CLAIREFONTAINE-EN-YVELINES: "L'excellence" d'un modèle "copié dans le monde entier": la Fédération française de football (FFF) a fêté mardi au centre d'entraînement de Clairefontaine les 50 ans de sa formation, qui l'a conduite à gagner notamment deux Coupes du monde et deux Euros.
"L'INF Clairefontaine c'est des souvenirs pour la vie, le premier passage hors de la maison", raconte Kylian Mbappé, un de ses plus illustres pensionnaires (2013-2015).
"On a commencé à y apprendre que le foot était un métier, pour nous c'était une passion, on y a appris qu'il faut +comprendre+ le football", poursuit le capitaine de l'équipe de France.
Mbappé a clôturé les tables rondes de cette journée avec trois de ses coéquipiers en A également issus de l'Institut national du football, Marcus Thuram, Youssouf Fofana et Alphonse Areola, qui préparent les matches des Bleus contre Gibraltar, samedi à Nice, et la Grèce, mardi 21 novembre à Athènes, en qualification pour l'Euro-2024, pour lequel ils ont déjà leur ticket.
Ces internationaux forment la quintessence de la formation à l'INF.
La naissance de cette prestigieuse école du jeu a même 51 ans, mais "les festivités ont été décalées pour des raisons d'organisation", explique le président de la Fédération française de foot (FFF) Philippe Diallo.
C'est en 1972 à Vichy que l'ancien sélectionneur Georges Boulogne a eu l'idée de développer la formation après les échecs répétés de l'équipe nationale, qui n'a disputé qu'une Coupe du monde entre l'Euro-1960 et le Mondial-1978, passant à côté de celle de 1966 (élimination au premier tour).
Boulogne-Hidalgo, la première pierre
Secondé notamment par Michel Hidalgo, qui devint ensuite le premier sélectionneur à succès des Bleus (1976-1984), avec un titre de champion d'Europe glané à Paris il y a 39 ans, Boulogne a posé la première pierre, avec le soutien du président de la FFF d'alors, Fernand Sastre.
Depuis, la formation n'a cessé de se développer avec 25 pôles espoirs, 13 000 clubs amateurs. Et la France est devenue le deuxième pays exportateur de joueurs professionnels derrière le Brésil.
"Notre formation est copiée dans le monde entier", a résumé le président Diallo.
Pour le directeur technique national (DTN) Hubert Fournier, une des forces de la formation à la française est "ce modèle assez systémique, dans lequel tous les acteurs ont leur importance. Nos écoles de foot sont la courroie de démarrage, les A sont tous passés un jour ou l'autre par une école de foot", a-t-il dit.
Il a cité également "un peu plus de 1000 sections sport-études et les 33 centres de formation agréés des clubs professionnels plus 6 centres féminins".
En ce jour anniversaire, en présence de plus de 500 anciens stagiaires, dont Thierry Henry, aujourd'hui sélectionneur des Espoirs, la Fédération a notamment organisé deux tables rondes.
Préformation «décisive»
L'une sur la "formation féminine et (la) mixité" a souligné l'intérêt de faire jouer ensemble filles et garçons jusqu'à un certain âge.
"Le respect des consignes des filles apporte beaucoup aux garçons", a souligné l'éducatrice Peggy Provost, entraîneuse des U17 championnes d'Europe cette année.
"La mixité permet aux filles de se surpasser et incite les garçons à être moins dans la +jouerie+", a ajouté Christian Bassila, directeur de la section féminine de l'INF.
Lors de la seconde table ronde, baptisée "vision et projection", le sélectionneur Didier Deschamps a estimé que "l'étape décisive a été de passer à la préformation avec les plus jeunes", ce qui a permis d'"accompagner les gamins dans leur adolescence, pas seulement sur le football".
"Titi" Henry lui a tenu à "juste dire merci à deux +monstres+ de l'éducation, Monsieur (Christian) Damiano et Monsieur Francisco (Filho) là devant moi. J'ai tout appris ici, à comprendre le jeu, à penser à jouer au foot".
Pour Arsène Wenger, directeur du développement du foot mondial à la Fifa, un des atouts de la formation à la française a été "l'identification rationnelle des talents".
Puis "l'Angleterre a copié le système français, il n'y avait pas de centre de formation quand je suis arrivé" à Arsenal en 1996, a-t-il rappelé.
Les tables rondes se sont terminées par une accolade entre Deschamps et son sélectionneur en 1998, Aimé Jacquet, ancien DTN, deux fleurons de la formation à la française.