NEW YORK: La présidente de l'université d'Harvard, Claudine Gay, sous le feu des critiques pour ses réponses lors d'une audition tendue mardi au Congrès américain sur l'antisémitisme dans les campus, s'est dite "désolée" et a jugé que ses mots avaient "amplifié la détresse et la douleur".
"Je suis désolée (...) les mots comptent", a déclaré jeudi Claudine Gay au site internet du journal étudiant de l'université, The Harvard Crimson.
"Lorsque les mots amplifient la détresse et la douleur, je ne sais pas comment on peut ressentir autre chose que du regret", a-t-elle ajouté dans cet article mis en ligne vendredi.
La présidente de l'université a été très critiquée pour ses réponses aux questions de l'élue républicaine Elise Stefanik, qui a assimilé les appels de certains étudiants à l'"intifada" à une exhortation à "un génocide contre les juifs en Israël et dans le monde".
Lorsque l'élue lui a demandé si "appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ?", Claudine Gay a répondu "cela peut, en fonction du contexte", avant d'ajouter "si c'est dirigé contre une personne". Elle a précisé que "toute rhétorique antisémite, quand elle se transforme en un comportement relevant de l'intimidation et du harcèlement (...) nous prenons des mesures".
"Cela ne dépend pas du contexte, la réponse est oui et c'est pourquoi vous devriez démissionner", lui a lancé à la fin de l'échange l'élue républicaine.
Dès mercredi, la présidente de Harvard avait précisé que l'université ne cautionnait pas "les appels à la violence" et que "ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes".
Mais cela n'a pas éteint la polémique. Le Congrès américain a ouvert une enquête jeudi sur ce qu'il a qualifié d'"antisémitisme endémique" sur les campus et un membre d'un conseil consultatif d'Harvard sur l'antisémitisme, le rabbin David Wolpe, a annoncé sa démission.
Depuis les attaques sanglantes du Hamas en Israël le 7 octobre, suivies de représailles meurtrières d'Israël, le conflit déchaîne les passions dans des universités renommées aux Etats-Unis, comme Harvard (près de Boston), UPenn (Philadelphie) ou Columbia (New York).
De riches donateurs ont notamment fait pression sur leurs dirigeants pour qu'ils condamnent clairement les attaques du Hamas et soutiennent Israël. A Columbia, deux groupes d'étudiants pro-palestiniens ont également été suspendus d'activités.