«Pas des martyrs»: en zones de conflit, la sécurité difficile des humanitaires

Le personnel de l'ONU s'approche d'un Palésinien blessé qui aurait été abattu par les forces israéliennes alors qu'il quittait la ville de Gaza par le district de Zeitoun à son entrée sud pour le transporter dans une ambulance le 25 novembre 2023. (AFP)
Le personnel de l'ONU s'approche d'un Palésinien blessé qui aurait été abattu par les forces israéliennes alors qu'il quittait la ville de Gaza par le district de Zeitoun à son entrée sud pour le transporter dans une ambulance le 25 novembre 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 12 décembre 2023

«Pas des martyrs»: en zones de conflit, la sécurité difficile des humanitaires

  • A Gaza, «le nombre le plus élevé de travailleurs humanitaires de l'ONU tués lors d'un conflit en si peu de temps», selon son secrétaire général Antonio Guterres
  • «Durant la guerre de 14-18, 80% des morts étaient des soldats et le reste, la population. Aujourd'hui, ce chiffre s'est complètement inversé. On est plutôt sur 80% de civils et 20% de soldats»

PARIS: De la Syrie à Gaza, en Afrique noire ou au Sahel, si la priorité des ONG demeure l'aide humanitaire, assurer la sécurité des travailleurs est devenu une préoccupation centrale au regard des dangers croissants qui pèsent sur eux dans ces zones de conflit.

Depuis le début octobre, la guerre entre Israël et le Hamas est meurtrière chez les humanitaires.

A Gaza, trois médecins de Médecins sans frontières (MSF) ont été tués lors d'une frappe sur l'hôpital al-Awda, un urgentiste de Médecins du monde (MDM) est mort avec sa famille dans son immeuble bombardé, des auxiliaires médicaux du Croissant-Rouge tués dans leurs ambulances.

Plus d'une centaine de personnels des Nations unies y ont également péri. "Le nombre le plus élevé de travailleurs humanitaires de l'ONU tués lors d'un conflit en si peu de temps", selon son secrétaire général Antonio Guterres.

Désormais, les risques sur le terrain "dépassent l'entendement", dénonçait en août un rapport de Médecins du Monde, Action contre la faim et Handicap international.

En 2022, 444 humanitaires ont été tués, blessés ou kidnappés dans le monde, selon la base de données britannique Aid Worker Security (AWSD).

Pour Léa Gauthier, chargée de plaidoyer chez MDM, une "ligne rouge" a été franchie avec la guerre en Syrie qui a fait au moins 500.000 morts depuis 2011.

Le droit international humanitaire, instauré en 1949 pour protéger les civils, y a été bafoué selon elle et n'a cessé de l'être dans les conflits qui ont suivi.

Dans ces guerres modernes, "asymétriques", selon Raphaël Pitti, formateur en médecine de guerre au sein de l'ONG Mehad (ex-UOSSM), cette violence est "indiscriminée".

«Cibles»

"Durant la guerre de 14-18, 80% des morts étaient des soldats et le reste, la population. Aujourd'hui, ce chiffre s'est complètement inversé. On est plutôt sur 80% de civils et 20% de soldats", estime-t-il lors d'un entretien avec l'AFP.

Mêlés à la population, les travailleurs humanitaires font les frais de ces attaques lorsqu'ils ne sont pas directement visés.

"Désormais, quand vous aidez dans des zones conquises par des rebelles ou un régime, on peut considérer que vous prenez parti pour l'adversaire", regrette Raphaël Pitti. "En Syrie, les hôpitaux sont également devenus des cibles. Les personnels soignants ont été arrêtés, torturés, tués".

Près de 1.000 d'entre eux sont morts depuis, selon lui.

"Dans certains endroits, comme à Gaza ou en Ethiopie, la famine est utilisée comme une arme de guerre et il n'est pas apprécié que des ONG tentent d'aider les personnes affamées", ajoute Deepmala Mahla, directrice humanitaire mondiale de CARE International.

La complexité des relations diplomatiques ou la convoitise peuvent aussi causer des violences, souligne Léa Gauthier. Au Sahel, les humanitaires sont agressés pour leur argent, leurs médicaments, ou kidnappés pour obtenir une rançon.

D'où l'importance de la "composition des équipes", souligne Michaël Neuman, directeur d'études du Centre de réflexion sur l'action et les savoirs humanitaires (Crash) de MSF.

Au Sahel, l'ONG recrute son personnel localement car il est "difficile d'opérer quand on est Français ou blanc", confie-t-il.

«Exposition grandissante»

Si l'insécurité des humanitaires ne cesse de croître depuis la fin de la Guerre froide, ajoute-t-il, c'est aussi à cause de leur "exposition grandissante" sur le terrain.

L'aide humanitaire s'est "énormément" développée et s'est rapprochée du cœur de la violence. "Avant, MSF travaillait davantage dans les camps de réfugiés, en périphérie", relate-t-il, mais "nous ne sommes pas des martyrs".

Comment protéger ces travailleurs humanitaires? Sur le terrain, Michaël Neuman note l'importance de se rendre "plus utiles vivants que morts" aux yeux des groupes armés, en acceptant par exemple de soigner leurs membres.

Il prône également une analyse approfondie des zones de conflit et une communication "transparente". "Si demain vous êtes envoyé en Syrie, au Yémen ou à Gaza, vous devez avoir conscience des dangers auxquels vous êtes exposé", détaille-t-il.

Plans d'évacuation, voitures en état de marche et outils de communication performants sont autant de moyens nécessaires aux humanitaires pour se protéger.

Deepmala Mahla de CARE, qui a travaillé au Soudan du Sud, en Irak ou en Ouganda, décrit des bâtiments humanitaires désormais équipés de "safe rooms", aux murs hauts, parfois blindés.

"On peine à faire valoir auprès des bailleurs de fonds que les coûts de sécurité sont aussi nécessaires que les autres", déplore toutefois Léa Gauthier de MDM.

"Les guerres ont des règles. Malheureusement, celle d'épargner les populations et les infrastructures civiles n'est plus respectée", résume Deepmala Mahla.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com