ALGER : Le journaliste algérien Abdelkrim Zeghileche a quitté la prison mercredi à l'issue d'une peine de six mois avant d'être jugé le même jour dans deux autres affaires en appel, où il est notamment poursuivi pour «offense au chef de l'Etat».
«Abdelkrim Zeghileche est libre. Il est directement parti de la prison vers la cour de Constantine pour ses deux procès en appel», a déclaré à l'AFP Kaci Tansaout, coordinateur du Comité national de libération des détenus (CNLD), une association qui vient en aide aux prisonniers d'opinion en Algérie.
Arrêté en juin à Constantine (nord-est), le journaliste et directeur de la web radio indépendante Radio Sarbacane avait été condamné en appel, début novembre, à un an de prison dont six mois ferme pour «offense au chef de l'Etat» et «atteinte à l'unité nationale» via des publications Facebook, selon le CNLD.
Sa peine de prison purgée dans cette affaire, il était mercredi devant la justice à Constantine, pour deux autres procès en appel, dont les verdicts sont attendus le 30 décembre, selon M. Tansaout.
Il est poursuivi pour «offense au chef de l'Etat», à savoir l'ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika, et pour l'ouverture de Radio Sarbacane sans autorisation.
Le parquet a demandé la confirmation de sa condamnation en première instance à six mois de prison ferme et 50.000 dinars (300 euros) d'amende.
L'autre affaire l'oppose à l'ex-wali (préfet) de Constantine pour diffamation. Le parquet a requis mercredi un an de prison ferme et une amende.
Le CNLD a dénoncé un «acharnement judiciaire» contre M. Zeghileche.
Le journaliste indépendant, dont la radio a été décrite comme «un espace de débat et une tribune pour l’opposition» selon les médias locaux, était engagé dans diverses initiatives en faveur du changement politique en Algérie.
Parmi elles, le mouvement «Mouwatana» contre le cinquième mandat de M. Bouteflika et l'initiative «Perspectives algériennes», née dans le sillage du soulèvement populaire antirégime du Hirak.
D'après un décompte du CNLD, plus de 90 personnes - dont des journalistes et des blogueurs - sont emprisonnées en Algérie pour des faits liés à la contestation et aux libertés individuelles, la plupart pour des avis critiques exprimées sur les réseaux sociaux.