VIENNE: La décision de l'Iran d'interdire l'accès de ses installations à plusieurs inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a "directement et gravement affecté" la capacité à contrôler son programme nucléaire, qui continue à monter en puissance, selon l'instance onusienne.
Ce geste "sans précédent", qui cible des nationalités en particulier, est "extrême et injustifié", condamne l'Agence dans un rapport confidentiel consulté mercredi par l'AFP à une semaine d'une réunion du Conseil des gouverneurs à Vienne.
Selon une source diplomatique, huit experts, Français et Allemands notamment, sont concernés.
Le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi a reçu mercredi une réponse de Téhéran, arguant de "son droit" de révoquer l'accréditation des inspecteurs tout en disant "explorer les possibilités" de revenir sur sa décision.
Sur les autres dossiers, l'organisation onusienne a de nouveau déploré le manque de coopération de la République islamique.
L'AIEA dénonce depuis des mois la déconnexion de nombreuses caméras de surveillance et l'absence d'explications au sujet des traces d'uranium découvertes sur deux sites non déclarés, Turquzabad et Varamin.
Seuil de l'arme atomique
Parallèlement, l'Iran a nettement accru ces derniers mois son stock d'uranium enrichi, poursuivant son escalade nucléaire même s'il nie vouloir se doter de la bombe, d'après un second rapport.
Les stocks s'élevaient à 4.486,8 kg à la date du 28 octobre (contre 3.795,5 kg mi-août), soit plus de 22 fois la limite autorisée par l'accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d'une levée des sanctions internationales.
L'Iran enrichit en outre à des niveaux élevés, loin du plafond fixé à 3,67% équivalant à ce qui est utilisé dans les centrales nucléaires pour la production d'électricité: il dispose désormais de 567,1 kg (contre 535,8 kg auparavant) enrichis à 20% et de 128,3 kg à 60% (contre 121,6 kg).
Dans le cas du seuil de 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique, Téhéran a cependant ralenti depuis le printemps le rythme de production.
Des experts y voient le possible signe de la volonté de l'Iran de désamorcer la situation, alors que des pourparlers informels avaient repris avec les Etats-Unis.
Ces dernières semaines, l'animosité entre les deux pays ennemis est cependant remontée d'un cran avec le conflit entre Israël et le Hamas palestinien, que Washington et Téhéran s'accusent mutuellement d'aggraver.