MANILLE : Au moins quatre personnes ont été abattues lundi dans le sud des Philippines, selon les forces de l'ordre, en marge d'élections locales sous haute sécurité après plusieurs mois de violences liées au scrutin.
Les élections sont des périodes à risque aux Philippines, où les lois sur les armes à feu sont laxistes et la culture politique violente.
Deux personnes ont été tuées et cinq autres blessées lundi devant un bureau de vote de la province de Maguindanao del Norte, sur l'île de Mindanao, dans le sud de l'archipel, a indiqué la police.
L'incident s'est produit lors d'un affrontement entre partisans de candidats rivaux au poste de chef de village, a déclaré le chef de la police de la municipalité de Datu Odin Sinsuat, le lieutenant-colonel Esmail Madin.
Dans un incident distinct, toujours sur l'île de Mindanao, une femme a été abattue dans un échange de tirs entre partisans de candidats rivaux dans la province de Lanao del Norte, selon l'armée.
Le mari d'une cheffe de village dans la province voisine Lanao del Sur a par ailleurs été abattu lors d'une altercation avec le concurrent de sa femme.
Deux écoles devant servir de bureaux de vote ont également été délibérément incendiées samedi, a déclaré dimanche à la presse le président de la commission électorale, George Garcia.
Plus de 67 millions d'électeurs sont inscrits pour renouveler 336 000 postes au sein des conseils de barangays (villages ou quartiers urbains), la subdivision administrative la plus petite du pays, y compris le poste influent de chef de village.
Ces postes sont l'objet d'une âpre lutte car ils sont utilisés par les partis politiques pour former leurs réseaux et construire une base de soutien pour d'autres élections.
«Financements» et «faveurs»
"Ce qui se passe ici dans le barangay (...) va avoir un effet sur les résultats des élections de mi-mandat et ensuite sur les élections nationales", a déclaré le président Ferdinand Marcos Jr après avoir voté dans son fief familial de Batac, dans la province d'Ilocos Norte (nord).
"Si un (chef de) barangay vous dit 'je vous garantit 350 suffrages' vous pouvez être sûr que vous aurez les 350 suffrages. C'est pour ça que ces résultats sont si importants", a ajouté le chef de l'Etat.
Le contrôle des conseils municipaux permet de "distribuer des financements et d'autres faveurs pour s'assurer des votes", résume Maria Ela Atienza, professeure de sciences politiques à l'Université des Philippines.
Plus de 300 000 policiers et soldats ont été déployés pour sécuriser les bureaux de vote.
A l'approche du vote de lundi, 30 cas de violences liées aux élections ont été signalés, contre 35 en 2018, a indiqué dimanche la police nationale philippine.
La police avait fait état précédemment de huit personnes tuées et sept blessées dans des violences liées au scrutin entre le 28 août et le 25 octobre.
Ces élections locales sont censées avoir lieu tous les trois ans, mais elles ont été reportées à plusieurs reprises, le dernier vote remontant à 2018.