RSF: baisse du nombre de journalistes tués en 2023, malgré l'hécatombe au Proche-Orient

Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) Christophe Deloire (à droite), le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi (3e à droite) et son épouse Aleksandra Mostovaja (2e à droite) assistent à une conférence de presse au bureau de Reporters sans frontières à Paris, le 23 octobre 2023. (AFP).
Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) Christophe Deloire (à droite), le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi (3e à droite) et son épouse Aleksandra Mostovaja (2e à droite) assistent à une conférence de presse au bureau de Reporters sans frontières à Paris, le 23 octobre 2023. (AFP).
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Publié le Jeudi 14 décembre 2023

RSF: baisse du nombre de journalistes tués en 2023, malgré l'hécatombe au Proche-Orient

  • Il faut remonter à plus de 20 ans pour trouver un total plus bas que cette année
  • "Cela ne réduit en rien la tragédie à Gaza mais on observe une baisse régulière, très loin des plus de 140 journalistes tués en 2012, puis en 2013", principalement en raison des guerres en Syrie et en Irak

PARIS: Constat paradoxal: alors que le conflit entre Israël et le Hamas s'avère particulièrement meurtrier pour les journalistes, 17 d'entre eux y ayant perdu la vie en faisant leur métier, le nombre global de reporters tués dans le monde n'a jamais été aussi bas depuis 2002, selon RSF.

En 2023, 45 journalistes ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions, contre 61 l'an passé, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières, publié jeudi.

Il faut remonter à plus de 20 ans pour trouver un total plus bas que cette année (33 en 2002), où plus du tiers des pertes est lié au conflit au Proche-Orient, dont 13 rien qu'à Gaza.

"Cela ne réduit en rien la tragédie à Gaza mais on observe une baisse régulière, très loin des plus de 140 journalistes tués en 2012, puis en 2013", principalement en raison des guerres en Syrie et en Irak, explique à l'AFP le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.

Lutte contre l'impunité, "travail des organisations intergouvernementales, des ONG, des médias eux-mêmes" ou "plus grande prudence"... Les causes sont multiples et "se discutent", selon lui.

Le décompte mondial, arrêté au 1er décembre, "ne comprend pas les journalistes tués en dehors de leurs fonctions, ceux qui n'ont pas été tués en tant que tels, ni ceux dont les circonstances de la mort demeurent inconnues", précise Reporters sans frontières.

« Crimes de guerre »

L'organisation recense au total "63 journalistes tués" au Proche-Orient depuis le début du conflit Israël-Hamas le 7 octobre, en lien ou pas avec leur profession.

Dans le détail, outre les 13 journalistes ayant péri "sous des tirs israéliens" à Gaza, selon RSF, cette guerre a causé la mort de trois journalistes en exercice au Liban et d'un autre en Israël, tué par le Hamas.

En novembre, RSF a déposé une plainte devant la Cour pénale internationale pour "crimes de guerre" commis contre les journalistes à Gaza et contre le journaliste israélien.

Une enquête de l'AFP, publiée la semaine dernière, sur le bombardement qui a tué dans le sud du Liban le 13 octobre un journaliste vidéo de l'agence Reuters, Issam Abdallah, et en a blessé six autres, dont la photographe de l'AFP Christina Assi, grièvement atteinte, désigne un obus de char israélien.

Interrogé sur ce sujet, un porte-parole de l'armée israélienne avait souligné que le lieu où se trouvaient les journalistes était "une zone de combat active".

Des explications "pas satisfaisantes", selon Christophe Deloire, qui estime qu'"il y a beaucoup d'éléments pour qu'Israël soit mis face à ses responsabilités".

Le conflit en Ukraine a, quant à lui, coûté la vie à deux journalistes en 2023, dont le reporter de l'AFP Arman Soldin, "seul journaliste à avoir perdu la vie dans un autre pays que le sien" cette année, sur un total de 11 depuis l'invasion russe de février 2022.

« Autocensure » au Mexique 

Le bilan global 2023 se distingue par la "baisse notable" de morts en Amérique latine avec six journalistes tués, contre 26 en 2022.

Le Mexique, zone la plus meurtrière pour la profession derrière Gaza, en compte quatre en 2023, contre 11 l'année précédente. Mais cela ne signifie pas que la sécurité s'y améliore pour la presse, "comme le démontrent les trois enlèvements de reporters et les attaques armées contre quatre journalistes en fin d'année 2023", note le rapport.

"Compte tenu du nombre record de violences enregistrées en 2022, un certain nombre de journalistes calculent plus systématiquement les risques auxquels ils sont exposés, ce qui implique davantage d'autocensure et la prolifération, dans la zone, de trous noirs de l'information", ajoute RSF.

D'ailleurs, sur un total de 84 journalistes portés disparus, près d'un sur trois est mexicain, relève l'ONG.

Le nombre de journalistes détenus dans le monde s'élève quant à lui à 521, contre 569 en 2022, le Bélarus devenant "l'une des trois plus grandes prisons du monde avec la Chine et la Birmanie", tandis que la Turquie et l'Iran pratiquent les emprisonnements à répétition.

Enfin, 54 journalistes sont retenus otages, contre 65 en 2022.


Pakistan: arrivée des premiers cercueils après une spectaculaire prise d'otages

Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés. (AFP)
Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés. (AFP)
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  • Le Jaffar Express, parti pour rallier Peshawar plus au nord en 30 heures, avait à son bord environ 450 passagers, des civils et des militaires en permission, qui ont été surpris par l'explosion qui a fait sauter les rails sous la locomotive
  • Ont débuté plus de 30 heures de combats entre séparatistes qui avaient pris des passagers en otage, sur la base de leur profession ou de leur ethnie selon des témoignages de rescapés, et les forces de sécurité, déployées au sol et dans les airs

MACH: Au moins 25 dépouilles ont été ramenées jeudi dans la région du Baloutchistan au Pakistan, les premières retrouvées sur les lieux de la spectaculaire prise d'otages dans un train qui a tenu le pays en haleine durant deux jours.

A bord d'un train, les 25 cercueils sont entrés en gare de Mach, devenue hôpital de campagne et centre de crise improvisé depuis que l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA), principal groupe séparatiste de cette province du sud-ouest, s'est emparée d'un train mardi.

Le Jaffar Express, parti pour rallier Peshawar plus au nord en 30 heures, avait à son bord environ 450 passagers, des civils et des militaires en permission, qui ont été surpris par l'explosion qui a fait sauter les rails sous la locomotive.

Ont débuté plus de 30 heures de combats entre séparatistes qui avaient pris des passagers en otage, sur la base de leur profession ou de leur ethnie selon des témoignages de rescapés, et les forces de sécurité, déployées au sol et dans les airs.

Mercredi soir, les autorités ont annoncé avoir libéré plus de 340 passagers et évoqué des victimes, mais les bilans diffèrent selon les sources qui ne parviennent pas au nombre de passagers annoncés à bord.

L'armée a déclaré dans un communiqué que "21 otages innocents" avaient été tués par leurs ravisseurs et que quatre soldats étaient morts lors des opérations de sauvetage.

Mais un haut-gradé avait auparavant rapporté à l'AFP un bilan plus élevé: 27 soldats tués alors qu'ils étaient otages à bord du train et un autre tué dans les combats contre les séparatistes.

Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés.

Les 25 cercueils renferment les corps de "19 passagers membres de l'armée, un policier, un responsable ferroviaire et quatre corps restent à identifier", a-t-il dit.

Ce décompte a été confirmé à l'AFP par un gradé participant aux opérations de transfert des dépouilles.

Les autorités assurent en outre que les "33 terroristes" impliqués dans la prise d'otages ont été tués.

Tout au long de l'attaque de la BLA, d'une ampleur inédite, les passagers ayant réussi à échapper à leurs ravisseurs ont raconté les uns après les autres avoir vu nombre de leurs compagnons de route abattus par les assaillants montés dans le train.

Mercredi en fin de journée, après des heures de marche puis de train, onze d'entre eux qui étaient parvenus à échapper à la vigilance de leurs ravisseurs sont arrivés à Quetta, la capitale de la région aux confins de l'Iran et de l'Afghanistan.

"Suppliaient de les épargner" 

Toute la nuit, "ils ont abattu beaucoup de gens (...) certains les suppliaient de les épargner au nom de Dieu", a raconté à l'AFP Mohammed Navid, précisant que les victimes étaient "des Pendjabis et des Sairakis", deux ethnies issues d'autres provinces.

Mercredi matin, dit-il, "ils ont relâché leur attention, ils pensaient qu'on n'oserait pas partir" mais "on s'est échappés et ils nous ont tiré dessus dans le dos".

Ils ont d'abord "pris les femmes à part, leur disant de fuir" et ont "épargné les personnes âgées", avant de désigner des passagers et de les tuer, abonde Noumane Ahmed, un autre rescapé.

Des responsables locaux ont annoncé que les recherches de corps se poursuivaient sur le site de l'attaque et les autorités avaient en prévision envoyé une centaine de cercueils à Quetta.

Le bureau du Premier ministre Shehbaz Sharif a annoncé qu'il se rendrait au Baloutchistan jeudi pour "dire sa solidarité aux habitants", auxquels il ne s'est jusqu'ici pas adressé.

Le Baloutchistan, malgré ses réserves d'hydrocarbures et de minerais, est la province la plus pauvre du Pakistan.

La minorité baloutche ne cesse de réclamer sa part des richesses générées par l'exploitation du sous-sol et les immenses projets chinois comme les flambant neufs aéroport et port de Gwadar.


Ethiopie: au Tigré, l'administration intérimaire demande «l'assistance» du gouvernement

Addis Abeba doit "apporter une assistance nécessaire", a exhorté dans un communiqué l'administration intérimaire tigréenne, sans donner plus de détails sur la forme de cette assistance. (AFP)
Addis Abeba doit "apporter une assistance nécessaire", a exhorté dans un communiqué l'administration intérimaire tigréenne, sans donner plus de détails sur la forme de cette assistance. (AFP)
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  • Après un accord de paix signé à Pretoria, un haut cadre du TPLF, Getachew Reda, a été placé à la tête d'une administration intérimaire par Addis Abeba
  • Mais en raison de retards dans la mise en place de cet accord, M. Getachew est de plus en plus marginalisé, et vivement critiqué par le numéro 1 du TPLF et ancien président de la région, Debretsion Gebremichael

ADDIS ABEBA: L'administration intérimaire du Tigré, région troublée du nord de l'Ethiopie, a demandé mercredi "l'assistance" des autorités fédérales d'Addis Abeba, sur fond de tensions croissantes avec une faction du puissant parti local, qui font craindre une spirale de violences.

Entre fin 2020 et fin 2022, une guerre meurtrière a opposé l'armée fédérale éthiopienne aux dirigeants de cette région gouvernée de longue date par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Après un accord de paix signé à Pretoria, un haut cadre du TPLF, Getachew Reda, a été placé à la tête d'une administration intérimaire par Addis Abeba.

Mais en raison de retards dans la mise en place de cet accord, M. Getachew est de plus en plus marginalisé, et vivement critiqué par le numéro 1 du TPLF et ancien président de la région, Debretsion Gebremichael.

Ces divisions au sein du parti ont ravivé les craintes d'une résurgence de violences au Tigré.

Addis Abeba doit "apporter une assistance nécessaire", a exhorté dans un communiqué l'administration intérimaire tigréenne, sans donner plus de détails sur la forme de cette assistance.

Cette situation "plonge la population du Tigré dans une nouvelle vague de destruction", met aussi en garde le texte.

Le communiqué dénonce également "ceux qui opèrent sous couvert de forces de sécurité", affirmant qu'ils "sont des agents d'un groupe arriéré et criminel", une référence à une récente passe d'armes.

Fin janvier, Getachew Reda avait accusé des militaires locaux des Forces de défense du Tigré (TDF) de se livrer "à un coup d'Etat" après que ces derniers avaient accusé son administration de "trahisons".

M. Getachew avait ensuite annoncé le renvoi de plusieurs membres des TDF. Mais cette décision a été invalidée par Debretsion Gebremichael, qui n'a plus de rôle officiel en dehors du parti mais reste influent.

Interrogées, les autorités fédérales n'ont pour l'heure pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

De son côté, un proche de M. Debretsion, Wondimu Asamnew, a déclaré à l'AFP qu'une assistance d'Addis Abeba n'était "pas du tout la solution".

"La solution est de s'asseoir autour de la table pour éviter que la situation ne s'envenime, mais cela ressemble à la fin de la présidence de Getachew Reda", a-t-il poursuivi.

Début février, le Premier ministre Abiy Ahmed a déploré que les Tigréens "vivent toujours dans la peur et la terreur face aux rumeurs de la guerre".

La guerre qui a fait rage pendant deux ans au Tigré a fait au moins 600.000 morts, dans une région qui compte environ 6 millions d'habitants, selon l'Union africaine.

 


Le Canada allège les sanctions contre la Syrie et nomme une ambassadrice

Des personnes scandent des slogans lors d'un rassemblement appelé par des militants syriens et des représentants de la société civile "pour pleurer les victimes civiles et le personnel de sécurité", sur la place al-Marjeh à Damas, le 9 mars 2025. (AFP)
Des personnes scandent des slogans lors d'un rassemblement appelé par des militants syriens et des représentants de la société civile "pour pleurer les victimes civiles et le personnel de sécurité", sur la place al-Marjeh à Damas, le 9 mars 2025. (AFP)
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  • Le Canada a annoncé mercredi son intention d'alléger ses sanctions financières à l'encontre de la Syrie et de nommer une ambassadrice
  • L'ambassadrice du Canada au Liban, Stefanie McCollum, assumera désormais aussi une fonction d'ambassadrice non-résidente en Syrie

OTTAWA: Le Canada a annoncé mercredi son intention d'alléger ses sanctions financières à l'encontre de la Syrie et de nommer une ambassadrice, alors que le gouvernement intérimaire de Damas cherche un soutien international.

"Le Canada réaffirme son engagement à soutenir une transition politique pacifique et inclusive qui est dirigée par la Syrie", a déclaré l'envoyé spécial du Canada pour la Syrie, Omar Alghabra, assurant "vouloir aider le pays à ne pas sombrer dans le chaos et l'instabilité".

Les sanctions contre le pays seront assouplies "pour permettre l'envoi de fonds par l'intermédiaire de certaines banques du pays, telles que la banque centrale de Syrie", précise un communiqué du ministère canadien des Affaires étrangères.

L'ambassadrice du Canada au Liban, Stefanie McCollum, assumera désormais aussi une fonction d'ambassadrice non-résidente en Syrie.

Le Canada, comme de nombreux autres pays, avait imposé de lourdes sanctions au gouvernement de l'ex-président Bachar al-Assad et à des pans entiers de l'économie syrienne durant la guerre civile déclenchée en 2011.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale de ces sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.

"Ces sanctions ont été utilisées comme un outil contre le régime d'Assad et leur assouplissement permettra de délivrer de l'aide, soutenir les efforts de redéveloppement local et contribuer à une reconstruction rapide de la Syrie", indique le communiqué.

L'Union européenne avait aussi annoncé fin février la suspension de sanctions visant des secteurs économiques clés en Syrie pour aider la reconstruction et accompagner la transition. Mais la situation reste très fragile.

Le président par intérim Ahmad al-Chareh, qui dirigeait le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) avant de prendre le pouvoir en décembre, s'est engagé à protéger les minorités religieuses et ethniques de la Syrie, mais près de 1.400 civils ont été tués depuis le 6 mars, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Nous condamnons fermement ces atrocités et demandons aux autorités intérimaires de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à la violence", a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères dans le même communiqué.

"Les civils doivent être protégés, la dignité et les droits humains de tous les groupes religieux et ethniques doivent être respectés et les auteurs de ces actes doivent être tenus responsables".