TUNIS: Nabil Ammar, le nouveau ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger depuis février 2023, est en train de transformer radicalement la diplomatie tunisienne, conformément aux nouvelles orientations de la politique étrangère fixées par le président de la république.
Révolution. C’est le mot qui viendrait à l’esprit pour décrire le changement profond que connaît la diplomatie tunisienne depuis l’arrivée de M. Ammar aux commandes de ce ministère, le 7 février 2023. Le treizième patron de la diplomatie depuis la chute du régime Ben Ali, le 14 janvier 2011, mène depuis une transformation totale de son département, tant au niveau des hommes que des orientations.
Des hommes, Nabil Ammar a commencé par en licencier un grand nombre et par les remplacer par d’autres. Les changements ont concerné des postes d’ambassadeurs, de chargés de mission, de directeurs généraux et de directeurs.
Entamés moins d’un mois après la prise de fonction du nouveau ministre, ces mouvements se poursuivent alors que M. Ammar a bouclé son onzième mois à ce poste.
Orientations de la politique étrangère
Les orientations de la politique étrangère définies par le président de la république entraînent un changement tout aussi radical, ce qui se reflète dans les prises de position et le discours de la diplomatie tunisienne.
Jusqu'au 25 juillet 2021, il n'y avait aucun indice laissant penser que Kaïs Saïed envisagerait de modifier les orientations de la politique étrangère de son pays. Cependant, peu de temps après le coup de force par lequel le président tunisien a écarté du pouvoir la coalition dirigée par le mouvement islamiste Ennahdha, les États-Unis et l'Union européenne ont commencé à critiquer sa gestion du pays. En réaction, le chef de l’État tunisien a depuis menacé de prendre ses distances avec les pays occidentaux et même de leur tourner le dos au profit d’une proximité plus marquée avec la Chine et la Russie.
Faisant siennes les orientations tracées par Kaïs Saïed, Nabil Ammar est en train de les appliquer à la lettre; il le clame haut et fort, tant en Tunisie qu’à l’étranger.
Que le président de la république reçoive Nabil Ammar fréquemment – à cinq reprises durant le mois d’octobre 2023 – signifie que le locataire du palais présidentiel de Carthage est pleinement satisfait de son chef de la diplomatie. L’année dernière, à la même époque, Othman Jerandi, l’ancien chef de la diplomatie, limogé probablement pour n’avoir pas su ou voulu se mettre au diapason du président, n’a eu droit qu’à une audience avec ce dernier.
Faisant siennes les orientations tracées par Kaïs Saïed, M. Ammar est en train de les appliquer à la lettre. Et il le clame haut et fort, tant en Tunisie qu’à l’étranger.
Lors de sa première rencontre en neuf mois avec les représentants des médias nationaux, le 14 novembre 2023, il a mis en exergue «les efforts déployés par le ministère et ses initiatives visant à donner une nouvelle dynamique au travail diplomatique dans le cadre de la détermination à mettre en œuvre la politique étrangère définie par le président de la république».
Nabil Ammar a également insisté sur le fait «que la Tunisie traite avec tous ses partenaires, sans discrimination ni alignement, de manière amicale et respectueuse et elle demeure toujours prête à coordonner ses positions avec les pays voisins et son environnement régional». Il a ajouté qu’elle «n'accepte pas de surenchères sur ses positions nationales et n'interfère jamais dans les décisions des autres pays». Sous-entendu: elle ne veut pas qu’on se mêle des siennes.