Jabaliya: Le bombardement israélien, une atrocité parmi tant d’autres pour le camp de réfugiés gazaoui

Des Palestiniens inspectent les conséquences d'une frappe israélienne la nuit précédente dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans la bande de Gaza (Photo, AFP).
Des Palestiniens inspectent les conséquences d'une frappe israélienne la nuit précédente dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans la bande de Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 09 novembre 2023

Jabaliya: Le bombardement israélien, une atrocité parmi tant d’autres pour le camp de réfugiés gazaoui

  • Au moins 210 Palestiniens ont été tués lors de récentes frappes des forces de défense israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya
  • Depuis sa création par l'Unrwa en 1948, la ville de Jabaliya, appauvrie et surpeuplée, a été le théâtre de raids et de soulèvements répétés

LONDRES: Ces derniers jours, les frappes aériennes israéliennes sur Jabaliya, le plus grand et le plus densément peuplé des huit camps de réfugiés de Gaza, ont tué au moins 210 Palestiniens, en ont blessé des centaines d'autres et ont laissé des dizaines de personnes ensevelies sous les décombres de leurs maisons.

Peu de familles qui vivent dans ce camp surpeuplé, établi par les Nations unies au nord-est de la ville de Gaza en 1948, ont connu autre chose que la violence et les privations de la guerre. Aujourd'hui, sous les bombardements israéliens incessants, elles n'ont nulle part où aller.

Les 31 octobre et 1er novembre, les forces de défense israéliennes ont bombardé des immeubles entiers dans le camp de Jabaliya, tuant au moins 195 Palestiniens et en blessant plus de 777.

Israël a déclaré qu'il visait Ibrahim Biari, un commandant éminent du Hamas, dans le cadre de la mission des forces de défense israéliennes visant à détruire le groupe militant palestinien responsable des attaques du 7 octobre sur le sud d'Israël, qui ont entraîné la mort de 1 400 personnes et l'enlèvement de 240 autres.

Israël a déclaré avoir attaqué le camp de réfugiés de Jabaliya à Gaza (Photo, Reuters).

Lors d'un briefing après l'attentat, le porte-parole des forces de défense israéliennes, Daniel Hagari, a affirmé que Biari avait joué un rôle clé dans la planification des attaques du 7 octobre en utilisant un réseau de tunnels creusés sous le camp de réfugiés, que les responsables israéliens ont surnommé le «métro».

Les deux attaques israéliennes sur Jabaliya ont été suivies d'un troisième bombardement majeur samedi, qui a tué au moins 15 personnes. Selon le ministère de la Santé de Gaza, régi par le Hamas, le nombre de morts dans l'enclave assiégée depuis le 7 octobre dépasse désormais les 10 000. Le chiffre réel, incluant à la fois les civils et les combattants, serait bien plus élevé.

Les attaques contre Jabaliya ont suscité une condamnation générale, le Bahreïn et la Jordanie expulsant les ambassadeurs israéliens et rappelant les leurs.

L'Arabie saoudite a dénoncé «dans les termes les plus forts possibles» le «ciblage inhumain» du camp de réfugiés, tandis que les Émirats arabes unis ont déclaré que la persistance de ce «bombardement insensé» aurait des répercussions difficiles à résoudre pour la région.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, s'est dit «consterné par l'escalade de la violence à Gaza» et par les «frappes aériennes israéliennes dans les zones résidentielles du camp de réfugiés de Jabaliya, densément peuplé».

Pour le sénateur américain Bernie Sanders, il s’agit de «l'un des moments les plus horribles de l'histoire moderne», appelant à la cessation du massacre «aveugle» de civils à Gaza par Israël.

Othman Moqbel, directeur de l'agence d'aide humanitaire Action for Humanity, basée au Royaume-Uni, a déclaré à Arab News que son ONG était «horrifiée et dévastée par la nouvelle du massacre de Jabaliya» à Gaza.

Les attaques de Jabaliya ont suscité une condamnation générale (Photo, AFP).

Il a ajouté que le nombre de morts devrait s'alourdir à mesure que les équipes de secours continuent de fouiller les décombres à la recherche de survivants et de récupérer les corps.

Le camp de réfugiés de Jabaliya, d'une superficie de 1,4 kilomètre carré, abrite 116 000 résidents, selon l'Office de secours et de travaux des Nations unies, dont la plupart sont des descendants des familles palestiniennes qui ont fui leurs maisons à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948.

Nadia Naser-Najjab, maître de conférences en études palestiniennes à l'université britannique d'Exeter, a déclaré à Arab News qu'au milieu du carnage en cours à Gaza, les habitants de Jabaliya étaient «dans un état d'impuissance, sachant que même s'ils tentaient de fuir vers le sud de Gaza, ils seraient pris pour cible et tués soit sur le chemin, soit dans l'endroit où ils s'abriteraient».

Au début du conflit, Israël a exhorté les civils gazaouis à quitter leurs maisons et à chercher refuge dans le sud de la bande de Gaza, tandis que les forces de défense israéliennes menaient des bombardements et des opérations terrestres contre le Hamas dans le nord.

Cependant, une analyse récente de BBC Verify a révélé qu'Israël avait bombardé des zones de Gaza où il avait auparavant demandé aux civils palestiniens d'évacuer pour leur sécurité.

Bien entendu, le déplacement n'est pas une expérience nouvelle pour les habitants de Gaza, en particulier ceux de Jabaliya et d'autres camps.

«Ces réfugiés ont été expulsés d'autres parties du sud de la Palestine, comme les villes connues aujourd'hui sous le nom d'Ashkelon et de Sderot, pendant la Nakba», a indiqué Naser-Najjab, en référence aux déplacements massifs qui ont suivi la guerre de 1948.

«L'Unrwa a construit huit camps à Gaza pour les accueillir et s'occuper d'eux», a-t-elle ajouté.

Naser-Najjab a souligné que la question des réfugiés aurait dû être résolue depuis longtemps par une solution politique, mais que les accords d'Oslo de 1993 n'ont jamais abordé la question. «Israël n'a jamais accepté de résoudre le problème des réfugiés de manière équitable», a-t-elle expliqué.

Au moins 210 Palestiniens ont été tués dans l'attaque du camp (Photo, AFP).

«Au lieu de cela, Israël a proposé de relocaliser un certain nombre de réfugiés dans les territoires sous l'administration de l'Autorité palestinienne», a indiqué Naser-Najjab.

Le blocus de la bande de Gaza, qui dure depuis dix-sept ans, n'a fait qu'aggraver la misère de la population du camp de Jabaliya. Les problèmes identifiés par l'Unrwa comprennent des taux de chômage élevés, des coupures d'électricité prolongées, de l'eau contaminée, une surpopulation extrême et un manque de matériaux de construction pour agrandir les espaces de vie ou réparer les dommages causés par les précédentes attaques israéliennes.

Jabaliya a subi des coups répétés au cours des soixante-quinze années qui ont suivi sa création, ce qui lui a valu le surnom de «camp de la résistance», a déclaré à Arab News Mohammed Solieman, ancien professeur d'histoire à l'université de Leeds, en Angleterre.

La première intifada palestinienne, ou soulèvement, contre Israël a commencé dans le camp de Jabaliya en décembre 1987. Elle s'est achevée par la signature des accords d'Oslo en 1993, qui ont instauré des pourparlers directs entre les dirigeants israéliens et palestiniens.

EN BREF

- Le camp de réfugiés de Jabaliya a été créé par l'Unrwa en 1948.

- 116 000 personnes sont entassées dans ce camp de 1,4 km².

- Les attaques israéliennes contre Jabaliya ont suscité une forte condamnation de la part des pays arabes.

Le camp a également porté le poids d'une offensive militaire israélienne en mars 2003, au cours de laquelle des chars, des véhicules blindés, des avions de chasse et des hélicoptères de combat ont été déployés, selon les rapports des médias de l'époque. Au moins 11 Palestiniens auraient été tués et 140 blessés lors de cette offensive.

Une autre opération de grande envergure des forces israéliennes, qui s'est déroulée en septembre et octobre 2004, a visé le camp de Jabaliya ainsi que la ville de Beit Hanoun. Quinze maisons ont été rasées, selon l’Unrwa, et le personnel humanitaire international a été empêché d'entrer dans la bande de Gaza.

Pendant la guerre de Gaza en 2014, des avions de combat israéliens ont bombardé une école gérée par l'Unrwa qui abritait des Palestiniens déplacés, tuant au moins 20 personnes et en blessant plus de 150, selon les médias citant des responsables de la santé à Gaza.

Une vue d'ensemble du camp de réfugiés de Jabaliya et des destructions survenues dans le même camp après une frappe israélienne (Photo, AFP/Maxar).

Jabaliya était «l'une des zones éducatives les plus importantes de la bande de Gaza, car elle abrite des écoles de l'Unrwa», a mentionné Solieman. Selon les chiffres de l'Unrwa, le camp compte 26 écoles, deux centres de santé et une bibliothèque publique.

Les habitants se sont à nouveau réfugiés dans les écoles de l'Unrwa, qui n'ont pas été épargnées par les bombardements israéliens. Samedi, les forces de défense israéliennes ont frappé l'école Al-Fakhoura, gérée par l'Unrwa, tuant au moins 15 personnes et en blessant 54, selon les médias locaux.

«Après chaque guerre contre Gaza, la communauté internationale organise des conférences et décide de reconstruire la bande de Gaza», a souligné Naser-Najjab. 

«Ce qui est souvent proposé, c'est de l'aide humanitaire, qui est nécessaire et importante, mais pas de solution politique», a-t-elle insisté.

Elle a exhorté la communauté internationale à «examiner ce qui se passe aujourd'hui dans le contexte historique afin de trouver une solution juste et équitable pour la population de Gaza».

Citant des événements survenus au début des années 1970, lorsqu'Israël a démoli des maisons à Rafah sous le prétexte d'élargir les routes, déplaçant ainsi 16 000 Palestiniens, Naser-Najjab a dévoilé qu'elle pensait que les Israéliens avaient l'intention de pousser les Palestiniens de Gaza dans le Sinaï égyptien.

Jabaliya a subi des coups répétés au cours des soixante-quinze années qui ont suivi sa création, ce qui lui a valu le surnom de «camp de la résistance» (Photo, AFP/Getty Images).

En 1971, de nombreux habitants de la bande de Gaza «ont été forcés de se rendre dans le Sinaï, où le camp Canada a été établi», a ajouté Naser-Najjab.

Après la signature du traité de paix entre Israël et l'Égypte, connu sous le nom d'accords de Camp David en 1978, plusieurs familles sont retournées à Gaza depuis le Sinaï.

«Tel est le contexte de ce qui se passe aujourd'hui. Israël tente de pousser les habitants de Gaza dans la péninsule égyptienne du Sinaï, qu'il présente comme la seule solution à la crise humanitaire», a-t-elle soutenu.

Depuis le lancement des opérations militaires des forces israéliennes à Gaza, les frappes aériennes israéliennes ont visé plusieurs des huit camps de réfugiés de l'enclave septentrionale, dont Al-Shati, Nuseirat et Al-Maghazi, ainsi que Jabaliya.

Selon les médias locaux, une attaque perpétrée dans la nuit de samedi à dimanche contre le camp d'Al-Maghazi a fait au moins 47 morts et plus de 100 blessés, tandis que de nombreuses autres personnes restent piégées sous les décombres.

Israël a attaqué le camp de réfugiés de Jabaliya à Gaza le 31 octobre 2023 (Photo, Reuters).

Les agences d'aide humanitaire ont appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu immédiat à Gaza afin de venir en aide à la population civile, notamment aux personnes piégées à Jabaliya.

Moqbel, d'Action for Humanity, a déclaré: «Presque tous les jours, depuis des semaines, nous avons appelé à un cessez-le-feu, à un meilleur accès humanitaire et à la reconnaissance du droit international humanitaire afin de protéger la vie des innocents dans ce conflit catastrophique.

«Nous plaidons aujourd'hui la même chose et nous continuerons à le faire jusqu'à ce que toutes les vies soient protégées», a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".