PARIS: Le parquet de Paris a indiqué mardi avoir ouvert une enquête après la découverte d'étoiles de David, symbole de la religion juive et de l'Etat d'Israël, taguées en bleu sur plusieurs bâtiments de la capitale, des "agissements ignobles" selon Elisabeth Borne.
L'enquête, ouverte pour dégradation du bien d'autrui aggravée par la circonstance qu'elle a été commise en raison de l'origine, la race, l'ethnie ou la religion, a été confiée à la Sûreté territoriale de Paris, a précisé le parquet, sollicité par l'AFP.
Interrogée mardi à l'Assemblée nationale, la Première ministre Élisabeth Borne a condamné "avec la plus grande fermeté" ces "agissements ignobles" et affirmé que l'exécutif "ne laisser(ait) rien passer".
"C'est le devoir de la République de protéger tous les juifs de France", a-t-elle insisté, affirmant que "tous ceux qui se rendent coupables de ces actes doivent être interpellés et condamnés" et que "rien ne peut être toléré, justifié ou excusé".
Une soixantaine d'étoiles de David ont été dessinées au pochoir bleu sur plusieurs façades d'immeubles du 14e arrondissement de Paris, a indiqué le parquet à l'AFP.
Il a précisé ne pas savoir si ces tags "ont pour but d'insulter le peuple juif ou d'en revendiquer l'appartenance, notamment puisqu'il s'agit de l'étoile bleue" et non jaune, tout en estimant nécessaire d'enquêter, "au regard du contexte géopolitique et à son retentissement au sein de la population".
Dans un communiqué relayé sur le réseau social X (ex-Twitter), la maire du 14e arrondissement Carine Petit les a cependant qualifiés d'"actes antisémites et racistes".
"Cet acte de marquage rappelle les procédés des années 1930 et la Seconde guerre mondiale qui ont conduit à l'extermination de millions de juifs", a-t-elle dénoncé, à l'instar du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui s'est aussi exprimé en ce sens.
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a dénoncé sur X "une vague de haine (...) d'une ampleur inédite, (qui) gangrène le tissu social, la cohésion nationale et les valeurs de la République".
"Il y a clairement chez les personnes qui ont fait ça une volonté de terrifier", a déclaré à l'AFP le président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Samuel Lejoyeux.
SOS Racisme a appelé de son côté "à refuser ces logiques d’importation des haines". "Les Français juifs n'ont de compte à rendre ni d'agression à subir du fait du conflit israélo-palestinien", estime l'association dans un communiqué.
A la Grande synagogue de Paris, solidarité autour des familles des otages
Plus de 500 personnes étaient réunies mardi soir dans la Grande synagogue de la Victoire, lieu emblématique de la communauté juive à Paris, pour entendre les témoignages de familles d'otages du Hamas.
"C'est une tragédie qui nous réunit ce soir", déclare au début de la cérémonie l'ambassadeur d'Israël à Paris, Raphaël Morav, exhortant à "la libération de tous les otages du Hamas, sans conditions". "L'urgence vitale est l'accès de la Croix-rouge" à ces 240 otages, ajoute-t-il, une demande récurrente au cours de la soirée.
L'affluence est telle, à la Grande synagogue, que l'étage a été ouvert. Des avis de recherche sont placardés sur les piliers du bâtiment, en écho aux témoignages qui se succèdent au micro, livrés par plusieurs proches d'otages, reçus dans la journée à l'Assemblée nationale.
«857 actes antisémites»
Des "tags antisémites" ont aussi été découverts dans le 18e arrondissement, a indiqué sur X son maire Éric Lejoindre, précisant qu'une plainte a été déposée et dénonçant un acte "intolérable".
Des tags similaires sont apparus le weekend dernier à Vanves et Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), ainsi qu'à Aubervilliers et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où les pochoirs étaient accompagnés d'inscriptions telles que "De la mer au Jourdain, Palestine vaincra".
Au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), le parquet a également ouvert une enquête après la découverte de tags "à caractère antisémite" parmi lesquels des croix gammées, des injures contre les juifs, l’État d'Israël et des menaces visant directement la maire de la ville Charlotte Goujon, qui a déposé une plainte.
La maire d'Aubervilliers Karine Franclet a dénoncé des actes "en contradiction totale avec les valeurs fondamentales que nous portons (...), tout particulièrement dans le contexte actuel" de la guerre entre Israël et le Hamas.
La mairie de Saint-Ouen, où des tags ont été découverts lundi matin, a effectué un signalement au parquet. "Les auteurs devront être poursuivis et sanctionnés par la justice avec la plus grande sévérité et avec intransigeance", a commenté le maire Karim Bouamrane sur X.
Depuis le 7 octobre, date du début du conflit entre Israël et le Hamas, "857 actes antisémites" ont été recensés, soit "autant en trois semaines" que sur "toute l'année écoulée", a indiqué Gérald Darmanin mardi lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Le ministre de l'Intérieur a également indiqué que 425 personnes avaient été interpellées et "27 personnes placées en centre de rétention administrative". Près de 6.000 signalements ont par ailleurs été effectués sur la plateforme Pharos.