Le président français Emmanuel Macron a exhorté vendredi les pays du G7 à la COP28 sur le climat à Dubaï à "s'engager à mettre fin au charbon" avant 2030 pour "montrer l'exemple".
La poursuite des investissements en faveur du charbon dans le monde entier est "une vraie absurdité" au regard de l'objectif de lutte contre le réchauffement climatique, et "donc nous devons engager un virage absolu" pour en sortir, a plaidé le président français à la tribune du grand sommet annuel de l'ONU sur le climat.
"Les pays émergents doivent sortir du charbon, et c'est le deuxième combat après celui que les pays les plus riches doivent mener", a déclaré Emmanuel Macron.
"Mais les pays du G7 doivent montrer l'exemple et s'engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c'est-à-dire avant 2030", a-t-il lancé, rappelant l'engagement de la France de fermer sa dernière centrale à charbon "d'ici 2027".
"Le G7 a une responsabilité majeure. Tout comme la Chine, qui est désormais le deuxième pays émetteur historique et qui a donc changé en quelque sorte de statut", a souligné le président français.
"On doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c'est un élément de justice. Mais ce rattrapage ne doit pas se faire sur la base des énergies qui sont carbonées et en particulier du charbon", a-t-il encore argué.
Car "les centrales existantes qui se concentrent largement en Asie aujourd'hui émettront à elles seules suffisamment de CO2 pour que nous excédions la cible de 1,5°C", objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, a justifié M. Macron.
S'agissant de la France, "nous devrons définitivement tourner la page d'ici à 2040-45 du pétrole et 2050 du gaz", a-t-il assuré.
Transition écologique du transport maritime
"Je veux saluer (...) le formidable accord qui a été trouvé par l'industrie maritime de nos pays il y a quelques instants et qui va permettre de réduire les émissions très fortement d'ici 2030", a par ailleurs salué le président français.
La France, la Corée du Sud et le Danemark, ainsi que deux autres géants du transport maritime, ont en effet adopté une déclaration commune pour promouvoir l'adoption "d’un cadre réglementaire solide" d'ici 2027 favorisant la transition écologique du secteur.
Les signataires promettent de travailler à la mise en place d'"une norme internationale" pour mesurer précisément les émissions du secteur, est-il écrit dans la déclaration.
Ils s'engagent également à promouvoir "un mécanisme international de tarification des gaz à effet de serre", soit l'équivalent d'une taxe carbone, "pour inciter à l’efficacité énergétique et réduire l’écart de prix entre les carburants fossiles et les carburants maritimes durables".
Les transporteurs signataires - l'italo-suisse MSC, le danois Maersk, le français CMA CGM, l'allemand Hapag-Lloyd et le coréen HMM - se sont également engagés à réduire leurs émissions au-delà des objectifs fixés par l'Organisation maritime internationale (OMI) début juillet.
Une telle coalition, regroupant l'ensemble des plus gros transporteurs mondiaux, à l'exception du chinois Cosco, est inédite.
Ils promettent de "réduire de 30% les émissions totales (de leur flotte) d’ici à 2030 par rapport à 2008" contre 20% demandés par l'OMI. D'ici 2040, l'objectif est porté à -80% des émissions contre -70% selon les standards de l'OMI. Une réduction à zéro des émissions nettes doit être atteinte "en 2050 au plus tard".
Ils défendent aussi la mise en oeuvre de "normes de construction pour les navires neufs". Les transporteurs envisagent de s'accorder sur une date au-delà de laquelle il serait obligatoire pour tout navire neuf d'être propulsé par du carburant à émissions nulles ou quasi nulles. Actuellement, près de 99% de la flotte mondiale est propulsée au fioul lourd.
Le transport maritime représente 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et transporte plus de 80% des marchandises échangées dans le monde. D'après l'ONU, la transition du secteur, dont les émissions ont bondi de 20% en une décennie, pourrait coûter environ 100 milliards de dollars par an.