En Irak, eau polluée et changement climatique synonymes de maladies

Une fillette porte son frère, qui souffre de coliques intestinales, pour un examen par le personnel médical du village d'al-Ayyach, dans la province d'al-Diwayinah, dans le sud de l'Irak, le 9 août 2023. (Photo, AFP)
Une fillette porte son frère, qui souffre de coliques intestinales, pour un examen par le personnel médical du village d'al-Ayyach, dans la province d'al-Diwayinah, dans le sud de l'Irak, le 9 août 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 25 octobre 2023

En Irak, eau polluée et changement climatique synonymes de maladies

  • En Irak, un des cinq pays au monde les plus touchés par certains effets du changement climatique, des risques sanitaires accrus pèsent sur les populations défavorisées
  • Dans le nord, c'est le choléra qui sévit, particulièrement à Souleimaniyeh. Jusqu'au 12 septembre, la deuxième ville du Kurdistan autonome a enregistré 152 cas avérés, selon l'OMS

AL-AYYASH: A seulement un an, les pustules sur le visage de Tiba trahissent la maladie de peau qui l'affecte dans son village reculé du sud de l'Irak, où températures en hausse, pollution de l'eau et manque de soins adéquats menacent la santé publique.

Choléra, troubles dermatologiques comme la leishmaniose, diarrhées chroniques, crises d'asthme déclenchées par les tempêtes de sable: en Irak, un des cinq pays au monde les plus touchés par certains effets du changement climatique, des risques sanitaires accrus pèsent sur les populations défavorisées.

"C'est une maladie de peau, le furoncle de Bagdad", explique à l'AFP Najeh Farhane, pointant du doigt une pustule sous la bouche de sa fille Tiba, qui joue avec sa tétine.

Nom donné à la leishmaniose cutanée, cette maladie parasitaire endémique en Irak depuis des décennies est transmise par le phlébotome, une mouche des sables.

Au hameau d'Al-Zouweiya, un des fils de M. Farhane a attrapé la jaunisse et souffre aussi d'une "maladie de peau".

"Il n'y a pas de centre médical. On n'a rien", lâche ce père de sept enfants dans la province de Diwaniya.

A la mi-septembre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu que "l'accès insuffisant aux soins médicaux dans les zones reculées" figurait parmi les facteurs aggravant la leishmaniose.

Après 8.000 cas recensés en 2022, l'agence onusienne notait l'apparition en 2023 d'un "premier cas" dans une province du nord "traditionnellement exempte de phlébotomes".

Une migration qui "ne peut s'expliquer que par un changement de climat", confie à l'AFP Wael Hatahit, représentant par intérim de l'OMS en Irak.

"Historiquement, la mouche des sables n'existait pas dans le nord: les températures et l'environnement ne lui étaient pas favorables", dit-il.

«Hausse de la température»

Le responsable onusien évoque "principalement une hausse de la température et un changement dans les cycles de précipitations".

"Le phlébotome, comme tout autre insecte, prospère à une certaine température et à un certain niveau d'humidité", avertit-il. Quand le climat change et que ces conditions sont réunies, cela peut augmenter la population des insectes "et potentiellement provoquer plus d'infections".

Dans neuf provinces du centre et du sud "les plus impactées par le changement climatique", le Croissant-Rouge irakien poursuit depuis juin une campagne visant à pallier le manque de services hospitaliers.

Quelque 150 volontaires, 25 médecins, dix ambulances et cinq cliniques mobiles se déplacent pour "fournir gratuitement des soins médicaux" et faire de la "sensibilisation sanitaire".

A Diwaniya, près des ambulances stationnées au village d'Al-Ayyach, des femmes toutes de noir vêtues attendent pour faire ausculter un enfant. Dans un des véhicules, des volontaires trient des boîtes de médicaments.

"Les cas les plus répandus que nous avons rencontrés sont des infections intestinales, des maladies dermatologiques, des éruptions cutanées résultant de la mauvaise qualité de l'eau disponible, des inflammations des voies urinaires", confie la pharmacienne Raghda Ihsane.

Dans un pays touché par quatre années de sécheresse consécutives, doté d'infrastructures en déliquescence après des décennies de conflits et de mauvaise gestion, la pollution de l'eau inquiète.

"Une baisse du débit de l'eau est synonyme de concentration plus élevée en eaux usées et en polluants industriels dans la distribution de l'eau, que l'infrastructure irakienne de traitement des eaux ne peut pas traiter de manière adéquate", indique à l'AFP Mac Skelton, anthropologue de la santé.

«Eau contaminée»

"L'eau contaminée est associée à plusieurs pathologies, telles que le choléra, des maladies gastro-intestinales, des maladies de peau et la diarrhée", ajoute le directeur de l'Institut de recherche IRIS de l'Université américaine d'Irak-Souleimaniyeh.

Il plaide pour une "amélioration des infrastructures de traitement de l'eau" et un "développement des systèmes de santé".

Cité par le quotidien étatique al-Sabbah, un responsable du ministère de l'Environnement a reconnu à la mi-septembre que "les canalisations des égouts à Bagdad déversaient leurs eaux usées directement dans le fleuve Tigre".

Dans le nord, c'est le choléra qui sévit, particulièrement à Souleimaniyeh. Jusqu'au 12 septembre, la deuxième ville du Kurdistan autonome a enregistré 152 cas avérés, selon l'OMS.

"La principale cause, c'est l'utilisation d'eau non potable", indique Sabah Hourami, directeur des autorités sanitaires de Souleimaniyeh.

Les contrôles ont été durcis dans les restaurants, les camions-citernes, les mosquées. L'eau publique est testée pour s'assurer qu'elle contient une quantité suffisante de chlore, dit-il.

"Nous ne faisons plus de dépistages: ceux qui souffrent de diarrhées et de vomissements sont automatiquement traités comme des cas de choléra", précise le responsable.

Quotidiennement, les hôpitaux accueillent plusieurs dizaines de patients présentant ces symptômes.


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.

 


Trump s'entretient avec Sissi des Houthis et de Gaza

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
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  • Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen
  • Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé"

WASHINGTON: Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé".

"Nous avons abordé de nombreux sujets, notamment les progrès militaires considérables que nous avons réalisés contre les Houthis au Yémen qui détruisent les navires", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Il n'a pas précisé quand cet appel a eu lieu.

Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen.

Rapidement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d'attaques de missiles contre Israël et en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël.

Le président américain a également dit avoir discuté avec le dirigeant égyptien de "Gaza et des solutions possibles, de l'état de préparation militaire, etc".

Israël a repris sa campagne militaire le 18 mars avec d'intenses bombardements et une nouvelle offensive au sol, rompant deux mois de trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien.

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".