DUBAÏ: Lorsque l’on évoque l’architecture islamique, on pense généralement à des édifices situés dans le monde arabe, à une ou deux exceptions près. Cependant, un nouvel ouvrage met en lumière des monuments moins connus, tant dans la région qu’à l’extérieur de celle-ci, du Chili à la Chine. L’ouvrage, intitulé «Islamic Architecture: A World History» («L’architecture islamique: une histoire mondiale»), a été écrit par l’auteur néerlandais Eric Broug, qui s’est spécialisé dans l’architecture islamique pendant plus de vingt ans.
M. Broug affirme qu’il a voulu éviter de se concentrer sur les «suspects habituels» dans son livre. «J’adore ces édifices, mais c’est toujours le palais de l’Alhambra (Grenade), le palais de Topkapi (Istanbul) (...)» explique M. Broug à Arab News depuis le Royaume-Uni. «D’un point de vue académique, j’ai toujours trouvé un peu ridicule d’avoir une perspective aussi réduite. Je voulais rédiger un livre mondial à ce sujet. Ne prétendons pas que tout cesse d’être intéressant après le XVIe siècle, intéressons-nous aussi au XXIe siècle.»
M. Broug a réussi à élargir cette perspective. L’ouvrage, publié par Thames & Hudson, est rempli de photos époustouflantes prises dans 350 musées, mosquées, mausolées, tombes et bains publics et autres édifices (pas nécessairement «religieux»), de plus de 60 pays, dont l’échelle et l’esthétique varient et qui ont été influencés par l’architecture islamique. M. Broug estime qu’ils présentent «une excellence ininterrompue depuis un millénaire». «Ce que j’aime dans l’architecture islamique, c’est l’exubérance créative et l’imagination», ajoute-t-il.
Il reconnaît également que le terme «architecture islamique» – qui aurait «surgi» en Syrie vers l’an 661 – est controversé et nuancé. M. Broug la définit comme «l’architecture construite dans les sociétés islamiques». Il ajoute toutefois: «Il faudrait ajouter un petit astérisque à cela, car dans ce cas, qu’en est-il des mosquées construites en Hollande, en Belgique ou au Royaume-Uni?»
Le processus de sélection de M. Broug s’est «non seulement basé sur l’importance historique, mais aussi sur la beauté. Par exemple, la Mosquée rose des Philippines est drapée de la tête aux pieds d’un rose Barbie exubérant (la couleur préférée de la famille mécène), tandis que la Mosquée Haji Habib en Éthiopie est beaucoup moins ostentatoire: elle est construite à partir de longs rondins de bois assemblés par des nomades.
Chaque édifice raconte l’histoire des personnes qui l’ont construit, les conditions dans lesquelles ils vivaient, ainsi que les ressources naturelles dont ils disposaient. M. Broug débute le livre avec une citation révélatrice, inscrite sur un bâtiment de Samarcande: «Si vous voulez nous connaître, examinez nos bâtiments.»
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com