectif a demandé «un temps d'apaisement pour enrayer l'escalade de la violence». Sur la radio RFI, un de ses membres, Rock Haocas, a assuré que son organisation «n'a pas appelé à la violence», attribuant ces émeutes à une «population majoritairement kanak marginalisée».

Sur le front politique, après l'annulation d'une visioconférence avec tous les élus calédoniens jeudi, le président français Emmanuel Macron a commencé vendredi à avoir des échanges avec certains d'entre eux mais son service de communication a refusé d'en dire plus.

Présentée par son gouvernement, la réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales sur l'archipel. Les partisans de l'indépendance estiment que cette modification risque de réduire leur poids électoral.

Paris a par ailleurs détaillé ses accusations portées contre l'Azerbaïdjan «d'ingérences» en Nouvelle-Calédonie, archipel stratégique pour la France qui veut renforcer son influence en Asie Pacifique et de part ses riches ressources en nickel.

Paris a évoqué une «propagation massive et coordonnée» de contenus relayés par des comptes liés à Bakou et accusant la police française de tirer sur des manifestants indépendantistes.

 

 


Rouen: un homme armé tentant de mettre le feu à une synagogue tué par la police

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
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  • Selon une source proche du dossier, l'homme était armé «d'un couteau et d'une barre de fer»
  • «Il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé», a précisé le procureur

ROUEN: Des policiers ont abattu vendredi matin un homme armé notamment d'un couteau qui tentait de mettre le feu à une synagogue à Rouen et les menaçait, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Vers 6h45, les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", située rue des Bons enfants dans le centre historique de Rouen, a détaillé une source policière à l'AFP.

"Un individu a mis le feu à la synagogue de Rouen. Il aurait pris à partie les policiers et les pompiers", a pour sa part indiqué à l'AFP le procureur de Rouen, Frédéric Teillet.

Selon une source proche du dossier, l'homme était armé "d'un couteau et d'une barre de fer".

"Ensuite, il aurait menacé un policier d’un couteau et ce dernier a fait usage de son arme et l’individu est décédé", a précisé le procureur.

Une première enquête a été ouverte pour "incendie volontaire" visant un lieu de culte, "violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique confiée à la DGPN, a fait savoir le parquet.

Un autre enquête a été ouverte sur les circonstances du décès de l'individu armé pour "violences volontaires avec armes ayant entrainé la mort sans intention de la donner", confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", a écrit M. Darmanin sur X.

L'homme abattu par les forces de l'ordre n'a pas été immédiatement identifié, a-t-on précisé de source policière.

Sollicité par l'AFP, le Parquet national antiterroriste indique être en train d'évaluer s'il se saisit du dossier.

De nombreux pompiers et policiers étaient déployés sur place vendredi matin, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Sous le choc»

Selon le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, les pompiers maîtrisaient vendredi matin le départ de feu et il n'y aurait "pas d'autres victimes que l'individu armé".

"A travers cette agression et cette tentative d'incendie de la synagogue de Rouen, ce n'est pas seulement la communauté israélite qui est touchée. C'est toute la ville de Rouen qui est meurtrie et sous le choc", a réagi  le maire sur X.

"Tenter de brûler une synagogue, c'est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays. Combattre l'antisémitisme, c'est défendre la République", a affirmé sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi.

Gérald Darmanin avait demandé le 14 avril dernier aux préfets de renforcer la sécurité devant les lieux de culte juifs ainsi que devant les écoles confessionnelles, au lendemain de l'attaque menée par l'Iran contre Israël.

Les opérations militaires lancées par l'Etat hébreu contre la bande de Gaza, qui ont causé la mort de plus de 35.000 personnes, en représailles à l'attaque des combattants du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier ont provoqué une forte hausse des actes d'antisémitisme en France.

Début mai, le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé que "366 faits antisémites" avaient été enregistrés au premier trimestre 2024, soit "une hausse de 300% par rapport aux trois premiers mois de l'année 2023".

Face à cette hausse, "pas un acte ne doit rester impuni, pas un antisémite ne doit avoir l'âme tranquille", avait affirmé le chef du gouvernement en promettant de "faire preuve d'une fermeté exemplaire à chaque acte".


Des Français musulmans s'exilent à l'étranger, fuyant la « morosité ambiante »

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
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  • Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ
  • Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre

PARIS: Après avoir échoué à 50 entretiens d'embauche pour un job de consultant, en dépit de ses qualifications et diplômes, Adam, Français de confession musulmane, a fait ses valises pour commencer une nouvelle vie à Dubaï.

"Je me sens beaucoup mieux ici qu'en France", estime désormais ce trentenaire d'origine nord-africaine.

"Ici on est tous égaux. On peut avoir comme patron une personne indienne, une personne arabe, un Français", témoigne-t-il à l'AFP, ajoutant que sa religion est "plus acceptée".

Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ dans des villes telles que Londres, New York, Montréal ou Dubaï.

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes".

En France, "vous devez faire deux fois plus d'efforts quand vous venez de certaines minorités", reprend Adam, qui ne donne pas son nom de famille, comme tous ceux interrogés par l'AFP.

Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre.

'Plafond de verre'

La France, ancienne puissance coloniale et pays d'immigration, compte une importante population d'origine maghrébine et africaine.

Les enfants d'immigrés venus chercher une vie meilleure ou appelés à constituer une main d'oeuvre bon marché dans les années 60 sont Français. Mais nombre d'entre eux se sentent étrangers dans leur propre pays, considérés comme des "citoyens de seconde zone". En particulier depuis les attentats jihadistes de 2015 en France.

"Le climat en France s’est largement dégradé. En tant que musulman on est pointé du doigt", estime sous couvert de l'anonymat un banquier franco-algérien de trente ans, qui s'apprête à quitter son pays en juin, direction Dubaï.

Il évoque notamment certaines chaînes d'info et éditorialistes assimilant tous les musulmans à des extrémistes religieux ou des fauteurs de troubles.

Ce fils d'une femme de ménage algérienne, titulaire de deux masters, estime en outre s'être heurté à un "plafond de verre" dans son parcours professionnel en France.

En France, les statistiques ethniques et religieuses sont interdites. Mais de nombreuses enquêtes documentent depuis des années les discriminations frappant les personnes d'origine immigrée dans la recherche d'emploi, de logement, les contrôles policiers...

Un candidat au nom français a près de 50% de chances supplémentaires d’être rappelé par un employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin, rappelle ainsi l'Observatoire des inégalités dans son rapport 2023.

'Morosité'

Le rapport très particulier de la France à la laïcité, les polémiques récurrentes sur le voile musulman, provoquent aussi le malaise chez certains.

"Il y a une vraie spécificité française sur cette question. Dans notre pays, une femme qui porte le voile est reléguée à la marge de la société et il lui est notamment très difficile de trouver un emploi. Des femmes portant le hidjab qui veulent travailler sont donc assez logiquement amenées à quitter la France", explique Olivier Esteves, l'un des auteurs de l'étude, au Monde.

"On étouffe en France", raconte à l'AFP un Français de 33 ans d'origine marocaine, qui s'apprête à émigrer en Asie du sud-est avec sa femme enceinte, "pour vivre dans une société plus apaisée et où les communautés savent vivre ensemble".

Cet employé dans la tech veut fuir "la morosité ambiante" et les "humiliations" du quotidien liées à son patronyme et ses origines.

"On me demande encore aujourd’hui ce que je fais dans ma résidence", où il vit depuis plusieurs années. "Et c’est pareil pour ma mère quand elle me visite. Mais ma femme qui est blanche de peau n’a jamais eu cette question", raconte-t-il.

"Cette humiliation constante est d’autant plus frustrante que je contribue net à cette société en faisant partie des hauts revenus qui paient plein pot", s'insurge-t-il.

Paradoxalement, la société française est pourtant "plus ouverte qu'il y a vingt ans" et "le racisme recule", souligne le dernier rapport annuel de l'Observatoire des inégalités, notant que 60% des Français déclarent n'être "pas du tout racistes", soit deux fois plus qu'il y a 20 ans.

Et la part de ceux qui pensent qu’il y a des "races supérieures à d’autres" a été divisée par trois, de 14% à 5%.