JO-2024: Paris dénonce une campagne de désinformation liée à l'Azerbaïdjan

La campagne visait à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les Jeux Olympiques 2024 (Photo d’illustration, AFP).
La campagne visait à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les Jeux Olympiques 2024 (Photo d’illustration, AFP).
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Publié le Mardi 14 novembre 2023

JO-2024: Paris dénonce une campagne de désinformation liée à l'Azerbaïdjan

  • Les investigations ont démarré le 26 juillet dernier lorsque «plusieurs visuels appelant à boycotter les JO-24» massivement partagés sur X ont été détectés
  • Une vidéo hostile à la tenue des JO, vue des millions de fois, établissait par exemple un parallèle entre des scènes d'émeutes et de compétitions sportives

PARIS: La France a accusé lundi des acteurs liés à l'Azerbaïdjan d'avoir mené une campagne de manipulation de l'information visant à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les Jeux Olympiques 2024.

Selon un rapport de Viginum, l'organisme de lutte contre les ingérences numériques étrangères, que l'AFP et d'autres médias ont pu consulter, les investigations ont démarré le 26 juillet dernier lorsque "plusieurs visuels appelant à boycotter les JO-24" massivement partagés sur X (anciennement Twitter), ont été détectés.

L'investigation a été menée dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Bakou. La France s'est impliquée ces derniers mois dans la médiation entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, deux anciennes républiques soviétiques en conflit depuis trente ans.

La France a en outre affiché son soutien à l'Arménie qui redoute une violation de son intégrité territoriale par l'Azerbaïdjan, une prise de position qui lui a valu des critiques acerbes du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.

"Mettant en scène des images d'émeutes ou de la ville de Paris, ces publications faisaient également figurer sur chaque contenu le logo des JO, trois comptes X officiels des JOP-24 et deux hashtags #PARIS2024 et #BOYCOTTPARIS2024", détaille Viginum dans son rapport.

Les 26 et 27 juillet, plus de 1.600 publications accompagnées de ces visuels ou des hashtags ont été publiées sur la plateforme. Quelque 91 comptes semblent être à l'origine de ces publications "laissant suggérer une amplification artificielle", selon Viginum, organisme dépendant de la Première ministre.

Certains d'entre eux présentent "des caractéristiques inauthentiques tant en matière d'activité que de critères de profil", est-il précisé.

Viginum a ainsi déterminé que 40 d'entre eux ont été créés au cours du mois de juillet 2023 et ont publié "uniquement des contenus appelant à boycotter" les Jeux.

En outre, l'enquête a révélé que sur ces 91 comptes, "une part importante présente au moins un lien avec l'Azerbaïdjan": une photo comportant le drapeau de l'Azerbaïdjan ou des lieux azerbaïdjanais, une localisation déclarée en Azerbaïdjan, la présence de caractères azéris, ou encore la promotion de vidéos ou d'extraits de déclarations du président azerbaïdjanais.

Autre "marqueur d'inauthenticité", lorsqu'un compte s'est déclaré en France, des fautes d'orthographe sur la localisation laissant à penser qu'il s'agit d'une traduction littérale de l'azerbaïdjanais vers le français, à l'instar de Bordo pour Bordeaux ou Monpelye pour Montpellier.

Des investigations complémentaires ont également permis d'identifier un compte à l'origine de la publication des contenus ciblant la tenue des JO sur X.

Parti du président Aliev

Le compte @MuxtarYev, qui a publié 15 visuels différents appelant au boycott, partagés ensuite et amplifiés par des comptes inauthentiques et repris instantanément par des comptes X liés à l'Azerbaïdjan, "renforce l'hypothèse d'une manoeuvre coordonnée".

Créé en juin 2023, le compte @MuxtarYevse se dit localisé en Azerbaïdjan. "Le nom affiché Muxtar Nagiyev ainsi que la photo du profil du compte coïncident avec l'identité du président de l'organisation du district de Sabail du parti Nouvel Azerbaïdjan", parti du président Aliev.

En outre, une vidéo hostile à la tenue des JO établissant un parallèle entre des scènes d'émeutes et de compétitions sportives a été publiée le 27 juillet par le compte X @NewYorkInsider, un faux média d'information.

Cette vidéo de 39 secondes a été visionnée des millions de fois, a précisé Viginum qui y voit clairement une volonté de nuire à l'image de la France.

Le 8 août 2023, le compte @NewYorkInsider affichait plus de 11.000 abonnés et 48 abonnements. Sur les 11.000 plus de 7.000 ont été créés après le 1er juillet et "la majorité présente des caractéristiques inauthentiques", à savoir absence d'abonnés, aucune publication, caractéristiques communes dans leurs noms d'utilisateurs.

Les enquêteurs de Viginum ont aussi déterminé que d'autres noms de domaine apparaissent pour newyorkinsider, hébergés sur le même serveur dont le site orkhanrza.com qui fait la promotion de Orkhan Rzayev, un ressortissant azerbaïdjanais à la tête de deux entreprises: Eleven Kings et Mediamark Digital.

La première entreprise est spécialisée dans les jeux vidéos et la seconde dans le marketing numérique

Viginum a conclu que la campagne Olimpiya, JO en azéri, "est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation". Et il s'attend à d'autres potentielles campagnes visant les JO.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.