Gaza: Le conflit entre dans sa phase la plus meurtrière, le Hezbollah à la croisée des chemins

Une unité d'artillerie israélienne tire depuis une position en Haute Galilée dans le nord d'Israël vers le sud du Liban le 11 décembre 2023, dans un contexte de tensions transfrontalières croissantes avec les militants du Hezbollah (Photo, AFP).
Une unité d'artillerie israélienne tire depuis une position en Haute Galilée dans le nord d'Israël vers le sud du Liban le 11 décembre 2023, dans un contexte de tensions transfrontalières croissantes avec les militants du Hezbollah (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 14 décembre 2023

Gaza: Le conflit entre dans sa phase la plus meurtrière, le Hezbollah à la croisée des chemins

  • La milice libanaise est confrontée à un dilemme difficile: assister à la destruction du Hamas depuis les coulisses ou risquer de déclencher une guerre régionale
  • Les analystes sont divisés sur la question de savoir si Israël a les moyens ou le soutien international pour s'attaquer au Hezbollah une fois qu'il en aura fini avec le Hamas

DUBAI: Depuis que les combats entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas ont éclaté le 7 octobre, Washington et ses alliés européens ont cherché à contenir le conflit et à éviter qu'il ne s'étende à l'ensemble de la région.

Dès qu'Israël a lancé son assaut militaire sur la bande de Gaza – d'où le Hamas a lancé une attaque sans précédent sur le sud d'Israël – le Hezbollah libanais a lancé sa propre campagne de frappes transfrontalières. Cela a contrarié les efforts des forces de maintien de la paix des Nations unies, stationnées le long de la Ligne bleue séparant Israël et le Liban, pour apaiser les tensions.

En tant que force beaucoup plus puissante que le Hamas, ayant accès à une technologie sophistiquée de drones et de missiles fournie par l'Iran, tout conflit à grande échelle impliquant le Hezbollah serait probablement beaucoup plus destructeur pour Israël.

De la fumée s'élève à l'horizon le long des collines du sud du Liban suite aux bombardements israéliens, le 10 décembre 2023 (Photo, AFP).

Les forces de défense israéliennes (FDI) ont répondu aux attaques du Hezbollah par des frappes aériennes, des drones et des tirs d'artillerie sur le Liban-Sud, faisant 120 morts, pour la plupart des combattants du Hezbollah. Israël a quant à lui déploré 10 victimes, dont six soldats.

Bien que les échanges soient les plus violents depuis la guerre de trente jours de 2006, les deux parties ont évité les affrontements directs et les incursions qui pourraient entraîner une grave escalade.

EN CHIFFRES

100 000 combattants à la disposition du Hezbollah en octobre 2021.

150 000 roquettes et missiles dans l'arsenal de guerre du Hezbollah.

100 000 soldats israéliens déployés à la frontière nord.

100 000 civils évacués du nord d'Israël.

Les députés du gouvernement intérimaire libanais et l'ensemble de la population n'ont guère envie d'une guerre avec Israël, d'autant plus que le pays est aux prises avec la pire crise économique de son histoire.

«Croyez-moi quand je vous dis que nos cœurs saignent pour Gaza, mais nous ne pouvons pas supporter une autre guerre sur notre propre sol», a déclaré à Arab News, Ali Abdallah, un citoyen libanais de 37 ans qui est sans emploi.

«Les nécessités sont devenues des luxes pour beaucoup d'entre nous. Entraîner le Liban, dans son état actuel, dans une nouvelle guerre serait insensible. Comment pouvons-nous répondre à un appel aux armes avec l'estomac vide?», a-t-il expliqué.

L'hésitation du Hezbollah à se lancer dans une guerre totale est aussi en partie le résultat de la pression militaire et diplomatique soutenue de l'Occident.

Depuis octobre, les États-Unis ont stationné deux porte-avions d'attaque et un sous-marin nucléaire en Méditerranée orientale et dans le Golfe afin de dissuader le Hezbollah et d'autres groupes sympathisants du Hamas.

Amos Hochstein, assistant adjoint du président américain, Joe Biden, et conseiller principal pour l'énergie et l'investissement, s'est rendu au Liban en novembre pour mettre en garde les autorités libanaises et le Hezbollah contre une escalade du conflit.

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a déclaré que le principal objectif des attaques de sa milice contre Israël était d’épuiser les ressources militaires des FDI qui auraient autrement été utilisées à Gaza.

Mais alors qu'il assiste à la destruction du Hamas en tant qu'organisation militaire, ses combattants doivent faire un choix difficile: rester les bras croisés et assister au démantèlement de la branche gazaouie de ce qu'on appelle l'axe de la résistance, soutenu par l'Iran, ou se ranger aux côtés du Hamas pour essayer de le sauver.

Des combattants du Hezbollah et des sympathisants du parti regardent Hassan Nasrallah, le chef du mouvement musulman chiite libanais, prononcer un discours télévisé sur un grand écran dans une salle à Beyrouth, le 11 novembre 2023 (Photo, AFP).

«Je pense qu'ils ne le feraient pas. Ils resteraient sur la touche», a déclaré précédemment à Arab News, Firas Maksad, chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient. «Le Hezbollah et l'Iran préfèrent tous deux éviter une confrontation directe plus importante avec Israël», a-t-il précisé.

Maksad et d'autres analystes estiment qu'en tant que première ligne de dissuasion et de défense du régime iranien et de son programme nucléaire si Israël décide de frapper, le Hezbollah ne va pas perdre son temps à sauver le Hamas.

Néanmoins, alors que les FDI encerclent les derniers bastions du Hamas à Gaza et continuent de frapper des cibles au Liban et en Syrie, la probabilité d'une flambée régionale reste forte.

Des soldats israéliens prennent position près de la frontière de la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 11 décembre 2023, alors que la guerre avec les militants palestiniens se poursuit (Photo, AP).

Les analystes de la défense affirment que le Hezbollah a massé une grande partie de sa force de combat d'élite Radwan à la frontière et qu'il utilise de nouvelles armes. Il s'agit notamment des roquettes à courte portée dites Burkan, qui peuvent transporter plus de 453 kg de matières explosives et qui ont infligé de graves dommages à un avant-poste militaire israélien le mois dernier.

Selon un récent rapport du Wall Street Journal, le Hezbollah possède des armes guidées par GPS capables de frapper l'ensemble du territoire israélien, des missiles SCUD très précis et à charge lourde, ainsi qu'une version du missile mortel Tishreen fabriqué par la Syrie, et de nombreux missiles antichars Kornet équipés de munitions guidées par laser.

Tout cela s'ajoute à un arsenal élargi d'environ 150 000 roquettes.

Des combattants du Hezbollah défilent dans la banlieue sud de Beyrouth, le 14 avril 2023, à l'occasion de la Journée d'Al-Qods (Jérusalem), une commémoration en soutien au peuple palestinien célébrée chaque année le dernier vendredi du mois de jeûne musulman, le Ramadan (Photo, AFP).

La semaine dernière, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a lancé un avertissement selon lequel Beyrouth et le Liban-Sud seraient transformés «en Gaza et Khan Younès» si les combats s'intensifiaient. Les troupes israéliennes et les militants du Hamas se livrent actuellement à des combats meurtriers pour le contrôle de Khan Younès, La deuxième plus grande ville de Gaza.

Selon Meir Javedanfar, conférencier à l'université Reichman de Tel-Aviv, la tolérance israélienne à l'égard des menaces du Hezbollah n'a jamais été aussi faible.

«Benny Gantz, le ministre israélien de la Défense, a informé les Américains qu'Israël voulait que le Hezbollah évacue les zones adjacentes à ses frontières», a révélé Javedanfar à Arab News.

«Cela est conforme à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui stipule qu'ils ne doivent pas se trouver là en premier lieu. C'est l'objectif d'Israël», a-t-il éclairci.

La résolution 1701 est l'accord qui a mis fin à la guerre de 2006. Elle prévoyait «des arrangements de sécurité pour empêcher la reprise des hostilités, notamment l'établissement d'une zone exempte de tous personnels armés, biens et armes autres que ceux du gouvernement libanais et de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), entre la Ligne bleue et le fleuve Litani», a-t-il spécifié.

La présence continue du Hezbollah dans la région pourrait être suffisamment provocante pour que les FDI s'attaquent au groupe une fois qu'elles en auront fini avec le Hamas.

Israël a déployé jusqu'à 100 000 soldats le long de la frontière nord, évacué 60 000 résidents locaux et transformé certaines communautés frontalières en bases militaires en raison de la menace perçue d'une invasion du Hezbollah.

Des soldats israéliens patrouillent au sommet du mont Hermon, près de la frontière avec le Liban, sur le plateau du Golan annexé par Israël, alors que les tensions transfrontalières avec les militants du Hezbollah ne cessent de croître (Photo, AFP).

«Nous avons vu ce qui se passe lorsque le Hamas se trouve à notre frontière», a prévenu Javedanfar. «Cela a conduit à un tel désastre le 7 octobre.»

«Nous sommes face à une nouvelle situation. Le gouvernement israélien va faire pression sur les Américains et d'autres pays pour qu'ils comprennent qu'il ne peut plus s'accommoder d'une présence militaire du Hezbollah à ses frontières.

«Après le 7 octobre, la tolérance à l'égard des menaces du Hezbollah est devenue très faible. Cela pourrait être la semaine prochaine, cela pourrait être dans cinq ans. Qui sait? Mais Israël mettra fin à la menace du Hezbollah», a-t-il affirmé.

Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées au-dessus d'une position située de l'autre côté de la frontière, près du kibboutz Dan, dans le nord d'Israël, le 7 novembre 2023, alors que les tensions transfrontalières entre le Hezbollah et Israël ne cessent de s'aggraver (Photo, AFP).

Les analystes militaires estiment que les services de sécurité israéliens s'étaient convaincus que la menace posée par le Hamas avait été contenue, avant d'être pris au dépourvu par l'attaque du 7 octobre, qui a entraîné la mort de quelque 1 400 personnes, principalement des civils, et la prise de plus de 240 otages.

C'est une erreur que les israéliens ne voudront pas refaire, a indiqué Javedanfar.

«Nous pensons que le Hamas avait changé, qu'il était passé d'une organisation militaire extrémiste à une organisation désireuse de développer l'économie de Gaza et de devenir plus responsable», a-t-il signalé.

«On nous a prouvé que nous avions tort. Toutes ces hypothèses se sont avérées fausses. Nous avons vu les conséquences dévastatrices de notre erreur concernant le Hamas, et maintenant nous posons la même question concernant le Hezbollah. Voulons-nous vivre avec ses menaces à nos frontières? Et ses 150 000 missiles?», a-t-il averti.

«Israël dispose de plus de 300 000 militaires en réserve et est prêt à les utiliser pour dissuader le Hezbollah de s'éloigner de ses frontières», a souligné Javedanfar.

Tzachi Hanegbi, chef du Conseil national de sécurité d'Israël, a récemment déclaré qu'une fois le Hamas vaincu, Israël pourrait devoir entrer en guerre contre le Hezbollah, faute de quoi les citoyens pourraient ne pas vouloir retourner dans les régions du nord.

Bien qu'Israël préfère ne pas mener une guerre sur deux fronts, Hanegbi a déclaré qu'il pourrait devoir «imposer une nouvelle réalité» en ce qui concerne le Hezbollah.

Cependant, tous les analystes ne sont pas convaincus qu'Israël ait les moyens, la volonté ou le soutien international nécessaires pour mener à bien une campagne militaire contre le redoutable Hezbollah.

«Une guerre totale avec le Liban serait un fardeau pour Israël», a indiqué à Arab News, Nadim Shehadi, économiste et chroniqueur libanais. «Ce serait trop coûteux économiquement et psychologiquement pour Israël.»

En fait, Shehadi estime que même la défaite totale du Hamas est hors de portée d'Israël, surtout maintenant que l'opinion publique mondiale se retourne contre les Israéliens. «Ce que le Hamas a réalisé en termes de victoire est en train de détruire même la perception des Israéliens d'eux-mêmes», a-t-il expliqué.

Des soldats israéliens se rassemblent près de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le vendredi 8 décembre 2023 (Photo, AP).

«Deux croyances fondamentales ont été ébranlées. La première était que le gouvernement israélien avait créé un lieu sûr où les Juifs pouvaient être protégés par leur État. Cette croyance s'est effondrée car les citoyens ne se sentent pas en sécurité et fuient la Galilée», a-t-il mentionné.

«La deuxième est que l'armée israélienne est morale, qu'elle respecte le droit international et les règles humanitaires. Ce point s'est également effondré. Le monde et les Israéliens n'y croient plus. Ils sont devenus fous à Gaza», a-t-il ajouté.

Plus de 18 000 personnes ont été tuées à Gaza depuis le 7 octobre, la plupart étant des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

«Il s'agit également de gains pour le Hezbollah», a déclaré Shehadi. «Le Hezbollah observe ce qui se passe actuellement à Gaza.»

Toutefois, Shehadi ne croit pas non plus que le Hezbollah veuille une guerre avec Israël, du moins pas pour le moment.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
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  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.