NEW YORK: Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est déclaré jeudi «profondément préoccupé» par le pardon par le pardon accordé par le président américain Donald Trump à quatre anciens employés de la firme de sécurité privée Blackwater en Irak .
Les quatre hommes ont été jugés et condamnés par un tribunal américain pour des tirs injustifiés et non provoqués, à l’aide de mitrailleuses et de lance-grenades. L’attaque a fait 17 morts parmi les civils irakiens.
Le massacre a eu lieu le 16 septembre 2007 sur la place Nisour à Bagdad. Parmi les victimes, un étudiant en médecine, décédé en compagnie de sa mère, et deux garçons âgés de 9 et 11 ans. Les meurtres ont suscité l’effroi de la communauté internationale.
Blackwater a été fondée par l'ancien membre de Navy SEAL, Erik Prince, qui deviendra plus tard un proche allié de Trump.
La firme militaire détient des milliards de dollars en contrats, malgré les nombreuses accusations d'abus qui somme toute n'auront rien fait pour arrêter sa croissance.
Les quatre gardes de Blackwater - Nicholas Slatten, Paul Slough, Evan Liberty et Dustin Heard - ont été condamnés en 2014.
Slatten, auteur des premiers coups de feu, a été condamné à perpétuité, tandis que les trois autres se sont vus attribuer 30 ans de prison pour homicide involontaire.
La longue enquête a vu trente témoins irakiens qui ont perdu leurs proches dans les fusillades se rendre aux États-Unis afin de témoigner au procès.
«Le pardon accordé aux quatre meurtriers contribue sans aucun doute à la culture de l'impunité, et aura pour effet d'encourager les autres à commettre de tels crimes à l'avenir», a signalé Marta Hurtado, porte-parole du HCDH.
La Maison Blanche a cependant déclaré dans un communiqué que les quatre agents ont «une longue histoire au service de la nation», et que leur grâce est «largement soutenue par le public» et certains élus.
La Maison Blanche soutient que l’affaire présente des problèmes de preuve, et que l'enquêteur irakien principal sur lequel les procureurs se sont appuyés «pourrait avoir eu lui-même des liens avec des groupes insurgés».
Cette déclaration a changé le déroulement de l'histoire du massacre, le minimisant pour qu’il ne devienne plus qu’un malheureux incident où «la situation a dérapé pour devenir incontrôlable et violente, ce qui a entraîné la mort et des blessures de civils irakiens».
Hurtado dévoile toutefois qu’en «enquêtant sur ces crimes et en clôturant les poursuites judiciaires, les États-Unis se sont conformés à leurs obligations en vertu du droit international».
Elle ajoute: «Les victimes de violations flagrantes des droits de l'homme et de violations graves du droit international humanitaire ont droit à un recours légitime. Cela inclut le droit de voir les auteurs purger des peines appropriées selon la gravité de leurs crimes».
Hurtado a exhorté Washington «à renouveler son engagement contre l'impunité pour les violations flagrantes des droits de l'homme et les violations graves du droit humanitaire international, ainsi qu'à respecter ses obligations et d'assurer que de tels crimes ne restent pas sans punition».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com