Kamel Khélif, dessinateur, peintre et écrivain entre ombre et lumière

L'artiste, peintre et écrivain français Kamel Khelif pratique la peinture tandis que son travail est visionné en direct sur un écran géant dans le cadre du festival d'histoire des Rencontres d'Averroès à Marseille, France, le 15 novembre 2023 (Photo, AFP).
L'artiste, peintre et écrivain français Kamel Khelif pratique la peinture tandis que son travail est visionné en direct sur un écran géant dans le cadre du festival d'histoire des Rencontres d'Averroès à Marseille, France, le 15 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 novembre 2023

Kamel Khélif, dessinateur, peintre et écrivain entre ombre et lumière

  • Son but a toujours «été d'inventer une autre réalité sur papier, un moyen d'échapper à la réalité sordide»
  • En parallèle d'une activité d'éducateur de quartier, il réalise des illustrations pour différents journaux et revues, donnant la parole aux jeunes de banlieue

MARSEILLE: Visage concentré et éclairé, mains dans l'obscurité peignant une composition originale en noir et blanc, le tout diffusé en direct sur l'écran d'une salle obscure: les oeuvres de Kamel Khélif, à l'image de sa vie imprégnée par l'exil, naviguent toujours entre ombre et lumière.

Invité par les Rencontres d'Averroès à Marseille (sud de la France) jeudi, le dessinateur, peintre et écrivain de 64 ans a également lu certains des textes de son prochain roman graphique, prévu pour 2024, dont des planches étaient parallèlement projetées en avant-première.

A l'image de ses précédentes productions ("Même si c'est la nuit", "Les Exilés, histoires", "Ce pays qui est le vôtre"), les thématiques de l'errance et de la quête d'identité y apparaissent centrales, des leitmotivs pour cet Algérien "au parcours géographique mouvementé".

"Je me sers toujours d'éléments autobiographiques pour aller vers l'imaginaire", explique, entre deux bouffées de cigarette roulée, l'élégant Marseillais d'adoption aux cheveux grisonnants.

Celui qui ne se présente pas comme Algérien et qui depuis longtemps aurait pu obtenir la nationalité française --non demandée "car les tâches administratives (l')emmerdent"-- se définit comme "dessinateur". Son but a toujours "été d'inventer une autre réalité sur papier, un moyen d'échapper à la réalité sordide".

Comme un exutoire pour cet "enfant de la guerre" arrivé à quatre ans à Marseille, alors sous la neige, en décembre 1964, peu après les Accords d'Evian (1962), actant la fin officielle du conflit entre la France et son ex-colonie.

D'abord placé quelques jours dans la "prison" d'Arenc (un quartier de Marseille), où sont parqués les migrants, il sera déplacé dans un bidonville puis dans une cité, au coeur de ce qu'on appellera "les quartiers nord".

C'est là, alors âgé de sept ans, qu'il griffonne sur son carnet de classe un arbre: "J'ai senti quelque chose. Des années plus tard, un pédopsychiatre m'a dit que l'arbre symbolise l'autoportrait". Et pas nécessairement la quête de racines, comme il l'a cru pendant longtemps.

«Frère» de van Gogh 

Après des études dans un lycée professionnel à apprendre les métiers de mécanicien-tourneur puis de dessinateur industriel, il tombe sur "La vie exaltée de van Gogh", livre de Dominique Auriange où l'artiste apparaît sur la couverture, peint au fusain.

"Ma vie bascule: +enfin un frère!+, me suis-je dit. Je me retrouvais dans son parcours, son rapport à son père. Ce livre fut une rencontre avec un auteur", s'exclame Kamel Khélif, les yeux pétillants.

Un incompressible besoin de création le traverse alors, pour compenser sa timidité à l'oral: "J'ai voulu dessiner la vie puis la peindre. Partout où je pouvais, sur des cartons, des portes d'armoires, des feuilles de papier...", dans son appartement du quartier populaire de Noailles, à Marseille, qu'il occupe toujours 35 ans après.

En parallèle d'une activité d'éducateur de quartier, il réalise des illustrations pour différents journaux et revues, donnant la parole aux jeunes de banlieue. Il découvre aussi la bande dessinée à travers l'illustrateur français, très classique, Raylambert. Suivent les peintures expressives des maîtres italiens Giotto ou Paolo Uccello, avant Vinci, Caravage et Rembrandt.

Depuis, son style au fusain ou à la peinture à l'huile, toujours noire, rappelle davantage le style d'une Camille Claudel. "Le blanc et noir donnent une dimension historique, on navigue entre la naissance et la mort, c'est-à-dire la vie. Et le but de tout artiste, c'est de peindre la vie", estime l'autodidacte.

Il réalise des illustrations pour "Le prophète" du poète libanais Khalil Gibran, est repéré par des galeries londoniennes et des revues américaines. En 2014, il collabore avec le photographe américain Jim Goldberg, illustrant le drame de la guerre du Kivu au Congo.

Des images sur lesquelles il viendra peu à peu poser ses propres mots, une gageure pour ce fils de famille nombreuse qui a grandi dans un environnement où "il n'y avait pas de livres, même pas le Coran".

Amoureux de la cité phocéenne, il regarde avec amertume ses évolutions, notamment la "perte de son identité populaire et rebelle, au profit d'une gentrification forcée rendant compliqué aux habitants de se loger".

Lui-même, payant encore un faible loyer, craint son expulsion prochaine suite au rachat de son immeuble par un promoteur immobilier qui le contraindrait à... un nouvel exil: "mais où voulez-vous que j'aille ? Ma vie se fait sur mes feuilles de papier".


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com