Nahel: Le policier remis en liberté car le risque de concertation était moindre, selon les juges

Des policiers municipaux se tiennent devant un commissariat portant l'inscription "Justice pour Nahel", dans la ville de Lisieux, dans le nord de la France, le 6 juillet 2023 (Photo, AFP).
Des policiers municipaux se tiennent devant un commissariat portant l'inscription "Justice pour Nahel", dans la ville de Lisieux, dans le nord de la France, le 6 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 novembre 2023

Nahel: Le policier remis en liberté car le risque de concertation était moindre, selon les juges

  • La mère de Nahel a appelé dans une vidéo à un «rassemblement» de soutien dimanche
  • Le policier Florian M., 38 ans, reste mis en examen pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire pour son tir mortel

NANTERRE: Les juges d'instruction ont évoqué des risques de concertation entre policiers et de trouble à l'ordre public moindres pour justifier la remise en liberté mercredi de l'auteur du tir mortel sur Nahel, le 27 juin à Nanterre, selon leurs motivations dont l'AFP a eu connaissance vendredi.

Le policier Florian M., 38 ans, reste mis en examen pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire pour son tir mortel après un contrôle routier. Il a notamment interdiction de se rendre à Nanterre et de porter une arme, a indiqué le parquet.

Son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, avait déposé une troisième demande de remise en liberté jeudi 9 novembre.

Les juges d'instruction ont accédé à sa demande mercredi, estimant qu'il existe encore "des divergences entre les différentes versions données" mais que "le risque de concertation apparaît désormais, dans cette configuration, moins prégnant" et "ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre".

"L'information judiciaire a progressé", les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats.

Ils soulignent également que "si le trouble à l'ordre public demeure", "il est moindre qu'à la date du placement en détention provisoire".

"Cinq mois après la commission des faits, la détention provisoire n'apparaît plus à ce jour comme l'unique moyen d'assurer la protection du mis en examen", selon les juges.

"Il était temps qu'il sorte", a salué Me Liénard, évoquant une "détention politique".

Son client est "soulagé" et a retrouvé sa famille, a-t-il indiqué, joint par l'AFP.

Contacté, l'avocat de la famille de Nahel, Me Yassine Bouzrou, a indiqué "ne pas commenter les questions relatives à la détention provisoire dans cette affaire".

 

La mère de Nahel appelle à un rassemblement après la libération du policier auteur du tir

La mère de Nahel, tué lors d'un contrôle routier à Nanterre le 27 juin, a appelé dans une vidéo à un "rassemblement" de soutien dimanche après la libération du policier auteur du tir mercredi.

"Je me battrai, je ne lâcherai rien pour mon fils. Dimanche 19 novembre, venez nombreux pour nous soutenir à 15 heures sur la place Nelson Mandela, à Nanterre. Merci beaucoup", indique Mounia, la mère du jeune homme, dans une vidéo transmise par le collectif Justice pour Nahel jeudi soir à plusieurs médias.

Les images du motard tirant fin juin à bout portant sur l'adolescent, largement diffusées sur les réseaux sociaux, avaient soulevé une vague de colère et de violences qui a embrasé pendant plusieurs nuits consécutives de nombreuses villes de région parisienne et dans le reste du pays, les plus graves depuis 2005.

Elles avaient été marquées par des scènes de pillages, des tirs de mortiers d'artifice sur des bâtiments publics et des incendies.

Le décès de Nahel, 17 ans, avait aussi relancé en France le débat sur les violences policières.

Au total, une "quarantaine" d'enquêtes ont été ouvertes par l'IGPN pour des violences lors de ces émeutes, a indiqué début novembre à l'AFP une source proche du dossier.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.


Le retard fatal d'Athènes pour se préparer aux canicules

Le centre d'Athènes est la deuxième zone la plus densément peuplée d'Europe après Paris, selon Eurostat. (AFP)
Le centre d'Athènes est la deuxième zone la plus densément peuplée d'Europe après Paris, selon Eurostat. (AFP)
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  • Verdir les villes est une réponse crédible à l'effet dit d'"îlot de chaleur urbain", en Grèce comme dans les innombrables villes qui en souffrent déjà et en souffriront davantage avec le réchauffement futur, martèlent des experts
  • Mais la réponse doit être massive, et Athènes fournit un contre-exemple spectaculaire

ATHENES: Sur les hauteurs de Kypseli, l'un des quartiers les plus densément peuplés d'Athènes, des habitants déambulent dans un petit parc récemment créé pour apporter un peu de fraîcheur quand la capitale grecque suffoque, une initiative qui arrive avec beaucoup de retard, de l'avis d'habitants et d'experts.

Ce nouvel espace vert est la première "micro-forêt" d'Athènes voulue par son maire, Haris Doukas, qui veut planter 5.000 buissons et arbres par an.

Dans cette cité méditerranéenne bétonnée, les espaces verts font cruellement défaut alors que le mercure dépasse régulièrement les 40°C durant plusieurs jours au coeur de l'été.

Verdir les villes est une réponse crédible à l'effet dit d'"îlot de chaleur urbain", en Grèce comme dans les innombrables villes qui en souffrent déjà et en souffriront davantage avec le réchauffement futur, martèlent des experts. Mais la réponse doit être massive, et Athènes fournit un contre-exemple spectaculaire.

Les petits arbres du parc d'Alepotrypa à Kypseli auront besoin d'environ une décennie pour grandir.

"Trop peu, trop tard", déplore Katerina Christoforaki, architecte et urbaniste à l'Université Technique d'Athènes, dans un entretien à l'AFP.

La dernière tentative de réaménagement d'Athènes remonte à plus de 20 ans, avant les Jeux olympiques de 2004.

Mais à l'époque la construction de stades et d'infrastructures de transport avait été privilégiée au détriment des espaces verts.

Occasion ratée 

"Nous n'avons mis l'accent ni sur la réduction du trafic automobile ni sur la modernisation des bâtiments", insiste Katerina Christoforaki.

La plupart des bâtiments et des rues d'Athènes ont été construits avec des matériaux datant de plus de 40 ans qui absorbent la chaleur en été. Et l'hiver, l'isolation est mauvaise, explique-t-elle.

Le maire adjoint chargé du climat, Nikos Chrysogelos, ancien eurodéputé des Verts, convient qu'Athènes "a raté une occasion" de développer un dispositif anti-chaleur lors des travaux pour les JO de 2004.

"À partir de 2000, nous aurions pu faire beaucoup plus car nous connaissions l'ampleur du problème", insiste-t-il.

Avec près de quatre millions d'habitants, la grande région d'Athènes s'est développée de manière désordonnée tout en perdant 60% de ses forêts alentour en raison des incendies à répétition ces derniers étés, rappelle-t-il.

La construction de hauts immeubles dans la banlieue balnéaire empêche l'air marin de rafraîchir la ville.

Chaudron bouillant 

Le centre d'Athènes est la deuxième zone la plus densément peuplée d'Europe après Paris, selon Eurostat.

La capitale ne compte que 0,96 mètre carré d'espace vert par habitant, selon l'OCDE, ce qui est bien loin de la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé d'au moins neuf mètres carrés par habitant.

Pour Ivvona Kujda, une Athénienne de 54 ans, les vagues de chaleur de ces dernières années sont "alarmantes".

"Athènes est un bassin entouré de trois montagnes, nous sommes dans un chaudron bouillant", explique cette Polonaise installée depuis trois décennies en Grèce.

En 2021, Athènes a enregistré la pire canicule de ces 30 dernières années avec des températures de 45°C.

Les deux derniers étés, elle a souffert de canicules prolongées. La Grèce a subi la mortalité liée à la chaleur la plus élevée d'Europe en 2023, selon une étude dans Nature Medicine.

La ville a besoin d'une solution plus drastique que des "parcs de poche", réclame Achilleas Plitharas, un ancien responsable de la section grecque du WWF.

"Ce n'est pas qu'Athènes a raté le train. Nous n'avons même jamais construit les rails pour un train", tance-t-il.

25.000 arbres d'ici à 2028 

"Une intervention à grande échelle est nécessaire", assure-t-il, qui pourrait aller jusqu'à la démolition "de blocs entiers (d'habitations) pour créer des corridors verts".

Mais cela nécessite une volonté politique et des choix difficiles ainsi qu'"une de coopération dont nous manquons", ajoute-t-il.

Maire d'Athènes depuis janvier 2024, Haris Doukas s'est engagé à planter 25.000 arbres d'ici 2028 pour tenter de réduire la température ressentie de trois à cinq degrés en été.

De nouveaux capteurs fourniront des données de température en temps réel, quartier par quartier, lors des journées les plus chaudes pour planifier une réponse d'urgence si nécessaire.

En attendant, chaque été, les Athéniens se débrouillent comme ils peuvent pour se protéger de la chaleur écrasante.

Ivvona Kujda ne travaille que le matin et en fin d'après-midi. Aux heures les plus chaudes, elle se réfugie dans sa maison climatisée.

"Nous n'avons pas assez de verdure, ni assez d'oxygène", déplore-t-elle. "Je pense que ça va s'aggraver parce que le climat change".


Macron attendu à La Réunion sur le chikungunya et les dégâts du cyclone Garance

 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
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  • A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre
  • Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans

SAINT-DENIS DE LA REUNION: Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance.

Le chef de l'Etat, arrivé lundi soir sur l'île en provenance du département voisin de Mayotte, va aussi réaffirmer le "rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique", où la France aspire à se poser en puissance régionale au côté des Etats-Unis, de la Chine ou l'Inde.

Le président poursuit ainsi une tournée de cinq jours dans le sud-ouest de l'océan Indien qui le mènera aussi à Madagascar mercredi et l'île Maurice vendredi.

A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre.

La Réunion est secoué par une épidémie de chikungunya, une maladie infectieuse transmise par le moustique tigre, qui a fait six morts depuis le début de l'année et touché potentiellement 100.000 personnes, soit un habitant sur neuf.

Emmanuel Macron sera informé des derniers développements de l'épidémie, qui a atteint son pic ces derniers jours, lors d'un échange avec l'Agence régionale de la santé.

Engorgements 

Les difficultés sur ce front restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l'envoi de renforts médicaux face au risque de saturation des centres de santé.

"Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de +chik+ sur nos deux services d'urgence", ce qui génère "vraiment une grosse tension sur nos capacités", a-t-il alerté dimanche.

Début avril, le CHU avait déclenché le plan blanc, dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux.

Une campagne de vaccination a aussi été lancée le 7 avril. Les 40.000 premières doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont destinées aux personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités. Elles peuvent se faire vacciner gratuitement.

Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans.

Déjà frappées par une sécheresse sévère, toutes les filières agricoles de l'île - la canne à sucre représentant 53% de la surface agricole - ont lourdement été impactées par les vents et les pluies de Garance, qui a fait cinq morts.

"Echelle régionale" 

A la même époque, l'an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l'île, deux cyclones en deux ans qui témoignent de l'augmentation et de l'intensification de ces phénomènes météorologiques.

Le chef de l'Etat rencontrera dans la matinée des exploitants agricoles alors que l'île est autosuffisante aux trois-quarts.

La souveraineté alimentaire sera au coeur du cinquième sommet de la Commission de l'océan Indien jeudi à Madagascar.

La Réunion y est représentée au côté de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles mais pas Mayotte, les Comores s'opposant à l'intégration de l'archipel dans l'organisation en raison d'un contentieux colonial.

"Le président veut à travers cette visite illustrer le fait que l’échelle régionale c’est le moyen de mieux survivre, de mieux se préparer à affronter ces éléments climatiques", résume l'Elysée.

"Cet espace régional doit s’organiser avec l'ensemble de ses territoires et il y a un avenir commun à bâtir", assure la présidence française.

Emmanuel Macron fera aussi le point sur l'état de l'économie réunionnaise.