Le gouvernement israélien a toujours bénéficié d'un traitement de faveur aux États-Unis, malgré ses nombreux crimes de guerre, sa violence et même ses assassinats de citoyens américains.
Le lobby israélien est parvenu à dominer le Congrès américain en consacrant des centaines de millions de dollars aux campagnes électorales et en s'attaquant à toute voix qui conteste non seulement les mensonges de la propagande israélienne, mais aussi celles qui tentent de considérer les Palestiniens et les Israéliens sur un pied d’égalité. Il a dépensé des millions pour financer les voyages en Israël de politiciens et journalistes.
La machine de propagande du gouvernement de Tel-Aviv s'acharne à écraser quiconque conteste sa représentation biaisée, unilatérale et exagérée du conflit israélo-palestinien, dans laquelle il est toujours la victime innocente, tandis que quiconque critique Israël est un terroriste.
Les personnes qui dénoncent les politiques du gouvernement israélien sont souvent qualifiées d’antisémites. Israël a fait de ce terme une arme pour désigner uniquement la haine pernicieuse des Juifs, même si les Arabes sont eux-mêmes des Sémites. L'antisémitisme à l'encontre des Arabes est encore plus fréquent aux États-Unis qu'il ne l'est par rapport aux Juifs, mais les médias grand public, qui ont un parti pris pour Israël fondé sur les affinités, marginalisent l'antisémitisme vis-à-vis des Arabes.
Cette accusation a été institutionnalisée aux États-Unis, puisqu'il est inscrit dans des lois adoptées dans près de trente États qui qualifient d'antisémite toute personne qui critique Israël et la punissent sévèrement.
L'engagement antiboycott est l'un des moyens utilisés par les militants pro-israéliens pour s'assurer que l'Américain moyen ne connaisse jamais la vérité.
Ray Hanania
Dans de nombreux États, comme l'Arkansas, toute personne invitée à s'adresser à des étudiants sur le conflit israélo-palestinien doit signer une lettre dans laquelle elle s'engage à ne pas soutenir un «boycott» d'Israël. Si elle refuse de signer parce qu'une telle exigence constitue une violation flagrante du premier amendement de la Constitution américaine, qui interdit l'adoption de toute loi restreignant le droit fondamental de chaque Américain à la liberté d'expression, elle n’est pas rémunérée pour son intervention ni remboursée pour son voyage ou son hébergement.
L'engagement antiboycott est l'un des moyens utilisés par les militants pro-israéliens pour s'assurer que l'Américain moyen, qui a subi des décennies de lavage de cerveau et de propagande unilatérale, ne connaisse jamais la vérité.
Quelle est la vérité? Qu'Israël a tué dix fois plus de civils que le Hamas au cours de cette guerre. Qu'Israël a tué quatre cents fois plus d'enfants et de bébés que le Hamas ne l’a fait, suppose-t-on, le 7 octobre. J’écris «suppose» parce qu'aucune agence d'investigation indépendante n'a été autorisée à remettre en question les affirmations du gouvernement israélien.
Israël présente ses «faits» et ces derniers sont ensuite rapportés sans contestation par les grands médias américains. Lorsque les Palestiniens font des déclarations, les médias les accompagnent de la mise en garde suivante: «Les affirmations ne peuvent pas être vérifiées.»
Le conflit entre Israël et Gaza n'est pas une guerre. Il s'agit d'un crime similaire à ceux qu’ont commis les États-Unis pendant la guerre du Vietnam, lorsque le gouvernement américain a menti sur les menaces auxquelles il était confronté afin de justifier sa conduite, notamment en bombardant le pays d'Asie du Sud-Est.
Le fait que nous soyons à moins d'un an des élections présidentielles et législatives a augmenté le volume des mensonges antiarabes des candidats qui espèrent gagner le soutien des électeurs américains ayant subi un lavage de cerveau. Par exemple, Nikki Haley, qui a pour ambition d’obtenir l'investiture républicaine pour la présidence, a ouvertement appelé Israël à poursuivre le carnage et à «en finir avec le Hamas». Le terme «Hamas» semble fréquemment utilisé pour désigner tous les Palestiniens de Gaza. Ron DeSantis, rival de Haley, a ainsi déclaré que tous les Palestiniens de Gaza n’étaient pas membres du Hamas, mais qu'ils étaient «tous antisémites».
Ils ne peuvent pas empêcher les vidéos et les images de leur carnage, des civils morts, d'atteindre le public américain.
Ray Hanania
D'autres candidats à l'élection présidentielle ont demandé que les États-Unis donnent à Israël «tout ce dont il a besoin» pendant la guerre à Gaza. La Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, a même voté en faveur de l'octroi à Israël d'un montant supplémentaire de 14,3 milliards de dollars, en plus des quelque 4 milliards de dollars que les États-Unis lui versent chaque année (1 dollar = 0,92 euro).
Les républicains considèrent Gaza comme le talon d'Achille politique du président Joe Biden. La politique de Joe Biden à l'égard de Gaza et du carnage des civils a été embrouillée par la politique et la morale. Le secrétaire d'État, Antony Blinken, qui est juif et dont le beau-père a survécu à l'Holocauste, s'est comporté davantage comme le secrétaire d'État d'Israël que comme celui des États-Unis.
Les Arabo-Américains qui ont soutenu Biden plutôt que les politiques antimusulmanes de l'ancien président Donald Trump fuient la candidature de Biden à sa réélection. La perte de leur soutien aurait le plus d'impact dans les États où leur vote a contribué à la défaite de Trump, comme le Michigan, dans lequel la communauté arabo-américaine a maintenant ouvertement dénoncé Biden et s'est engagée à ne pas voter pour lui.
Toutefois, si les militants israéliens dominent l’accès au Congrès, ils perdent peu à peu la guerre de l’image. Malgré toutes leurs stratégies coûteuses, leur lobbying, leurs dons de campagne et leurs insultes, ils ne peuvent empêcher les vidéos et les images de leur carnage, des civils morts, d'atteindre le public américain.
Ces vidéos révèlent également les mensonges des porte-parole de l'armée israélienne, comme lorsqu'ils ont tenté de convaincre les Américains qu'un calendrier écrit en arabe et affiché sur le mur d'un hôpital était l'emploi du temps des terroristes qui supervisaient la prise en charge des otages israéliens. Les images d'enfants et de bébés palestiniens tués ou gravement blessés ont choqué l'opinion publique. Alors que les grands médias américains ne montrent que des vidéos d'Israéliens tués et des images de bâtiments palestiniens détruits, les plates-formes de médias sociaux comme TikTok sont inondées d'images plus crues de la brutalité israélienne.
Les militants pro-israéliens ont recommencé à qualifier TikTok d'antisémite. Ils ont utilisé la même arme pour faire pression sur Elon Musk afin qu'il censure les messages propalestiniens sur sa plate-forme, X. TikTok appartient à une entreprise chinoise et, malgré les appels à la fermeture lancés par des membres pro-israéliens du Congrès, l’application continue de gagner en popularité.
Ces vidéos TikTok semblent avoir un impact. Des sondages récents montrent que, si les Américains soutiennent Israël au détriment des Palestiniens, ce qui est naturel compte tenu des soixante-quinze dernières années de propagande pro-israélienne, ils sont également de plus en plus repoussés par la crise humanitaire que l'assaut d'Israël provoque chez les civils.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être joint sur son site Internet personnel à l'adresse suivante: www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com