PARIS: Les associations d'aide aux exilés ont exprimé jeudi leur "sidération" et leur "vive inquiétude" concernant la série de durcissements du projet de loi immigration actuellement débattu au Sénat, dénonçant une "dérive" qui met en péril "l'unité" du pays.
Depuis lundi, la chambre haute, contrôlée par une majorité de droite et du centre, a entamé l'examen de ce texte sensible, auquel il a donné un sévère tour de vis en adoptant ou durcissant plusieurs mesures qui sont des marqueurs d'une ligne très droitière en matière migratoire: suppression de l'aide médicale d’État, du droit du sol, resserrement du regroupement familial, quotas migratoires, rétablissement du délit de séjour irrégulier...
Il faut "stopper la dérive engagée au Sénat", notamment à l'occasion du passage du texte à l'Assemblée nationale à partir du 11 décembre, a réclamé dans un communiqué la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe 870 associations et organismes qui agissent dans le domaine social et de l'aide aux migrants.
L'examen au Sénat suscite "la plus vive inquiétude pour la situation des personnes étrangères, la santé publique, les conditions d'action des associations, le dynamisme de nos entreprises et pour l'unité même du pays", ont écrit ces associations.
Cela intervient quelques heures après un durcissement notable de la mesure emblématique du volet intégration du texte: celle concernant la régularisation de certains travailleurs dans les métiers en tension.
En allant "bien au-delà de légitimes préoccupations de protection de l'ordre public", mises en avant par le gouvernement, "la majorité sénatoriale fait preuve d'un déni des réalités", ont-elles ajouté.
"Cela ne peut que susciter la sidération de la part d'une Assemblée habituellement vouée à une sagesse dont le pays a plus que jamais besoin pour faire obstacle aux instrumentalisations haineuses et trouver son unité en posant les bases d'un accueil organisé et maîtrisé des étrangers", a affirmé la FAS.
Les associations ont fait part de leurs préoccupations au lendemain de débats tendus au Sénat, notamment sur la question du droit du sol. Le sénateur Stéphane Ravier (Reconquête) a notamment déclaré qu'un "veau qui naît dans une écurie, cela ne fera jamais de lui un cheval".
Face à ces débats, "le positionnement pour le moins ambigu des membres du gouvernement présents (...) ne peut qu'accentuer l'inquiétude et semer le trouble", ont observé ces organisations.