DUBAI: La reprise des combats dans la bande de Gaza, après une trêve d'une semaine, a replongé le territoire assiégé dans un "cauchemar", a déploré vendredi le chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un entretien à l'AFP.
"Les gens sont à un point de rupture, les hôpitaux à un point de rupture et toute la bande de Gaza est dans un état très précaire", a regretté Robert Mardini, directeur général du CICR.
Pour les habitants de Gaza, la reprise des combats les ramène "à la situation cauchemardesque dans laquelle ils se trouvaient avant la trêve", a-t-il dit, soulignant "la souffrance, la peur, l'anxiété et les conditions de vie précaires" des 2,4 millions d'habitants du territoire.
Les bombardements de l'armée israélienne dans la bande de Gaza ont repris vendredi après l'expiration d'une trêve entrée en vigueur le 24 novembre, et le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007, a déjà fait état d'au moins 32 morts.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a accusé le Hamas d'avoir "violé l'accord" et "tiré des roquettes" vers Israël. Le Jihad islamique, l'autre grand mouvement islamiste de Gaza, a revendiqué des tirs de roquettes.
Défi considérable
"Il n'y a aucun endroit sûr pour les civils" dans la bande de Gaza, a déclaré M. Mardini, soulignant les énormes défis auxquels sont confrontés les établissements de santé et les organisations humanitaires.
"Dans les hôpitaux où travaillent nos équipes, nous avons constaté ces derniers jours l'arrivée de centaines de blessés graves", a-t-il indiqué. "Cet afflux a dépassé la capacité réelle des hôpitaux à recevoir et à traiter les blessés, ce qui représente un défi considérable".
Lors de la trêve, négociée par le Qatar avec le soutien de l'Egypte et des Etats-Unis, 80 otages israéliens et 240 prisonniers palestiniens ont été libérés dans le cadre d'un accord.
"Ces libérations ont eu lieu grâce à la trêve, car certaines conditions doivent être réunies pour cela", a souligné M. Mardini, ajoutant que le CICR est toujours "prêt à faciliter ces libérations".
Selon Israël, environ 240 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza lors de l'attaque sanglante perpétrée par le Hamas le 7 octobre. D'après les autorités, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées.
En représailles, Israël, qui a juré d'"anéantir" le Hamas, bombardait sans cesse la bande de Gaza, jusqu'à l'entrée en vigueur de la trêve, et plus de 15.000 personnes ont été tuées dans le territoire palestinien, selon le gouvernement du mouvement islamiste.
La reprise des combats vendredi menace également l'acheminement de l'aide à Gaza, où environ 80% des habitants ont été déplacés et se trouvent confrontés à des pénuries de nourriture, d'eau et d'autres produits de première nécessité.
"Avec la reprise des hostilités, il est probable que moins d'aide parviendra à Gaza", a estimé M. Mardini.
"En plus, les organisations humanitaires, comme le Croissant-Rouge palestinien, le CICR et les agences de l'ONU, verront leurs capacités d'acheminement de l'aide à la population réduites", a-t-il ajouté.