Pourquoi la dernière guerre entre Israël et le Hamas s'avère-t-elle si polarisante?

Des milliers de manifestants se rassemblent lors d'une manifestation pro-palestinienne sur la Freedom Plaza à Washington, le samedi 4 novembre 2023 (Photo, AP).
Des milliers de manifestants se rassemblent lors d'une manifestation pro-palestinienne sur la Freedom Plaza à Washington, le samedi 4 novembre 2023 (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 22 novembre 2023

Pourquoi la dernière guerre entre Israël et le Hamas s'avère-t-elle si polarisante?

  • Selon les experts, la politique intérieure, la religion, le statut de victime et les notions de justice pour les Palestiniens ont aggravé les divisions sur le conflit
  • Les commentateurs affirment que la culture de l'annulation et le clivage marqué du discours public ont rendu tout débat raisonné presque impossible

DUBAI/LONDRES: Peu de sujets dans le monde suscitent des émotions d'une telle intensité, des manifestations mondiales d'indignation ou l'incompréhension de points de vue rivaux face à l'ampleur du conflit entre Israéliens et Palestiniens, même parmi ceux qui n'ont pas d'intérêt personnel dans la région.

Le conflit actuel à Gaza a fait ressortir ces tensions publiques sur la question avec une férocité jamais vue auparavant, entraînant des manifestations de masse dans les capitales occidentales, des querelles publiques qui mettent fin à des carrières et une série de crimes haineux et même de meurtres.

Face à la colère et au vitriol qui s'expriment sur les réseaux sociaux, dans les journaux, dans les couloirs du pouvoir et dans les rues, les experts se demandent de plus en plus pourquoi cette question continue de diviser autant et si la sérénité ne doit pas d'abord prévaloir si l'on veut parvenir à une fin durable du conflit.

«Le conflit israélo-palestinien fait rage et chaque fois qu’un conflit survient, il prend de l'ampleur: Il se développe ailleurs, plus que tout autre conflit dans le monde», a déclaré à Arab News, Yossi Mekelberg, professeur de relations internationales et membre associé du programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Chatham House, à Londres.

«La guerre en Ukraine est une guerre massive, tout comme le conflit en Syrie, mais nous n'avons pas vu ce genre de réaction. Je crois que c'est parce que les questions soulevées – le droit à l'existence d'Israël et le sort des Palestiniens – donnent lieu à de nombreux autres griefs et que c'est ainsi que les gens peuvent les exprimer.»

Des manifestants utilisent les lampes de poche de leurs téléphones portables pour protester contre les attaques israéliennes sur Gaza, à Barcelone, en Espagne, le 11 novembre 2023 (Photo, AP).

Depuis que le groupe militant palestinien Hamas a lancé une attaque transfrontalière contre le sud d'Israël le 7 octobre, faisant 1 200 morts et prenant en otage plus de 200 Israéliens et étrangers, la bande de Gaza est soumise à d'intenses bombardements israéliens.

Les détails de l'attaque du Hamas – qui, selon les rapports israéliens, a entraîné le meurtre de familles entières, notamment de jeunes enfants, et même le viol et la décapitation de civils – ont provoqué une onde de choc dans le monde entier, suscitant un élan de sympathie à l'égard du peuple israélien.

La férocité de l'attaque, qui a fait écho aux pogroms des siècles passés, a conduit les dirigeants occidentaux à réaffirmer leur soutien au droit d'Israël d'exister et de se défendre. Le président américain, Joe Biden, et le secrétaire d'État, Antony Blinken, se sont empressés de rendre hommage en personne aux victimes.

Cependant, après des décennies d'occupation israélienne, de violence des colons en Cisjordanie, d'incursions provocatrices dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem par des ministres israéliens d'extrême droite, et de difficultés et de discriminations quotidiennes endurées par le peuple palestinien, certains ont affirmé qu'Israël avait en quelque sorte provoqué cette attaque.

Certains, en particulier le régime iranien et ses milices mandataires dans toute la région, ont ouvertement fait l'éloge de l'assaut du Hamas, tandis que de nombreux sympathisants du groupe en Occident ont décrit les attaquants comme des «combattants de la liberté» plutôt que comme des terroristes.

Des volutes de fumée s'élèvent après une frappe israélienne sur Gaza, le 21 novembre 2023 (Photo, AFP).

La réaction d'Israël à l'attaque du 7 octobre a été rapide. Promettant d'éliminer le Hamas, les forces de défense israéliennes ont commencé à bombarder la bande de Gaza, densément peuplée, ont restreint la fourniture de services publics et l'acheminement de l'aide humanitaire, et ont ordonné aux civils de quitter leur domicile en prévision d'une offensive terrestre.

Les images de la dévastation qui en résulte, des hôpitaux submergés et des scènes de déplacement, qui font écho à la Nakba (ou «catastrophe») de 1948 au cours de laquelle les Palestiniens ont été dépouillés de leurs terres, ont déclenché une vague de sympathie pour le peuple gazaoui et des demandes de cessez-le-feu immédiat.

Parallèlement, de nouveaux appels ont été lancés en faveur d'une solution à deux États comprenant la création d'un État palestinien indépendant à Gaza et en Cisjordanie, sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Toutefois, certains pro-palestiniens ont également repris des slogans controversés tels que «Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre», un slogan qui semble suggérer l'élimination d'Israël entre le Jourdain et la Méditerranée, ce qui a donné lieu à des accusations d'antisémitisme.

Des Palestiniens fuient vers le sud de la bande de Gaza dans la rue Salah al-Din au camp de Bureij, dans la bande de Gaza, le samedi 11 novembre 2023 (Photo, AP).

Les commentateurs soulignent que la polarisation du discours public autour du conflit laisse peu de place à la nuance ou aux zones d'ombre dans les discussions, ce qui rend presque impossible un débat raisonné sur la question.

«Chaque partie implore le statut de victime cinq étoiles», a déclaré Mohammed Darawshe, directeur de la stratégie au Givat Haviva Center for Shared Society à Jérusalem, qui promeut le dialogue judéo-arabe, dans un article récent de Roger Cohen dans le New York Times.

«Si l'on est coincé dans le statut de victime, on voit tous les autres comme se victimisant et déshumanisant», a-t-il ajouté.

Lors d'une récente interview avec Christiane Amanpour de CNN, l'universitaire britannique Mona Siddiqui, professeure d'études islamiques et interreligieuses à l'université d'Édimbourg, a déclaré: «On a soudain l'impression qu'il y a un conflit partout... dans notre politique, dans notre société, et que, d'une certaine manière, le conflit à l'étranger... se joue dans nos rues.»

Siddiqui a appelé à une nouvelle «imagerie morale» capable de façonner les points de vue sur le conflit à partir de l'étranger sans enflammer davantage les tensions.

Au contraire, les divisions provoquées par la guerre ont jeté de l'huile sur le feu du phénomène de la «cancel culture» qui a fait des ravages dans de nombreuses institutions occidentales au cours des dernières années.

Une étudiante activiste résiste à la détention lors d’un rassemblement pour protester contre les opérations militaires israéliennes à Gaza et pour soutenir le peuple palestinien, à New Delhi, en Inde, le 27 octobre 2023 (Photo, AP).

David Velasco, rédacteur en chef d'Artforum, un magazine américain influent, a été licencié pour avoir publié le 19 octobre une lettre ouverte appelant à la «libération de la Palestine» et à un «cessez-le-feu immédiat». Son licenciement a incité de nombreux autres membres du personnel à démissionner.

Michael Eisen, professeur de génétique à l'université de Californie à Berkeley et rédacteur en chef d'eLife, une revue influente dans le domaine des sciences de la vie, a été évincé de son poste après avoir retweeté un article satirique publié par The Onion et intitulé «Dying Gazans criticized for not using last words to condemn Hamas» («Les Gazaouis mourants critiqués pour ne pas avoir utilisé leurs derniers mots pour condamner le Hamas»).

Eisen a été licencié bien qu'il ait également posté un message sur X dans lequel il disait: «Je condamne le Hamas. Je condamne la façon dont Israël a traité les Palestiniens. Je condamne la façon dont un acte odieux est utilisé pour en justifier un autre.»

Le licenciement le plus médiatisé lié à cette question est sans doute celui de Suella Braverman, jusqu'à récemment ministre de l'Intérieur du Royaume-Uni, qui a écrit une tribune dans le Times, sans l'autorisation de Downing Street, dans laquelle elle accusait la police métropolitaine de Londres de faire preuve d'un parti pris pro-palestinien lors du maintien de l'ordre à l'occasion de manifestations rivales.

Dans un article récent de The Atlantic, intitulé «Cancel culture cuts both ways» («La culture de l'annulation est à double tranchant»), le politologue germano-américain Yascha Mounk a déclaré: «La cancel culture restreint le débat politique sur toutes sortes de sujets, encourage les gens à s'abstenir d'exprimer toute opinion qui pourrait s'avérer controversée et sape la confiance dans les institutions importantes.»

Une femme tient un drapeau palestinien lors d'un rassemblement pro-palestinien, à Paris, le samedi 18 novembre 2023 (Photo, AP).

Au-delà des disputes dans la presse et sur les réseaux sociaux, les divisions liées au conflit ont également un effet concret en dehors du Moyen-Orient, sur les communautés musulmanes et juives qui subissent des attaques verbales et physiques depuis le 7 octobre.

Mekelberg a indiqué que le fait que des Juifs aient été récemment pris pour cible dans le réseau de transport londonien et ailleurs, par exemple, n'est pas la même chose que de critiquer le comportement d'Israël dans la bande de Gaza.

«Critiquer Israël et la politique de son gouvernement est tout à fait légitime», a-t-il signalé. En revanche, les attaques contre des personnes juives sont fondamentalement antisémites, tout comme les attaques contre des musulmans découlent de l'islamophobie.

La foi est cependant indissociable du conflit israélo-palestinien. En effet, Israël a été fondé en tant qu'État juif, déplaçant au passage une communauté majoritairement musulmane. Vient ensuite la question épineuse de Jérusalem, où se trouvent certains des lieux les plus sacrés de l'islam, du judaïsme et du christianisme.

Des manifestants tiennent une banderole lors d'un rassemblement à Belgrave Square, appelant à un «cessez-le-feu maintenant», lors d'une manifestation organisée par Jewish Bloc, Jews For Palestine dans le centre de Londres, le 11 novembre 2023 (Photo, AFP).

Ziad Asali, médecin à la retraite et fondateur de l'organisation American Task Force on Palestine, estime que la religion explique en grande partie pourquoi le conflit revêt une telle importance à l'échelle mondiale.

«Tout ce qui a trait au Moyen-Orient est teinté d'un impact, de discours et de perception religieux», a-t-il déclaré à Arab News depuis Washington.

«En ce moment, l'émotion est grande car il s'agit maintenant d'un conflit entre des personnes qui appartiennent aux trois grandes religions monothéistes en même temps», a-t-il expliqué.

«Lorsque la religion fait irruption dans un conflit, les choses ne peuvent être contrôlées par la raison. L'aspect religieux de cette guerre la rend particulièrement menaçante et potentiellement plus explosive que n'importe quelle guerre en Afrique ou en Asie», a-t-il ajouté.

À la base du conflit israélo-palestinien se trouve cependant quelque chose de bien plus tangible: la question de la terre, que de nombreux partisans de la Palestine considèrent comme une question de justice et de restitution.

«Il y a des raisons réelles à cette lutte qui sont basées sur cette Terre, et non dans un lieu céleste, et qui ont trait à la terre, à l'occupation et à ce qui arrive aux gens, à leurs maisons, à leurs villes et à leur mode de vie», a précisé Asali. «C'est d'une tragédie au-delà de ce qui est imaginable.»

Une femme scande des slogans lors d'un rassemblement pro-palestinien à Bucarest, en Roumanie, le samedi 18 novembre 2023 (Photo, AP).

Vient ensuite la question du contexte politique dans les pays occidentaux et la façon dont les attitudes envers Israël et les Palestiniens sont réparties entre les partis politiques et même leurs factions internes.

Ces clivages politiques sont peut-être particulièrement marqués aux États-Unis à l'heure actuelle, le pays s’approchant d'une année électorale où les enjeux sont considérés comme plus importants et où l'exécutif actuel est conscient qu'il suit une ligne très étroite.

«Les positions politiques sont prises en fonction de critères passéistes, de gauchisme, d’éthnie et de patriotisme», a jugé Asali.

Bien que tous les facteurs susmentionnés aient probablement façonné la réaction polarisée au conflit, on ne peut nier la gravité de la crise qui se déroule à Gaza et le potentiel d'une escalade régionale plus large, avec des conséquences potentiellement mondiales.

C'est également pour cette raison que les populations extérieures au Moyen-Orient considèrent la résolution du conflit comme une question qui les concerne tout particulièrement.

«Il s'agit d'une guerre terrible comme nous n’en avons pas eu depuis un certain temps au Moyen-Orient», a soutenu Asali. «Il s'agit d'une guerre qui est sur le point soit d'être contenue soit de s'étendre.

«Elle est menée en conséquence des décisions prises aux États-Unis et au Moyen-Orient», a conclu Asali.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël expulse 32 militants étrangers venus en Cisjordanie pour la récolte des olives

Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire. (AFP)
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  • La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP
  • Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie

RAMALLAH: Le ministre israélien de la Justice a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de 32 militants étrangers venus assister des Palestiniens à récolter des olives en Cisjordanie occupée, au motif qu'ils avaient enfreint un ordre militaire.

L'ordre d'expulsion signé par le ministre, Yariv Levin, fait suite à une plainte déposée par le président du conseil des colonies du nord de la Cisjordanie, Yossi Dagan, contre les "provocations" d'"anarchistes".

Rudy Schulkind, un Britannique de 30 ans, figure parmi les personnes expulsées. Joint par téléphone, il a indiqué à l'AFP être venu en Cisjordanie pour apporter son soutien à des agriculteurs palestiniens.

La récolte des olives est cette année particulièrement violente, avec plusieurs actes de vandalisme et d'attaques de colons israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les militants étrangers estiment que leur présence est dissuasive contre ce genre d'incidents dans les zones rurales de Cisjordanie.

Rudy Schulkin a raconté à l'AFP avoir été détenu pendant 72 heures avant d'être expulsé le 19 octobre.

"Nous avons été arrêtés après que la zone où nous récoltions a été déclarée zone militaire", a-t-il expliqué, décrivant une tactique selon lui courante contre les Palestiniens.

Il a ajouté que les 32 bénévoles internationaux avaient tous été arrêtés dans une oliveraie près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.

Rudy Schulkin a ajouté qu'ils "n'avaient jamais été présentés devant un juge".

Le ministre israélien de la Justice a déclaré que l'expulsion avait été cosignée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et a accusé les militants d'avoir violé "un ordre du commandant militaire" et d'appartenir à l'UAWC, l'Union des comités de travail agricole.

L'UAWC est une organisation palestinienne à but non lucratif dédiée au développement agricole. Israël l'a qualifiée d'organisation terroriste en 2021, ainsi que cinq autres ONG, dans une décision condamnée par l'ONU.

M. Schulkind n'a pas révélé le nom de l'organisation dont il était membre, mais Fouad Abou Seif, directeur général de l'UAWC, a déclaré à l'AFP que les volontaires participaient à une "campagne nationale" organisée par de nombreuses ONG palestiniennes et le ministère palestinien de l'Agriculture.

Fouad Abou Seif a précisé que l'UAWC était membre de cette campagne, mais n'en était pas l'organisateur. De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné ces arrestations.


Israël: la Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

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  • "Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."
  • Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi

JERUSALEM: Le Parlement israélien (Knesset) s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est prononcé contre toute annexion de la Cisjordanie par Israël, que soutient l'extrême droite israélienne.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi.

Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants située juste à l'est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre.

Selon les médias, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s'abstenir pendant les votes.

Le Likoud a qualifié les votes de "provocation de l'opposition visant à nuire à nos relations avec les États-Unis et aux grandes réalisations d'Israël" dans la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, dans un communiqué.

"La véritable souveraineté ne s'obtient pas par une loi symbolique (...) mais par un travail efficace sur le terrain et par la création des conditions politiques propices à la reconnaissance de notre souveraineté, comme cela a été fait dans le Golan et à Jérusalem", ajoute le texte.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien.

Lors d'un événement organisé à Maalé Adoumim le 11 septembre, M. Netanyahu avait affirmé qu"il "n'y aura pas d'Etat palestinien" et dit vouloir "doubler la population de la ville".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Ces derniers mois, plusieurs ministres israéliens d’extrême droite ont appelé ouvertement à l'annexion de la Cisjordanie.

Mercredi dans un communiqué, le ministère jordanien des Affaires étrangères a dit "condamner fermement" ces votes qu'il qualifie de "violation flagrante du droit international et d'atteinte grave à la solution à deux Etats".

De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères, basé à Ramallah, a condamné le vote de la Knesset, déclarant qu'il "rejette fermement les tentatives de la Knesset d'annexer des terres palestiniennes ".

"Le ministère a souligné que les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, et la bande de Gaza, constituent une seule et même unité géographique sur laquelle Israël n'a aucune souveraineté", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.


L'ONU met en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza

Le service de lutte antimines des Nations unies a mis en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants. (AFP/File)
Le service de lutte antimines des Nations unies a mis en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants. (AFP/File)
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  • Le service d'action antimines de l'ONU documente de nombreux cas de civils blessés par des explosions alors qu'ils retournent dans des zones ravagées par la guerre au moment du cessez-le-feu, dont cinq enfants la semaine dernière
  • L'agence a enregistré 328 incidents à Gaza depuis octobre 2023 au cours desquels des personnes ont été blessées ou tuées par des engins explosifs, bien que le nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé

NEW YORK : Le Service d'action contre les mines des Nations Unies a mis en garde contre la grave menace que représentent les engins non explosés à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants.

Luke David Irving, chef de l'UNMAS dans les territoires palestiniens occupés, a souligné les dangers permanents posés par ces restes explosifs de guerre.

"Alors que les communautés et le personnel humanitaire se déplacent dans les zones touchées, le risque d'explosion est incroyablement élevé", a déclaré M. Irving à Jérusalem.

"Des décennies d'expérience nous ont appris qu'après la fin de nombreux autres conflits, les engins explosifs continuent de mutiler et de tuer. Gaza ne fait pas exception à la règle.

Son équipe a recensé de nombreux cas de blessures lorsque des personnes ont été confrontées à des munitions non explosées, a-t-il ajouté, y compris cinq enfants qui ont été blessés la semaine dernière, dont deux grièvement.

"C'est l'une des centaines d'histoires de personnes, souvent des enfants, qui ont été tuées ou qui ont subi des blessures qui ont changé leur vie à cause de ces engins dangereux.

Depuis octobre 2023, l'UNMAS a enregistré 328 incidents à Gaza au cours desquels des personnes ont été blessées ou tuées par des munitions non explosées. Toutefois, le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé.

"Nous pensons que ce chiffre est largement sous-estimé", a déclaré M. Irving. "Au cours des deux dernières années, davantage de personnes ont été blessées ou tuées par des munitions qui jonchaient la bande de Gaza.

Les équipes de l'UNMAS ont jusqu'à présent identifié 560 munitions explosives dans des zones accessibles de Gaza, mais ont prévenu que l'étendue de la contamination resterait inconnue jusqu'à ce que des enquêtes plus complètes puissent être menées.

"Nous nous attendons à trouver beaucoup plus d'objets dans les semaines à venir, car nous pouvons accéder à davantage de zones sous le cessez-le-feu", a ajouté M. Irving.

La menace que représentent les engins non explosés devrait persister pendant les mois et les années à venir, ce qui présente des risques pour les habitants qui retournent dans leur quartier pour récupérer les objets qu'ils peuvent, et pour les enfants qui jouent dans les zones touchées.

Les travailleurs humanitaires sont également confrontés à un danger important lorsqu'ils s'aventurent dans des endroits auparavant inaccessibles, et M. Irving a souligné l'importance de l'enlèvement des engins explosifs.

"L'action humanitaire contre les mines est indispensable pour ouvrir la voie à l'acheminement de l'aide ainsi qu'au redressement et à la reconstruction", a-t-il déclaré.

L'UNMAS a déjà touché environ 460 000 personnes à Gaza dans le cadre de ses efforts pour aider les communautés à rester en sécurité, grâce à des campagnes d'éducation au risque menées en personne dans les abris, les centres de santé et les zones touchées par le conflit. Ses travailleurs ont distribué plus de 400 000 dépliants, autocollants et autres matériels de sensibilisation depuis mars 2025. Mais il reste encore beaucoup à faire.

"Nous devons faire passer ces messages à l'ensemble de la population de Gaza pour réduire les risques", a déclaré M. Irving.

L'UNMAS effectue également des évaluations techniques des infrastructures essentielles, notamment les routes, les centres de santé, les installations d'eau, les boulangeries et les zones agricoles, afin de garantir la sécurité des opérations humanitaires. Ces évaluations ont également contribué aux efforts de relèvement rapide, y compris l'enlèvement d'environ 50 à 60 millions de tonnes de débris susceptibles d'abriter des engins explosifs.

Depuis le début du cessez-le-feu le 10 octobre, l'UNMAS a reçu près de 100 demandes de soutien pour le déminage, soit environ 10 par jour en moyenne, ce qui a entraîné des efforts pour faire venir plus de personnel technique à Gaza afin d'intensifier les opérations.

Cependant, le rétablissement à long terme dépendra de l'obtention de l'approbation pour le déploiement à grande échelle de l'équipement d'élimination critique, a déclaré Irving.

"Nous demandons que ces équipements soient acheminés pour l'ensemble du secteur, ce qui permettra le rétablissement à long terme de Gaza", a-t-il ajouté.

M. Irving a remercié les donateurs pour leur soutien continu à son agence et a insisté sur la nécessité urgente d'étendre l'action humanitaire de déminage des explosifs à mesure que la bande de Gaza progresse vers le rétablissement.