RIYAD: La perspective de la participation de la Palestine à la Coupe du monde 2026 fait rêver et, compte tenu du spectre de la mort et de la destruction qui plane sur Gaza, ce rêve est plus important que jamais. Makram Daboub, entraîneur de l’équipe nationale, le comprend mieux que quiconque, lui qui confie à Arab News: «Nous aborderons chaque match en temps voulu, mais nous sommes fiers de représenter le peuple palestinien et souhaitons obtenir de bons résultats.» La phase de qualification débutera jeudi à Charjah contre le Liban.
Nommé en 2021, le tacticien tunisien a conscience que, même lorsque la situation en Palestine est relativement calme, l’équipe nationale doit relever des défis colossaux pour seulement pouvoir concourir en Asie: des heures, voire plus, sont consacrées à franchir les points de contrôle et à tenter de sortir de Gaza ou de Cisjordanie pour participer à des matchs internationaux. Le simple fait de se déplacer entre les différents territoires de Palestine peut constituer en soi une expérience frustrante. Mais la situation actuelle est sans doute la pire jamais vécue: depuis plus d’un mois, les bombes israéliennes tombent sur Gaza, des milliers d’habitants ont été tués et des chars ont désormais pris position dans les rues.
Toutefois, comme toujours, rien ne semble arrêter le football, notamment lorsqu’il s’agit de la Coupe du monde.
La Palestine s’entraîne en Jordanie depuis le 24 octobre pour son match contre le Liban, puis elle affrontera l’Australie mardi prochain à Koweït City. Le Bangladesh est la quatrième équipe du groupe et les deux meilleures équipes accéderont au tour final de qualification.
Sur le papier, la Palestine – deuxième équipe la mieux classée du groupe – a de grandes chances de faire partie des dix-huit équipes qui se battront pour être présentes en Asie pour la Coupe du monde 2026.
En effet, l’équipe était sur la bonne voie. Ses résultats de 2023 – avec une victoire 2-1 au royaume de Bahreïn en mars et des échecs d’extrême justesse contre la Chine et Oman – étaient encourageants. Elle s’est qualifiée pour la troisième fois consécutive pour la Coupe d’Asie des nations, qui commence au mois de janvier.
S’il est délicat de faire des prédictions, il est encore plus difficile d’imaginer ce que vivent les joueurs au moment où la guerre entre Israël et le Hamas fait rage.
«Les entraînements se déroulent plutôt bien, malgré l’état psychologique des joueurs lié à la guerre et au climat dangereux qui règne en Palestine; ils sont inquiets pour leurs familles, leurs amis et leurs proches», explique M. Daboub.
«Les joueurs sont à l’hôtel ou dans le bus la plupart du temps. Ils suivent l’actualité grâce à leurs téléphones et communiquent avec leurs familles. Ils sont dans un état d’anxiété constant face à la poursuite de l’agression et de la guerre en Palestine», ajoute-t-il.
Trois joueurs – Ibrahim Abuimeir, Khaled al-Nabris et Ahmed al-Kayed – ont été contactés par M. Daboub, mais n’ont pas pu sortir de Gaza. Mahmoud Wadi, qui fait partie des footballeurs présents à l’entraînement, joue dans un club de football en Égypte. Il a récemment fait part à la télévision égyptienne de son inquiétude permanente pour sa famille et ses amis restés au pays.
L’équipe, à laquelle se joindront plus tard des joueurs qui habitent à l’étranger, est venue en Jordanie pour s’entraîner. De plus, les joueurs voulaient s’assurer qu’ils étaient physiquement capables de voyager et de remplir leur mission. Compte tenu des inquiétudes au sujet de la situation sécuritaire au Liban, le match de jeudi se déroulera désormais à Charjah, aux Émirats arabes unis.
«Jouer aux Émirats est considéré comme un terrain neutre. En outre, comme il s’agit d’un match à domicile pour le Liban, je pense que c’est mieux pour nous que de jouer sur le sol libanais, où les joueurs bénéficieraient d’un grand soutien de la part du public», explique M. Daboub.
Cependant, le match ne sera pas facile. Le Liban a battu l’Inde en septembre et il a perdu de justesse contre la Thaïlande, les Émirats arabes unis et le Monténégro. Ces rencontres ont été analysées à la loupe par l’entraîneur de la Palestine.
«L’équipe nationale du Liban compte des joueurs excellents et expérimentés qui ont réalisé une très bonne prestation lors des deux derniers matchs en octobre», confie-t-il.
Le Liban a également atteint le tour final de qualification dans deux des trois dernières Coupes du monde. Alors que l’Australie devrait terminer première du groupe et le Bangladesh dernier, le match de jeudi est extrêmement important.
«Ce match est vital pour que les deux équipes se qualifient pour le tour suivant», rappelle M. Daboub.
Que la Palestine y parvienne ou non, le simple fait de participer aux éliminatoires est capital pour l’équipe nationale et les millions de personnes qu’elle représente sur la scène mondiale.
«C’est un honneur pour moi d’être entraîneur de la Palestine et je me considère comme chanceux. Il s’agit d’une équipe très spéciale et nous ferons de notre mieux pour que le peuple palestinien soit fier de nous», conclut M. Daboub.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com