Attentat à Paris: «Tout laisse à penser» que l'auteur «a agi tout seul», selon une source proche de l'enquête

La Première ministre française Elisabeth Borne préside une réunion à l'hôtel Matignon, un jour après qu'une personne a été tuée et deux autres blessées dans une attaque au couteau, à Paris, le 3 décembre 2023. (AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne préside une réunion à l'hôtel Matignon, un jour après qu'une personne a été tuée et deux autres blessées dans une attaque au couteau, à Paris, le 3 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 04 décembre 2023

Attentat à Paris: «Tout laisse à penser» que l'auteur «a agi tout seul», selon une source proche de l'enquête

  • Actuellement en garde à vue, Armand Rajabpour-Miyandoab un Franco-Iranien de 26 ans, dit avoir agi en «réaction à la persécution des musulmans dans le monde»
  • Trois autres gardes à vue étaient toujours en cours lundi midi

PARIS: L'auteur de l'attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés samedi près de la Tour Eiffel "assume et revendique totalement son geste" et "tout laisse à penser qu'il a agi seul", a indiqué lundi à l'AFP une source proche de l'enquête.

Actuellement en garde à vue, Armand Rajabpour-Miyandoab un Franco-Iranien de 26 ans, dit avoir agi en "réaction à la persécution des musulmans dans le monde".

Il apparaît "très froid", "clinique" et "désincarné", a ajouté cette source.

Trois autres gardes à vue étaient toujours en cours lundi midi.

Outre des membres de sa famille, une femme, déjà connue des services de renseignement, a été interpellée à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). L'assaillant l'a "vue la veille" de son passage à l'acte, selon la source proche de l'enquête. Les enquêteurs vont maintenant s'attacher à déterminer l'éventuel rôle qu'elle aurait pu jouer dans l'attaque.

L'assaillant fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), interagissait régulièrement "avec des personnes connues des services de renseignement pour islam radical", a ajouté cette source. Mais, ces personnes n'étaient pas "considérées comme étant porteuses de menaces".

Attaque de Paris: le gouvernement sous pression avant les JO

Le gouvernement français affichait sa mobilisation lundi deux jours après l'attentat meurtrier au couteau près de la Tour Eiffel, plus que jamais sous pression à quelques mois de l'organisation des Jeux olympiques de Paris, dans un contexte déjà alourdi par le conflit entre Israël et le Hamas.

Le Rassemblement national (RN, extrême droite), favori des sondages pour les élections européennes de juin, a à nouveau accusé le pouvoir de "faiblesse" face au radicalisme islamiste, un de ses thèmes de prédilection.

L'attaque survient moins de deux mois après celle d'Arras (nord) qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan de sécurité contre les attentats Vigipirate au niveau maximal.

Cette nouvelle attaque survient à huit mois des JO-2024 où 15 millions de spectateurs sont attendus en région parisienne, un défi de sécurité majeur pour lequel les pouvoirs publics ont promis une mobilisation maximale.

La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, a assuré sur la radio France Inter que délocaliser la cérémonie d'ouverture n'était pas "une hypothèse" actuellement envisagée.

Mais le gouvernement craint l'importation sur le sol français du conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, qui se traduit déjà par une multiplication des actes antisémites recencés par la police.

Les surveillances des services de renseignement ont été "accrues" depuis début octobre, lorsque il a quitté le domicile de ses parents et est parti s'installer en Essonne, a encore dit cette source.

Dans ces surveillances et échanges en ligne "rien ne laissait penser qu'il allait se livrer à un projet imminent" et "aucune infraction" qui aurait pu permettre d'enclencher une procédure judiciaire à son encontre n'a été détectée, selon la source.

Fin octobre, la mère de l'assaillant s'était rendue dans un commissariat pour alerter sur la "dégradation de l'état psychologique de son fils", depuis le déclenchement de la guerre Israël-Hamas.

Selon la source proche de l'enquête, l'assaillant dit d'ailleurs avoir choisi de mener son attaque près de la Tour Eiffel parce que c'est un "lieu symbolique" et "qu'il n'a pas supporté qu'elle soit allumée aux couleurs d'Israël".

Après le signalement de la mère, l'hospitalisation d'office n'avait pas été possible en l'absence de troubles. Sa mère ne voulait pas non plus demander son hospitalisation forcée. Elle avait eu un contact avec un médecin, mais sans son fils, qui ne le voulait pas. Le médecin s'était alors "montré rassurant sur son état", selon cette source.

L'assaillant dit avoir acheté un marteau, également utilisé lors de l'attaque, dans les semaines qui ont précédé". L'acte a "potentiellement été préparé depuis plusieurs semaines", avait dit dimanche une autre source proche du dossier.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».