NEW YORK : Ces dernières années dans le Golfe se caractérisent par une montée des tensions, «une surenchère verbale, et de potentielles erreurs d’appréciation qui compliquent la résolution d’autres conflits dans la région», selon un haut responsable de l’ONU.
Lors d’une allocution prononcée devant le Conseil de sécurité de l’ONU mardi, la secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a sommé le régime iranien de s’abstenir de se soustraire à ses engagements prévus par le Plan d’action global commun (JCPOA) signé en 2015.
Mieux connu sous le nom d’accord sur le nucléaire iranien, l’accord contraint Téhéran de limiter ses recherches nucléaires en échange d’un allègement des sanctions. En plus de l’Iran, Il est signé par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis), ainsi que l’Allemagne et l’UE.
DiCarlo a informé le Conseil de sécurité des derniers développements relatifs à la Résolution 2231, qui sert de référence à l’accord sur le nucléaire et régit les modalités de sa mise en œuvre.
Elle a appelé toutes les signataires de l'accord à éviter toute activité qui pourrait exacerber les hostilités existantes, et à avoir plutôt recours au processus de règlement des différends contenu dans le JCPOA.
Après avoir réitéré son soutien au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour ses initiatives afin de faciliter le commerce et les relations économiques avec l’Iran, surtout durant la pandémie, Mme DiCarlo a exhorté Téhéran à tenir compte des «préoccupations concernant ses activités (de transfert d’armes)».
La Résolution 2231 comprend une clause qui interdit le transfert d’armes de ou vers l’Iran, et qui a pris fin le 18 octobre de cette année. Après le retrait des États-Unis du JCPOA en 2018 et la réimposition des sanctions contre Téhéran, l’administration Trump a présenté un projet de résolution pour prolonger l’embargo sur les armes de l’ONU. Le Conseil de sécurité a voté contre le projet.
La majorité des membres du Conseil ont aussi rejeté en août une demande des États-Unis de rétablir toutes les sanctions imposées avant la conclusion de l’accord sur le nucléaire, sous prétexte que Téhéran a violé de nombreux termes de l’accord. Cependant, l’une des conditions pour lancer le mécanisme, connu sous le terme «snapback», est que le pays qui fait en la demande doit être un participant actif au JCPOA, ce que les États-Unis n’étaient plus.
«La réimposition par les États-Unis de toutes ses sanctions nationales levées ou annulées par le JCPOA est contraire aux objectifs définis dans le plan et dans la Résolution 2231», insiste Mme DiCarlo, ajoutant que la majorité des États membres de l’ONU soutiennent toujours l’accord sur le nucléaire.
Citant deux cas de transfert d’armes, Mme DiCarlo affirme qu’Israël a fourni des informations au secrétaire général et au Conseil de sécurité à propos de la prolifération continue des armes de pointe en Iran. «En ce qui concerne les informations fournies par Israël sur quatre missiles guidés antichar Dehlavieh en Libye, le Secrétariat a pu vérifier que l’un des quatre missiles présente des caractéristiques conformes au Dehlavieh produit par l’Iran», a-t-elle déclaré. «Nous n’avons néanmoins pas été en mesure de déterminer si ce missile a été transféré en Libye, ou si son transfert est contraire aux dispositions de la Résolution».
L’Iran a rejeté ces affirmations dans une lettre adressée au secrétaire général.
De plus, Mme DiCarlo dit regretter «les mesures prises par l’Iran depuis juillet 2019 pour se défaire de certains de ses engagements relatifs au nucléaire dans le cadre du JCPOA ».
Cet accord garantit que les responsables de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) auront accès aux sites nucléaires iraniens et aux informations relatives au programme nucléaire du pays. Bien que Téhéran se soit conformé à certaines de ces dispositions, l’AIEA signale que les limites imposées par le JCPOA sur l’enrichissement de l’uranium ont été dépassées. De faibles niveaux d’enrichissement requis pour produire de l’énergie nucléaire sont autorisés dans le cadre de l’accord, mais les niveaux d’enrichissement plus élevés nécessaires pour la fabrication d’armes nucléaires ne le sont pas.
«Il est indispensable que l’Iran s’abstienne de prendre de nouvelles mesures pour réduire ses engagements, et qu’il recommence à appliquer le JCPOA à la lettre», martèle Mme DiCarlo.
Le parlement iranien a récemment adopté un projet de loi qui autorise l’installation de centrifugeuses avancées d’enrichissement d’uranium, ainsi que l’expulsion des inspecteurs de l’AIEA si le pays ne bénéficie pas des avantages économiques promis par l’accord. Les centrifugeuses avancées permettent l’enrichissement de l’uranium à des niveaux plus élevés que ceux autorisés dans le cadre de l’accord.
Plus tôt en décembre, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne se sont dits «très préoccupés» par cette annonce. «Si l’Iran souhaite sérieusement préserver un espace pour la diplomatie, il ne doit pas mettre en œuvre ces mesures», ont souligné les trois puissances dans un communiqué conjoint.
Le mois dernier, l’AIEA a rapporté que l’Iran a commencé à exploiter des centrifugeuses avancées dans un site sous-terrain à Natanz.
Le président-élu Joe Biden a promis un retour des États-Unis au JCPOA, mais il a laissé entendre que des négociations sont nécessaires au sujet du programme de missiles de l’Iran et ses activités perturbatrices dans la région. Les signataires européens de l’accord ont plus tard fait écho à ces propos.
L’Iran rejette toute suggestion de nouvelles négociations, et insiste sur un retour à l’accord sur le nucléaire tel que conclu en 2015.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com