France: Macron inaugure une Cité de la francophonie tournée vers l'international

Cette photo prise le 11 octobre 2023 montre le "ciel lexical" de la cour du Jeu de paume du château Renaissance de Villers-Cotterets, au nord de Paris, qui accueillera la Cité internationale de la langue française à partir du 19 octobre 2023. (AFP)
Cette photo prise le 11 octobre 2023 montre le "ciel lexical" de la cour du Jeu de paume du château Renaissance de Villers-Cotterets, au nord de Paris, qui accueillera la Cité internationale de la langue française à partir du 19 octobre 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 30 octobre 2023

France: Macron inaugure une Cité de la francophonie tournée vers l'international

  • «Ce projet réunit la force de la langue française et la reconnaissance de sa diversité», assure la ministre française de la Culture
  • «La traduction du français dans des langues étrangères devient dans beaucoup d'endroits une forme de combat politique», a déclaré le chef de l'Etat

VILLERS-COTTERÊTS : La langue française comme "ciment" face aux divisions: Emmanuel Macron a inauguré lundi son grand projet culturel, la Cité internationale dédiée à la francophonie, annonçant avoir confié à l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud une mission pour "multiplier les traductions" et "les rendre accessibles" aux locuteurs d'autres langues.

"La traduction du français dans des langues étrangères devient dans beaucoup d'endroits une forme de combat politique", a déclaré le chef de l'Etat.

Livre: Macron lance une mission pour «multiplier les traductions» d'auteurs francophones

Les livres en langue française sont "trop rares ou trop chers" dans de nombreux pays, a estimé lundi Emmanuel Macron, annonçant avoir confié à l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud une mission pour "multiplier les traductions" et "les rendre accessibles" aux locuteurs d'autres langues.

"La traduction du français dans des langues étrangères devient dans beaucoup d'endroits une forme de combat politique", a déclaré le chef de l'Etat, lors de l'inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts (Aisne).

M. Macron a pris pour exemple "le continent africain" où l'on accède selon lui "quasiment pour rien à des livres qui véhiculent l'obscurantisme, qui disent des mensonges sur telle ou telle religion et qui préparent le pire".

Au contraire, "il est très difficile d'avoir accès à des livres, parfois d'un autre auteur africain s'il l'écrit en langue française, ou à nos classiques", a-t-il déploré.

"C'est une réalité parce que nous sommes trop chers ou trop peu traduits", a-t-il expliqué, indiquant avoir confié "une mission toute particulière à Kamel Daoud", avec l'appui du Centre national du livre et des éditeurs.

Son objectif sera de "travailler sur les traductions des auteurs de langue française dans les langues étrangères, l'arabe et les principales langues sur lesquelles, justement cette compétition se joue, et de pouvoir nous aider à réussir à multiplier ces traductions, mais surtout à les rendre accessibles".

"Faire voyager nos auteurs de langue française dans des langues étrangères, c'est aussi faire voyager la langue française", a souligné le président de la République, ajoutant que "le but du français doit être de continuer de se répandre et d'être compris".

200 000 visiteurs espérés par an

En France, la langue française "bâtit l'unité de la nation", c'est "une langue de liberté et d'universalisme", a-t-il estimé.

"A un moment où les divisions reviennent, les haines ressurgissent, où on voudrait renvoyer les communautés dos à dos, les religions, les origines, la langue française est un ciment", a-t-il affirmé, sur fond de vives tensions dues notamment au conflit entre Israël et le Hamas au Proche-Orient.

C'est le château de Villers-Cotterêts, ville de 10 000 habitants du nord de la France qui a été rénové pour devenir "château de la francophonie" et où se déroulera en 2024 le sommet de la Francophonie, auquel seront conviés les dirigeants de 88 Etats.

Un joyau de la Renaissance où le roi de France François Ier avait signé, en 1539, l'ordonnance imposant l'usage du français dans la rédaction des textes juridiques.

C'est à Villers-Cotterêts également que "Premier projet dédié à la langue française au monde", le lieu "sera le coeur battant de la francophonie", a assuré à l'AFP la ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak.

La Cité honorera "particulièrement" des "figures essentielles" de la langue française, selon Emmanuel Macron: professeurs, écrivains et créateurs, comédiens, bibliothécaires et traducteurs, "qui transmettent et font vivre le français dans cette pulsation constante".

Le pays francophone le plus peuplé n'est plus la France, mais la République démocratique du Congo et ses 100 millions d'habitants, et la plus grande ville où le français est parlé n'est pas Paris, mais Kinshasa, la capitale de la RDC, soulignent les concepteurs du lieu.

Avec 210 millions d'euros investis, c'est le deuxième plus gros chantier culturel du président Macron, après Notre-Dame de Paris.

Outre l'histoire du lieu, le choix a également été dicté par "les difficultés économiques et sociales du territoire", précise l'Elysée.

Marqué par le chômage et la désindustrialisation, Villers-Cotterêts, 10 000 habitants, s'est depuis plusieurs années tourné vers le vote d'extrême droite, à l'image de son maire, l'élu Rassemblement national (RN) Franck Briffaut.

Tout en estimant le "calcul" anti-Rassemblement national voué à l'échec, M. Briffaut voit cependant le projet, et ses 200 000 visiteurs espérés par an, comme "une formidable chance" pour sa ville.

Pour le député de droite LR de l'Aisne, Julien Dive, la lutte contre le RN "passe évidemment par la culture, mais surtout par des solutions pour le pouvoir d'achat des Français".

Initialement prévue le 19 octobre, l'inauguration a été reportée en raison des obsèques, ce jour-là, du professeur de français Dominique Bernard, assassiné dans un lycée du nord de la France par un jeune jihadiste.

Son épouse avait cité les nombreux auteurs ayant inspiré son époux, délivrant selon la même source, "un éloge de la langue française", "un éloge de l'ouverture au monde qu'elle initie".


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

Short Url
  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.