ALGER: La militante Amira Bouraoui a été condamnée par contumace à une peine de dix ans de prison en Algérie, selon des informations rapportées par des médias locaux et un représentant de Reporters sans frontières. Le tribunal correctionnel de Constantine, situé dans l'est de l'Algérie, a rendu ce verdict mardi.
Elle était accusée de s'être soustraite à la justice en fuyant vers la France. De plus, le journaliste Moustapha Bendjama a été condamné à une peine de six mois de prison pour avoir prétendument facilité sa sortie du territoire algérien.
Au mois de juin, Human Rights Watch, l'Institut du Caire pour les études sur les Droits de l'Homme et EuroMed Rights ont appelé les autorités algériennes à libérer plusieurs personnes arrêtées après la fuite de l’activiste Amira Bouraoui.
Moustapha Bendjama, Raouf Farrah (chercheur), ainsi qu’un agent de la police aux frontières et un chauffeur de taxi figurent parmi les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire. Des membres de la famille d'Amira Bouraoui, dont sa mère, ont également été arrêtés puis placés sous contrôle judiciaire. Les autorités leur reprochent d’avoir aidé Bouraoui à fuir le pays.
Lors du procès qui s'est tenu il y a une semaine, le parquet avait requis une peine de dix ans de prison pour Amira Bouraoui et trois ans pour le journaliste Ben Jamaa. Le motif de sa condamnation était lié à la «sortie illégale du territoire algérien», à la fois vers la Tunisie puis vers la France, comme l'a indiqué son avocat Abdallah Haboul.
Incident diplomatique
L’intervention du personnel diplomatique pour exfiltrer clandestinement la militante, journaliste et médecin de profession, interdite de quitter le territoire algérien a suscité la colère d’Alger, et le président, Abdelmadjid Tebboune, a convoqué l'ambassadeur algérien en France «pour consultation», avant de le renvoyer à Paris quelques mois plus tard.
Le président français, Emmanuel Macron, avait commenté l'affaire Amira Bouraoui, à l'origine de la crise diplomatique entre Paris et Alger.
«Beaucoup de choses ont été dites […] et ce qui est sûr, c'est que beaucoup de partis anonymes ont à cœur que nos relations avec l'Algérie soient vouées à l'échec» a-t-il déploré.
Le président français a également réaffirmé qu’il allait continuer à «avancer» pour le renforcement de la relation de la France avec l’Algérie, au-delà des «polémiques» actuelles, précisant «on va avancer, la période n’est pas la meilleure mais ça ne m’arrêtera pas».
Amira Bouraoui est une gynécologue franco-algérienne âgée de 46 ans s’est fait connaître en 2014 lors de sa participation au mouvement «Barakat» contre la candidature de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat, pour devenir ensuite une figure emblématique du Hirak en 2019.
En juin 2020, Bouraoui, âgée de 46 ans, a été condamnée à un an de prison, mais a bénéficié d'une libération conditionnelle en juillet.
Malgré l'interdiction de voyager qui lui a été imposée, Bouraoui quitte l'Algérie et arrive en Tunisie le 3 février, avant d'être arrêtée alors qu'elle tentait de se rendre à Paris via l'aéroport de Tunis-Carthage.
Elle est restée en détention provisoire jusqu'à sa comparution devant le tribunal au bout de trois jours, qui a décidé de la libérer et de reporter l'examen de son affaire.
Le même jour, la militante a pu embarquer sur un vol vers Paris, malgré la tentative des autorités tunisiennes de la renvoyer en Algérie.