WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi renouveler pour une période de 120 jours une dérogation aux sanctions permettant à l'Irak de se procurer en électricité auprès de l'Iran, une décision qui risque d'être dénoncée dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas.
"Cette mesure va permettre à l'Irak d'utiliser ses propres fonds pour payer l'importation d'électricité d'Iran qui sera placé dans des comptes iraniens restreints en Irak", a déclaré à des journalistes un haut responsable du département d'Etat américain, en rappelant que "l'Iran ne peut utiliser ces fonds que pour des besoins humanitaires".
En raison des sanctions américaines contre l'Iran, Bagdad ne peut pas payer directement Téhéran pour son gaz.
Pour obliger Bagdad à verser ses impayés, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz, essentiels pour les centrales électriques irakiennes puisqu'ils couvrent un tiers des besoins du pays.
Les impayés de Bagdad à Téhéran pour d'anciennes importations de gaz, avoisinent quelque 10 milliards de dollars, a indiqué le haut responsable sous couvert de l'anonymat.
La dérogation prévoit également qu'une partie des fonds soient transférés vers Oman.
C'est la 21e fois que Washington renouvelle cette dérogation aux sanctions depuis 2018, mais celle-ci est régulièrement dénoncée par l'opposition républicaine à l'administration Biden car elle donne à l'Iran accès à de l'argent frais.
Elle risque d'être d'autant plus critiquée alors que l'Iran est accusé de soutenir le Hamas qui a lancé une attaque sans précédent sur le sol israélien, le 7 octobre.
Soutenir l'Irak
Washington accuse aussi Téhéran d'être impliqué, via des groupes qui lui sont affiliés, à des attaques visant ses troupes stationnées en Irak et en Syrie. Les Etats-Unis ont répliqué en menant à trois reprises des frappes en Syrie sur des sites liés à l'Iran.
Mais les responsables américains expliquent que le renouvellement de la dérogation permet avant tout de soutenir l'Irak, qui en parallèle est engagé dans une transition énergétique.
"Il s'agit de réduire l'influence de l'Iran sur l'Irak", a justifié le responsable.
"Cela ne signifie aucun changement de politique vis-à-vis de l'Iran", a-t-il insisté, en soulignant que les Etats-Unis n'allégeaient pas leurs sanctions contre Téhéran.
En juillet dernier, l'Irak avait annoncé son intention de payer ses importations de gaz iranien en fournissant du pétrole à Téhéran, afin de contourner le laborieux mécanisme financier actuellement en vigueur.
Le dossier de l'électricité est ultra-sensible en Irak, pays de 43 millions d'habitants aux immenses richesses en hydrocarbures, où la population vit avec des délestages quotidiens qui empirent l'été et sont parfois à l'origine de manifestations.