La guerre entre Israël et le Hamas façonne une nouvelle génération de combattants en Cisjordanie

Un garçon passe devant un mur criblé d'éclats d'obus dans le camp de Jénine, en Cisjordanie (Photo, AFP).
Un garçon passe devant un mur criblé d'éclats d'obus dans le camp de Jénine, en Cisjordanie (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 06 novembre 2023

La guerre entre Israël et le Hamas façonne une nouvelle génération de combattants en Cisjordanie

  • Les forces israéliennes multiplient les raids, des combattants palestiniens les affrontent dans les rues
  • De jeunes hommes armés s'attardent à l'extérieur de la mosquée, observant nerveusement un drone israélien bourdonnant dans les airs

JENINE: Les abords de la mosquée emblématique du camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, sont le théâtre d'une escalade de la violence depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Les forces israéliennes multiplient les raids, des combattants palestiniens les affrontent dans les rues, et les affiches à l'effigie des "martyrs" se superposent les unes sur les autres, alors que la cadence d'un conflit qui dure depuis plusieurs décennies s'accélère avec la guerre entre Israël et le mouvement islamiste.

Alors qu'un office pour trois combattants du Djihad islamique tués vendredi dernier vient d'être célébré, l'imam du quartier, Ismail Jaradat, 53 ans, note une tonalité plus politique dans les prêches de ces funérailles: "on parle aussi de la mort et de l'importance de tirer des leçons de celle-ci".

L'armée israélienne multiplie les incursions en Cisjordanie depuis le début de la guerre le 7 octobre, quand des centaines de combattants du Hamas sont entrés en Israël et y ont semé la terreur, principalement aux abords de la bande côtière.

Plus de 1.400 personnes ont été tuées, en majorité des civils, et plus de 240 ont été prises en otage et emmenées à Gaza, selon les autorités israéliennes.

Depuis lors, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, annexé depuis 1967, plus de 150 Palestiniens ont été tués, tandis que l'armée israélienne pilonne sans relâche la bande de Gaza, où près de 9.800 personnes ont été tuées selon le ministère de la Santé du Hamas.

Considéré comme l'un des foyers historiques de la résistance armée palestinienne à l'occupation israélienne, le camp de Jénine (nord), qui compte quelque 23.000 habitants selon l'ONU, a été la cible de plusieurs opérations israélienne, dont au moins une frappe aérienne.

Créé en 1953, ce camp est miné par la pauvreté et le chômage.

«Mon destin»

Sur un terrain situé en face de la mosquée, un jeune homme de 18 ans, vêtu d'un gilet pare-balles, se tient avec un air de défi près de l'endroit où, selon les habitants, un compagnon de lutte a été tué lors d'un raid israélien cette semaine.

"Notre motivation a été renforcée" par les attaques du 7 octobre, lâche-t-il, doigt sur la gâchette d'un fusil d'assaut auquel est accroché le portrait miniature d'un autre combattant tué.

"Le rythme de la résistance en Cisjordanie s'est accéléré", ajoute le jeune homme.

L'armée israélienne a déclaré avoir combattu des "assaillants armés" à Jénine cette semaine, en tuant "plusieurs".

Elle a affirmé qu'une attaque aérienne avait visé "une cellule armée qui lançait des engins explosifs", qu'une fusillade avait éclaté entre ses soldats et des hommes armés palestiniens et que des bombes placées en bord de route et "prêtes à détonner" avaient ensuite été découvertes.

Vendredi, les rues étaient encore bloquées par de nombreux "hérissons tchèques", ces imposants obstacles anti-char, et les passants faisaient remarquer les traces laissés par des bulldozers israéliens.

De jeunes hommes armés s'attardent à l'extérieur de la mosquée, observant nerveusement un drone israélien bourdonnant dans les airs.

"Je crois que notre cause est légitime, je me bats pour elle, et mon destin, si je meurs, c'est d'aller au paradis", pose l'homme armé. "Si j'ai des enfants un jour, je pense qu'ils suivront le même chemin".

«Coeurs de pierre»

Non loin de la mosquée, se trouve une ancienne gare ferroviaire du début du XXe siècle, l'un des arrêts de lignes reliant la Syrie, le Liban et le nord de la Palestine mandataire.

Des réfugiés palestiniens s'étaient brièvement installés dans cette gare lors de la "Nakba", la "catastrophe" que fut pour les Palestiniens l'exode forcé d'environ 760.000 d'entre eux à la création d'Israël en 1948, perçue comme l'injustice fondatrice de la résistance nationale palestinienne.

Aujourd'hui les vestiges de la station s'ornent d'une kyrielle de fanions noirs et jaunes, les couleurs du Djihad islamique, groupe armé bien implanté à Jénine.

Comme le Hamas, qu'Israël s'est juré d'anéantir, le Djihad islamique, soutenu par l'Iran, est considéré comme une organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis.

Alors que la violence monte d'un cran, Ibrahim al-Damj, un père de famille de 43 ans, a emmené ses enfants, dont un adolescent, vivre à l'extérieur du camp.

"Quand ils voient l'armée israélienne tuer et arrêter des membres de leur famille, cela peut les inciter à envisager de rejoindre la résistance", explique-t-il.

Un autre habitant du camp, Mohammad Obeed, pointe du doigt une tache de sang sur le mur derrière lui, parsemé d'éclats d'obus.

"Aujourd'hui, nos enfants, dès l'âge de trois ou quatre ans, ont déjà un cœur de pierre à cause de tout ce qu'ils ont vu", résume-t-il.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com