KABOUL: L’Arabie saoudite a un rôle capital à jouer dans la reconstruction de l’Afghanistan après environ 20 ans de guerre, a affirmé l’influent ancien président du pays à Arab News.
«L'Arabie saoudite est un grand, grand ami et un frère de l'Afghanistan», assure Hamid Karzai. Il avait accédé au pouvoir avec l'aide de Washington, après l'invasion américaine qui a chassé les talibans en 2001. «Le peuple afghan traite l'Arabie saoudite comme un frère aîné, avec un immense respect et une profonde estime. Le royaume joue certainement un rôle inestimable dans la paix et la reconstruction en Afghanistan».
Karzai estime qu'un retrait des troupes internationales avant la signature d'un accord entre les talibans et Kaboul entraînerait inévitablement l'Afghanistan vers le chaos.
Le retrait des troupes chapeautées par les États-Unis d'ici mai 2021 suit les modalités d’un accord conclu entre Washington et les talibans en février. L’entente a amené les rebelles à la table des négociations avec Kaboul, en vue de parvenir à un cessez-le-feu permanent et à la formation d’un gouvernement de partage du pouvoir.
Un retrait précipité en plein conflit, sans processus de paix, ouvre la voie à davantage de chaos et d'incertitude», insiste Karzai.
«Nous ne voulons pas de cela. Nous voulons que les États-Unis mènent à terme le processus de paix qu'ils ont commencé, pour qu'il soit concret. Nous voulons une vraie stabilité en Afghanistan», a-t-il déclaré.
Au cours de ses derniers jours au pouvoir en 2013, Karzai a accusé la présence militaire américaine en Afghanistan d'avoir alimenté l'extrémisme, ouvert la voie aux milices, et augmenté les victimes civiles. Il les a aussi blâmés pour leur refus de signer un partenariat de sécurité stratégique en 2013, et qui aurait autorisé les forces de l'OTAN de rester dans le pays. Il reconnaît toutefois le rôle actuel des États-Unis dans le processus de paix.
«Je vois de la sincérité dans les efforts des États-Unis pour apporter une forme de stabilité en Afghanistan, ce qui est toujours appréciable et c'est ce que nous désirons», a-t-il assuré. Il a aussi parlé des doutes entretenus par de nombreux membres du gouvernement de Kaboul, exclus de l'accord de février entre les talibans et les États-Unis.
«Les bonnes intentions sont une chose, régler un problème avec sagesse et efficacité, une autre. J'espère que les deux sont au rendez-vous cette fois. L'intention est là, je l'ai vue. Espérons qu'ils y parviennent de manière à inspirer confiance».
Après l'accord de février, les pourparlers de paix intra-afghans ont suivi en septembre. Karzai a joué un rôle clé, restant en contact étroit avec les leaders talibans, et bénéficiant du soutien des divers groupes ethniques et des chefs de factions afghans.
«Fils de cette terre, les talibans et nous-même devons reconnaître que nous n’avons pas le choix vivre et travailler ensemble afin de protéger notre pays. Ce n'est pas difficile; c’est facile si nous nous libérons de la domination des autres», a-t-il signalé.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com