DJEDDAH: Jeudi, Israël a donné l’ordre aux Palestiniens de quitter quatre villes proches de Khan Younès, dans le sud de Gaza, un mois après leur avoir demandé de s'y installer pour éviter les bombardements du nord.
Des tracts largués depuis des avions demandaient aux civils de quitter les villes de Bani Shouhaila, Khouzaa, Abassan et Qarara. Plus de 100 000 personnes y vivent habituellement, et ces villes abritent actuellement des dizaines de milliers d'autres qui ont fui les régions situées plus au nord.
Cet avertissement a fait craindre qu'Israël n’envisage une opération militaire de grande envergure dans le sud de Gaza, après avoir réduit la majeure partie du nord en ruines, dans sa tentative d'en éliminer les militants du Hamas qui ont tué environ 1 200 Israéliens et pris plus de 240 otages lors d'un raid transfrontalier sur Gaza le 7 octobre.
L’ONU affirme que près des deux tiers des 2,3 millions d’habitants de Gaza se sont retrouvés sans-abris, la plupart d’entre eux ayant trouvé refuge dans les villes du sud, depuis qu’Israël a commencé ses opérations de représailles contre le déchaînement du Hamas.
Par ailleurs, le personnel médical palestinien a affirmé qu’il craignait de plus en plus pour la vie de centaines de patients et de membres du personnel du plus grand hôpital de Gaza, qui a été coupé de tout lien avec le monde extérieur après l’assaut des forces israéliennes.
Israël a indiqué que ses soldats étaient toujours à la recherche, dans l'hôpital Al-Shifa, des preuves de la présence du Hamas. «Cette opération est dictée par notre connaissance qu’il existe une infrastructure terroriste bien cachée dans le complexe hospitalier», a déclaré un responsable israélien non identifié.
Israël a publié des photos de ce qu'il dit être des fusils et des gilets pare-balles trouvés dans l'hôpital, mais aucune preuve du vaste quartier général souterrain du commandement du Hamas qui, selon lui, opérait dans des tunnels en sous-sol.
Pour Kenneth Roth, ancien directeur de Human Rights Watch (HRW) et aujourd'hui professeur à Princeton, «Israël devra se présenter avec bien plus que quelques fusils pour justifier la fermeture des hôpitaux du nord de Gaza, avec leur énorme coût pour une population civile ayant d’urgents besoins médicaux».
Les hôpitaux bénéficient d’une protection spéciale en vertu du droit international humanitaire. «Ils ne perdent cette protection que s'il peut être démontré que des actions néfastes ont été commises depuis ces lieux», a déclaré Louis Charbonneau, directeur du plaidoyer auprès des Nations Unies pour HRW. «Le gouvernement israélien n’a fourni aucune preuve de cela.»
Le directeur d'Al-Shifa, Mohammad Abou Salamiya, a affirmé que l'hôpital était «sous l’autorité des forces d'occupation depuis quarante-huit heures». «À chaque minute qui passe, davantage de patients mourront. Nous attendons une mort lente», a-t-il assuré.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com