BEYROUTH: Le Conseil de sécurité de l'ONU se préoccupe vivement du Liban en raison de son rôle stratégique dans la région, a déclaré lundi la Coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Joanna Wronecka.
Elle a tenu ces propos lors d'une réunion avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et le président du Parlement, Nabih Berri.
Mme Wronecka a également déclaré que la position du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Liban était unifiée, soulignant la nécessité pour le pays d'élire rapidement un président et de mettre en œuvre des réformes.
Elle a indiqué avoir souligné ces points lors de son récent discours devant le Conseil à New York, la semaine dernière.
Elle a par ailleurs insisté sur la nécessité d'adhérer à la résolution 1701 et de l'appliquer sur le terrain.
Mme Wronecka a rencontré les dirigeants libanais à la suite d'un an et deux mois de vacance présidentielle.
Le 10 janvier, le poste de commandant de l'armée deviendra lui aussi vacant, alors que les tensions régionales s'intensifient avec Israël. Le poste de gouverneur de la Banque centrale, vacant depuis août dernier, a été pourvu temporairement.
Le Gouvernement sortant a échoué à plusieurs reprises ces dernières semaines à prendre une décision concernant les postes vacants attendus au sein de l'armée, qu'il s'agisse de prolonger, de nommer ou de retarder les départs à la retraite.
L'envoyé français Jean-Yves Le Drian devrait arriver à Beyrouth mercredi, alors que les inquiétudes concernant l'évolution de la situation dans la région continuent de croître.
Il semblerait que l'objectif de cette visite soit d'aborder la question en suspens de la présidence.
Le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, a exprimé lundi sa crainte que l'objectif de l'envoyé français ne soit d’obtenir la mise en œuvre de la résolution 1701 par le Hezbollah et son retrait militaire du Sud-Liban en échange de l'attribution de la présidence du Liban à son parti.
M. Geagea a déclaré que la présidence n'était pas à échanger ou à négocier.
Lundi, le patriarche maronite Bechara Raï a réitéré la nécessité d'accélérer l'élection d'un président et de trouver des moyens de protéger l'armée.
Les trois postes vacants relèvent de la part de pouvoir de la communauté maronite au Liban.
Selon des rapports lundi, le patriarche serait ouvert à toutes les possibilités qui servent les intérêts de l'armée, à l'exception de la nomination d'un nouveau commandant, qui devrait se faire en présence du président, qui est le commandant suprême des forces armées en vertu de la Constitution.
Conformément à la loi sur la défense, le chef d'état-major est le seul à pouvoir assumer les fonctions du commandant de l'armée en son absence. Mais ce poste est également vacant depuis plus d'un an.
Le Conseil militaire – dirigé par le ministre de la Défense, Maurice Slim – compte aussi des vacances aux postes d'inspecteur général de l'armée et de directeur général de l'administration.
Le gouvernement sortant n'est pas autorisé à procéder à ces nominations. Un gouvernement légitime doit être formé pour élire un président.
Cela signifie également que le Conseil supérieur de défense, qui comprend le premier ministre, est également inactif en raison de l'absence de président.
Seul le président a le droit de convoquer le Conseil et de présider ses sessions, conformément à l'article 49 de la Constitution.
Selon un observateur politique, le patriarche maronite insiste pour maintenir le commandant actuel, le général Joseph Aoun, à son poste jusqu'à l'élection d'un président, car sa fonction «ne peut être exercée collectivement par le biais du Conseil des ministres».
Paralysie et mandats
Dans son homélie de dimanche, le patriarche Raï a accusé les hommes politiques de délibérément renoncer à élire un président.
Il a déclaré que les conditions régionales délicates nécessitaient la protection de l'État et que le vent soufflait en faveur d'arrangements régionaux.
«Nous n'acceptons pas que l'élection du président soit soumise à une personne, à un projet ou à un objectif lié à l'influence, et nous n'acceptons pas de priver l'État de son chef.»
«Nous n'acceptons pas les tentatives visant à saper l'unité, la stabilité, la confiance et le leadership de l'armée, d'autant plus que le pays et sa sécurité sont à la limite d'une éruption volcanique», a-t-il affirmé.
Le Courant patriotique libre propose de nommer un nouveau commandant par le biais d'un décret entre ministres, tandis que le parti des Forces libanaises propose de prolonger le mandat de l'actuel commandant.
Le président du Parlement, le Parti socialiste progressiste et les députés sunnites proposent également de retarder son départ à la retraite par le biais d'un décret gouvernemental qui comprend la prolongation du mandat du directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général de brigade Imad Osman, qui sera également mis à la retraite, et la nomination d'un conseil militaire.
Le délai accordé par M. Berri au Gouvernement pour résoudre la crise en cours prendra fin dans deux jours.
M. Slim, du Courant patriotique libre, peut quant à lui proposer une prolongation du mandat du commandant de l'armée.
S'il refuse de le faire en s'absentant de la session du Cabinet, le Parlement sera sollicité.
Toutefois, M. Berri a refusé d'inviter la chambre divisée à une session pour approuver la prolongation du mandat du général Aoun pour une année supplémentaire.
L'observateur politique a déclaré que le Courant patriotique libre «considérera toute décision prise par le ministre de la Défense comme nulle et non avenue et la contestera juridiquement».
«Le ministre de la Défense refusera de travailler avec le commandant dont le mandat serait prolongé sans son approbation, ce qui signifie que l'institution militaire se heurtera à une crise et sera par conséquent paralysée.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com