Le conflit israélo-palestinien, historiquement explosif en France

Le président français Emmanuel Macron pendant sa rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas le 24 octobre 2023 à Ramallah, en Cisjordanie.
Le président français Emmanuel Macron pendant sa rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas le 24 octobre 2023 à Ramallah, en Cisjordanie.
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Publié le Mercredi 25 octobre 2023

Le conflit israélo-palestinien, historiquement explosif en France

  • Dernière polémique en date, le voyage de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun- Pivet en Israël, où elle a affirmé dimanche que "rien ne doit empêcher" le pays "de se défendre" dans la guerre face au Hamas
  • Jean-Luc Mélenchon récuse quant à lui toute accusation d'antisémitisme, dénonçant une "police des mots"

PARIS: Appels à manifester qui se multiplient, invectives politiciennes sans fin... Le conflit entre Israël et le Hamas est un sujet explosif en France, pays à l'histoire coloniale qui accueille les plus importantes communautés juive et arabo-musulmane d'Europe.

Dernière polémique en date, le voyage de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun- Pivet en Israël, où elle a affirmé dimanche que "rien ne doit empêcher" le pays "de se défendre" dans la guerre face au Hamas.

La réaction cinglante du leader du parti de gauche radicale La France Insoumise (LFI) Jean- Luc Mélenchon, accusant Mme Braun-Pivet de "camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre" à Gaza, n'a pas manqué de provoquer à son tour l'indignation de tous bords.

Cela revient à "désigner les Juifs comme le parti de l'étranger et de la guerre", s'est insurgé le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Crif) Yonathan Arfi, quand le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR, droite) évoquait "la collaboration, 80 ans plus tard".

Jean-Luc Mélenchon récuse quant à lui toute accusation d'antisémitisme, dénonçant une "police des mots".

Déjà, le refus de LFI de qualifier le Hamas d'organisation "terroriste" après les attaques sanglantes du 7 octobre en Israël - plus de 1.400 personnes massacrées, essentiellement des civils, selon les derniers chiffres des autorités israéliennes, qui ont identifié plus de 200 otages -, avait révélé de profondes divisions au sein de la coalition de la gauche avec les socialistes et les Verts.

Si le sujet déchaîne plus qu'ailleurs les passions, c'est d'abord parce que le pays compte les plus importantes communautés juive (500.000 personnes) et musulmane (environ six millions de tradition ou de confession) d'Europe. - "Repentance" -

Au moins trente Français ont été tués dans l'attaque du Hamas, inédite par sa violence et son ampleur depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, selon un nouveau bilan de la présidence.

Les controverses actuelles "montrent à quel point le débat est inflammable en France, même parmi les +experts+, il y a beaucoup de partis pris et il est très difficile de garder une neutralité objective", souligne Jean Garrigues, professeur d'histoire politique à l'université d'Orléans.

Il rappelle l'importance de la question de la "repentance". Elle concerne certains partisans de la cause palestinienne, en partie liée à la colonisation du Maghreb, dont est issue une grande partie de la population musulmane en France. Mais aussi des soutiens de la communauté juive, en raison "du passé collaborationniste et de la participation de l'Etat français pétainiste à la solution finale" durant la Shoah.

"La résonance du conflit israélo-palestinien en France dépasse largement l'appartenance communautaire", abonde Marc Hecker, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), soulignant que "les mobilisations ont historiquement été déclenchées par des acteurs très variés".

Dans le cas des pro-Palestiniens, cela va de la solidarité dite "pan-arabe", aux gaullistes soucieux de se rapprocher du monde arabe après la guerre d'Algérie, en passant par les réseaux catholiques de gauche et l'extrême-gauche anti-impérialiste.

Le conflit au Moyen-Orient reste en France, sur le plan international, "le seul sujet capable de mettre des dizaines de milliers de personnes dans la rue", contrairement à la guerre en Ukraine par exemple, note M. Hecker.

Huile sur le feu

Des milliers de personnes se sont rassemblées un peu partout en France le week-end dernier en soutien au peuple palestinien, alors que plus de 5.000 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués depuis le début des bombardements incessants menés par l'armée israélienne sur la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Ils étaient 15.000, criant "Israël assassin, Macron complice" selon les forces de l'ordre, bien loin toutefois des 100.000 personnes recensées par la police à Londres la veille.

Les manifestations se sont déroulées dans le calme mais par le passé, le pays a connu des vagues de violences et d'actes antisémites lors des offensives militaires israéliennes de 2009 et 2014 sur Gaza, ou de la deuxième intifada, en 2000.

Le politologue Philippe Raynaud juge préoccupant la manière dont la gauche radicale "met de l'huile sur le feu". La classe politique française a toujours été divisée sur la question, mais "il y a un calcul très électoraliste de la part de Jean-Luc Mélenchon qui pense ainsi s'attirer les faveurs de la communauté musulmane et des banlieues", à tort ou à raison, ajoute-t-il.

A l'extrême droite, le Rassemblement national affirme qu'il "protège" les Français de confession juive, cherchant à récuser des accusations d'antisémitisme qui collent à son image.

Dans ce contexte électrique, le président Emmanuel Macron, qui s'est rendu mardi en Israël puis en Cisjordanie occupée, se trouve dans une "position d'équilibriste très inconfortable", relève Marc Hecker.

D'un côté "il y a une volonté d'afficher une forte solidarité avec Israël, qui peut être perçue comme un parti pris" par les pro-Palestiniens. De l'autre, "il tente de faire entendre la voix traditionnelle de la France, soucieuse de protéger les populations civiles, de relancer le processus de paix", et d'apaiser les tensions dans son pays.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".