Diego Maradona et Kobe Bryant, le sport perd deux géants

L'ex-basketteur star de la NBA est mort le 26 janvier dans le crash de son hélicoptère près de Los Angeles, plongée dans un épais brouillard (Photo, AFP)
L'ex-basketteur star de la NBA est mort le 26 janvier dans le crash de son hélicoptère près de Los Angeles, plongée dans un épais brouillard (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 28 décembre 2020

Diego Maradona et Kobe Bryant, le sport perd deux géants

  • Il a été sacré meilleur joueur de NBA en 2008 et figure parmi les sept joueurs à avoir inscrit plus de 30.000 points
  • Construisant sa légende avec le fameux but de la « main de Dieu », puis son slalom incroyable contre l'Angleterre en quarts de finale

PARIS: Diego Maradona, Kobe Bryant: deux géants de la scène sportive se sont éteints en 2020. Retour sur les principales disparitions de l'année écoulée dans le monde du sport.

JANVIER

David Stern, 77 ans

L'ancien grand patron emblématique de la NBA de 1984 à 2014 est décédé le 1er janvier, deux semaines après avoir subi une hémorragie cérébrale. Ce fils d'épicier de New York a transformé la NBA en marque mondiale. Durant son mandat, la Ligue est passée de 23 à 30 franchises, d'autres ont déménagé et toutes ont considérablement augmenté leurs revenus, de même que les joueurs dont certains, comme Michael Jordan ou Magic Johnson, sont devenus des stars planétaires multimillionaires.

Kobe Bryant, 41 ans

L'ex-basketteur star de la NBA est mort le 26 janvier dans le crash de son hélicoptère près de Los Angeles, plongée dans un épais brouillard. Huit autres personnes, dont sa fille Gianna, sont également décédées dans l'accident. Joueur emblématique des Lakers entre 1996 et 2016, Kobe Bryant était quintuple champion NBA et double champion olympique avec la « Team USA ». Un temps décrié pour son arrogance et son égoïsme, le natif de Philadelphie a su opérer une mue salutaire, davantage tournée vers l'esprit d'équipe, pour devenir une star incontestée. Il a été sacré meilleur joueur de NBA en 2008 et figure parmi les sept joueurs à avoir inscrit plus de 30.000 points. Il avait pris sa retraite en 2016.  

MARS

Nicolas Portal, 40 ans

L'ancien cycliste français, devenu directeur sportif d'Ineos, a succombé à un infarctus du myocarde le 3 mars. Comme dirigeant de l'ex-Sky, qu'il avait rejointe en 2010 - d'abord en tant que coureur avant d'intégrer l'encadrement - il a remporté huit Grands Tours dont six Tour de France. Il est considéré comme l'un des principaux artisans des victoires de Chris Froome, dont il était très proche, et de Geraint Thomas notamment.

Lorenzo Sanz, 76 ans 

L'ancien président du Real Madrid entre 1995 et 2000 est décédé le 21 mars, après avoir contracté le Covid-19. Sous son règne, le Real a remporté deux Ligues des champions, en 1998, après 32 ans de disette, puis en 2000. Sanz avait été remplacé quelques mois plus tard par Florentino Perez.

Michel Hidalgo, 87 ans

L'ancien sélectionneur de l’équipe de France est décédé le 26 mars, après plusieurs années de maladie. Avec les Bleus, il avait remporté l'Euro-1984, premier grand trophée du football français. Né dans le nord de la France, Hidalgo avait joué à Monaco, Reims ou encore au Havre. Il a également été manager de l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie à la fin des années 1980 et a dirigé l'UNFP, le syndicat des joueurs. Sélectionneur des Bleus entre 1976 et 1984, un record de longévité à ce poste, sa bienveillance et son amour du beau jeu ont mené l'équipe de France de Michel Platini à son premier titre, l'Euro-1984, remporté à domicile deux ans après la défaite traumatisante aux tirs au but contre l'Allemagne en demi-finale du Mondial-1982 à Séville.

Pape Diouf, 68 ans 

Le Sénégalais, ancien président de l'OM, est décédé des suites du coronavirus le 31 mars. Ancien journaliste, agent de joueurs puis dirigeant de l'OM de 2005 à 2009, Diouf avait notamment contribué à bâtir l'équipe sacré championne de France en 2010, après dix-sept années sans titre pour l'OM.

AVRIL

Stirling Moss, 90 ans

Légende du sport automobile, le Britannique s'est éteint le 12 avril des suites d'une longue maladie. Surnommé le "champion sans couronne", Moss a terminé quatre fois 2e du Championnat du monde des pilotes de Formule 1 (1955, 1956, 1957 et 1958), éclipsé par l'Argentin Juan Manuel Fangio qui fut son équipier. Entre 1951 et 1961, il a remporté seize Grands Prix. Il a également gagné les 24 Heures du Mans en 1956. Il avait mis un terme à sa carrière en 1962 après un violent accident, qui lui avait valu de passer un mois dans le coma, et de subir une paralysie partielle pendant six mois.

Robert Herbin, 81 ans

L'ancien entraîneur emblématique de Saint-Etienne est mort le 28 avril, trois jours après avoir été hospitalisé pour de sérieuses insuffisances cardiaques et pulmonaires. Joueur puis technicien des Verts, son air impassible lui avait valu le surnom de "Sphinx". Arrivé à Saint-Etienne à l'été 1957, il a été neuf fois champion de France avec les Verts, cinq fois comme joueur et quatre comme entraîneur, et six fois vainqueur de la coupe de France, trois dans chaque rôle, mais son nom reste associé à l'épopée de 1976 et la défaite contre le Bayern Munich en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions à Glasgow, la fameuse finale des "poteaux carrés". Milieu puis défenseur, il a été sélectionné 23 fois en Bleu. Il a aussi entraîné Lyon (1983-1985), Al Nasr Ryad (Arabie saoudite, 1985-1986), Strasbourg (1986-1987) et le Red Star (1991-1995).

JUILLET

Jack Charlton, 85 ans

Champion du monde 1966 avec l'Angleterre, le frère aîné du légendaire Bobby Charlton, s'est éteint le 10 juillet. Comptant parmi les plus grands défenseurs centraux anglais, "Big Jack", auteur par ailleurs de 96 buts, a effectué ses 23 ans de carrière en club à Leeds United, remportant notamment une Coupe de la Ligue (1968), un titre de champion (1969) et une Coupe d'Angleterre (1972).

AOUT

Alex Dupont, 66 ans 

L'ancien entraîneur de Dunkerque, Laval ou Brest est décédé le 1er août d'une crise cardiaque. Il avait également conduit Sedan en Coupe d'Europe et permis à Gueugnon, alors en deuxième division, de créer l'exploit en battant le Paris SG en finale de Coupe de la Ligue en 2000.

SEPTEMBRE

Jean-Baptiste Mendy, 57 ans

Le boxeur français, ex-champion WBA et WBC des légers, est mort le 1er septembre des suites d'un cancer du pancréas. Il avait à son actif 55 victoires dont 31 avant la limite, 8 défaites, 3 nuls. Né à Dakar, il s'était emparé de la ceinture WBC des légers en 1996 face à l'Américain Lamar Murphy, avant de reconquérir la ceinture en WBA deux ans plus tard. Il avait raccroché les gants en 2000.

OCTOBRE

Bruno Martini, 58 ans

L'ancien gardien de l'équipe de France de foot est mort le 20 octobre, des suites d'un arrêt cardio-respiratoire. Sélectionné à 31 reprises entre 1987 et 1996, il avait pris le relais chez les Bleus de Joël Bats. Il reste également associé à son club formateur, Auxerre, avec qui il avait atteint les demi-finales de la Coupe de l'UEFA (1993) et remporté une victoire en Coupe de France (1994). Après sa retraite, il avait intégré la direction technique nationale, où il s'est occupé pendant plus d'une décennie (1999-2010) des portiers tricolores.

John James Williams, 72 ans

JJ Williams, l'ailier de la légendaire équipe du pays de Galles dans les années 1970, est décédé le 29 octobre. Cet ancien sprinteur était notamment connu pour ses qualités de finisseur: il avait marqué douze essais en trente tests entre 1973 et 1979 et remporté deux Grands Chelems dans le Tournoi des cinq nations (1976 et 1978).

Nobby Stiles, 78 ans

Le milieu de terrain anglais, champion du monde en 1966, est décédé le 30 octobre des suites d'une longue maladie.

NOVEMBRE

Charles Corver, 84 ans

L'ancien arbitre de football néerlandais Charles Corver, qui avait officié lors de la demi-finale polémique du Mondial-1982 France-RFA, est mort le 11 novembre.

Ray Clemence, 72 ans

Le gardien du grand Liverpool au tournant des années 1970-1980 et de l'équipe d'Angleterre est décédé le 15 novembre. Il était atteint depuis 2005 d'un cancer de la prostate.

Christophe Dominici, 48 ans

L'ancien international français de rugby (67 sélections, 25 essais) a été retrouvé mort le 24 novembre, près de Paris. L'ailier, cinq fois champion de France avec le Stade Français, avait été finaliste de la Coupe du monde en 1999 avec le XV de France, réussissant notamment une percée puis un essai d'anthologie lors de la victoire face à la Nouvelle-Zélande en demi-finale. Dominici avait aussi remporté quatre victoires dans le Tournoi, dont deux Grand Chelem, lors d'une carrière hachée par plusieurs épisodes dépressifs. Après sa retraite, il avait été entraîneur des lignes arrières du Stade Français, dont il était devenu actionnaire (1%), consultant, acteur... Il avait aussi tenté, en vain, de racheter le club de Béziers, porté par des fonds émiratis. 

Jacques Secrétin, 71 ans

Le joueur le plus titré du tennis de table français est décédé dans la nuit du 24 au 25 novembre. Champion d'Europe en simple en 1976, 17 fois champion de France, le gaucher avait aussi été champion du monde en double mixte en 1977. En double, Secrétin avait été champion d'Europe en 1980, avant de décrocher le titre continental par équipes en 1984. Il avait aussi contribué à populariser son sport grâce au « show Secrétin-Purkart », un concentré de facéties autour d'une table de ping-pong en duo avec Vincent Purkart.

Diego Maradona, 60 ans

La légende argentine du football mondial est décédée le 25 novembre, d'une crise cardiaque, trois semaines après avoir été opéré d'un hématome à la tête. Considéré comme l'un des plus grands footballeurs de tous les temps, Maradona a acquis le statut de « demi-dieu » en Argentine et pour de nombreux fans dans le monde entier. Ce dribbleur hors-pair d'1,65 m a laissé une trace indélébile de Boca Juniors, son club de coeur à Buenos Aires, à Naples, où il a évolué de 1984 à 1991, après un passage à Barcelone. Avec l'Albiceleste (91 sélections, 34 buts), il fut champion du monde en 1986 à la tête d'une équipe qu'il porta à bout de bras jusqu'au sacre, construisant sa légende avec le fameux but de la « main de Dieu », puis son slalom incroyable contre l'Angleterre en quarts de finale. Une fois les crampons raccrochés, le célèbre numéro 10 sombra dans la drogue et dans l'alcool, flirtant plusieurs fois avec la mort. Il a également exercé comme entraîneur avec des résultats très mitigés, notamment à la tête de la sélection argentine (2008-2010). 

DÉCEMBRE

Paolo Rossi, 64 ans

L'ancien buteur de la Juventus Turin et de l'équipe d'Italie est décédé le 9 décembre. Il a conduit la « Nazionale » au sacre lors de la Coupe du monde 1982 en Espagne avec ses six buts. En club, la saison 1983-84 marque son apogée. Il forme un redoutable trio avec Platini et Boniek et collectionne les trophées sous le maillot de la Juve: Serie A, Coupe d'Italie, Coupe des Coupes et Supercoupe d'Europe.

Gérard Houllier, 73 ans

L'ancien entraîneur du Paris SG, de Lyon et de Liverpool s'est éteint dans la nuit du 13 au 14 décembre, quelques jours après une opération cardiaque. Houllier a offert au Paris SG en 1986 son premier titre de champion de France, mais c'est en Angleterre que l'ancien professeur d'anglais est devenu une légende: sous sa conduite de 1998 à 2004, Liverpool a flirté avec le titre de champion et a réussi une année 2001 exceptionnelle marquée par quatre trophées (Cup, Coupe de la Ligue, Coupe de l'UEFA et Supercoupe). Avec Lyon, ce technicien novateur ajoute à son palmarès deux titres de champion de France en 2006 et 2007. Sélectionneur des Bleus entre 1992 et 1993, il est aussi associé à jamais avec l'un des pires traumatismes de l'histoire de l'équipe de France, l'élimination aux portes de la Coupe du monde 1994 à l'issue d'un France-Bulgarie (1-2) au Parc des Princes.


Points forts de la conférence «Louder Than Hearts» de l'Institut du Moyen-Orient à Washington DC

Tasneem Al-Sultan, « La diversité au sein des mariages saoudiens. » (Photo fournie)
Tasneem Al-Sultan, « La diversité au sein des mariages saoudiens. » (Photo fournie)
Short Url
  • l'exposition « Louder Than Hearts » (Plus fort que les cœurs) rassemble les œuvres de dix femmes photographes du monde arabe et d'Iran
  • L'Arabie saoudite est représentée par Tasneem Al-Sultan, photographe et conteuse visuelle basée à Riyad, avec sa série « Saudi Tales of Love » (Histoires d'amour saoudiennes)

DUBAÏ : L'Institut du Moyen-Orient à Washington DC expose les œuvres de photographes féminines du monde arabe

Tasneem Al-Sultan 

(fournie)
(fournie)

« La diversité au sein des mariages saoudiens »

La célèbre photographe américano-palestinienne Rania Matar, née au Liban, est la commissaire de l'exposition « Louder Than Hearts » (Plus fort que les cœurs), qui rassemble les œuvres de dix femmes photographes du monde arabe et d'Iran, dont elle-même. Cette exposition se tient à l'Institut du Moyen-Orient à Washington DC jusqu'au 4 octobre. L'Arabie saoudite est représentée par Tasneem Al-Sultan, photographe et conteuse visuelle basée à Riyad, avec sa série « Saudi Tales of Love » (Histoires d'amour saoudiennes) qui, selon l'Institut, « s'inspire de son propre parcours à travers le mariage et le divorce ».

À travers des images de mariage telles que celle-ci, Mme Al-Sultan « dépeint les structures et les attentes du mariage, y compris les cérémonies élaborées, ainsi que les diverses contraintes sociétales auxquelles les Saoudiennes qu'elle a photographiées ont été confrontées et dont elles ont triomphé » plongeant ainsi dans les complexités des relations et l'interaction entre la tradition et les choix individuels. 

La série a valu à Mme Al-Sultan une reconnaissance mondiale, puisqu'elle a figuré dans la série de photos « Lightbox » du magazine Time et au salon international de la photographie Paris Photo.

Rania Matar

(fournie)
(fournie)

« Farah (dans sa voiture brûlée) »

La photographie de Matar, selon l'Institut du Moyen-Orient, « capture des moments intimes qui transcendent les frontières et les cultures et explore les thèmes de l'identité personnelle et collective à travers des portraits de femmes aux États-Unis et au Moyen-Orient ».

Cette image fait partie de la série intitulée « Where Do I Go ? Fifty Years Later » (Où dois-je aller ? Cinquante ans plus tard), initiée après l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020. Le titre de la série évoque le 50e anniversaire du début de la guerre civile libanaise en 2025. La vague d'émigration qui a suivi l'explosion de 2020 « rappelle celle de 1984-85, lorsque de nombreux jeunes, y compris elle-même, ont fui le pays en proie à la guerre ». En photographiant ces femmes, Matar faisait écho à leurs expériences et à leur dilemme de l'immigration, des décennies plus tard.

Rehaf Al-Batniji  

(fournie)

« Malak »

Cette photo est extraite de la série intitulée « (Chatt) The Beach & (Chatta) The Chili Pepper » de la photographe originaire de Gaza et basée à Paris, Al-Batniji. Ce projet explore « l'anthropologie sociale et culturelle » de sa ville natale. Chatta est un ingrédient majeur de la cuisine palestinienne et « emblématique de Gaza, où les défis de la vie peuvent piquer comme cette épice ardente », tandis que Chatt est « la plage sereine où les habitants cherchent réconfort et évasion de leur réalité quotidienne ».

Le travail d'Al-Batniji, selon l'Institut du Moyen-Orient, « offre un portrait intime du territoire, reflétant les luttes et l'intensité de la vie sous le siège, ainsi que la résilience et la vitalité de ses communautés avec un espoir rafraîchissant. Al-Batniji rejette l'imagerie brutale du conflit et utilise plutôt la couleur comme outil de résistance. »

Carmen Yahchouchi

(fournie)
(fournie)

 « Victoria »

La photographe libanaise d'origine malienne, Yahchouchi, présente des œuvres de trois de ses séries lors de cette exposition, toutes capturant « l'impact durable de la guerre civile libanaise sur les femmes, et soulignant leur rôle central au cœur du chaos et de la dévastation », selon le support promotionnel de l'Institut du Moyen-Orient. « Son travail offre des aperçus de leur résilience, de leur force et de leur sacrifice alors qu'elles traversaient des périodes tumultueuses de l'histoire, devenant des héroïnes au sein de leurs communautés et familles, tout en assumant de nouveaux rôles dans la sphère publique. » Cette œuvre tirée de sa série « My Mother's Gun » (Le pistolet de ma mère) démontre le talent de Yahchouchi pour capturer « les espaces intimes de l'expérience humaine, invitant les spectateurs dans les mondes uniques de ses sujets. » 

Tanya Habjouqa  

(fournie)
(fournie)

« Résistance intérieure »

La photographe et journaliste jordanienne, résidant et travaillant à Jérusalem-Est, « allie un sens mordant de l'ironie à un examen implacable des répercussions des conflits géopolitiques sur la vie des gens », selon l'Institut du Moyen-Orient. Cette image est extraite de sa série « Occupied Pleasures » (Plaisirs occupés), qui, selon l'institut, « offre un portrait multidimensionnel de la capacité de l'humanité à trouver la joie au milieu de l'adversité en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza, en utilisant un sens de l'humour aiguisé sur les absurdités engendrées par une occupation de 47 ans ».

 


L'Eurovision rattrapée par la guerre à Gaza avec la participation d'Israël en finale

La chanteuse russo-israélienne Eden Golan, représentant Israël avec la chanson "Hurricane", se produit sur scène lors de la répétition générale à la veille de la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 10 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède. (Photo Tobias Schwarz / AFP)
La chanteuse russo-israélienne Eden Golan, représentant Israël avec la chanson "Hurricane", se produit sur scène lors de la répétition générale à la veille de la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (ESC) 2024, le 10 mai 2024 à la Malmo Arena de Malmö, en Suède. (Photo Tobias Schwarz / AFP)
Short Url
  • La police estime que jusqu'à 20.000 personnes pourraient manifester dans la journée contre la participation israélienne, dans cette ville du sud de la Suède qui compte la plus importante communauté d'origine palestinienne du pays
  • L'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute ce rendez-vous pailleté de la musique, avait confirmé en mars la participation d'Eden Golan malgré les critiques

MALMÖ, Suède : La finale du concours de l'Eurovision de la chanson se dispute samedi à Malmö, en Suède, dans un contexte de tension avivé par la participation de la candidate israélienne, en pleine guerre à Gaza.

Des renforts de police sont venus de tout le pays scandinave mais aussi du Danemark et de Norvège pour assurer la sécurité de l'événement, pour lequel près de 100.000 fans venant de 90 pays sont attendus.

La police estime que jusqu'à 20.000 personnes pourraient manifester dans la journée contre la participation israélienne, dans cette ville du sud de la Suède qui compte la plus importante communauté d'origine palestinienne du pays.

Le jeune chanteuse israélienne, Eden Golan, 20 ans, a décroché jeudi soir son ticket pour la finale avec la chanson «Hurricane», dont la version initiale avait dû être modifiée car considérée comme faisant allusion à l'attaque du Hamas qui a ensanglanté Israël le 7 octobre.

Vingt-six pays au total s'affronteront samedi pour succéder à la Suède comme lauréate de cette compétition qui avait été suivie en 2023 par 162 millions de téléspectateurs.

- Appels au boycott -

L'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute ce rendez-vous pailleté de la musique, avait confirmé en mars la participation d'Eden Golan malgré les critiques.

Plus récemment, neuf des participants, dont sept sont en finale, ont appelé à un cessez-le-feu durable à Gaza, où Israël multiplie les frappes.

Israël participe depuis 1973 à l'Eurovision, qu'il a remporté pour la quatrième fois en 2018. «C'est vraiment un honneur d'être ici (...) de nous présenter avec fierté», s'est réjouie jeudi la candidate israélienne qui figurait samedi matin en deuxième place des favoris derrière la Croatie.

Avant la demi-finale, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait jugé qu'Eden Golan avait «déjà gagné», la saluant dans un message vidéo pour avoir affronté «avec succès une horrible vague d'antisémitisme».

Vendredi, le parti d'extrême gauche espagnol Sumar - dont la dirigeante Yolanda Diaz est numéro trois du gouvernement - a lancé une pétition pour demander l'exclusion d'Israël de la finale «au moment où ses troupes exterminent le peuple palestinien et détruisent toute la région».

Berlin a répliqué en jugeant que «les appels au boycott contre la participation d'artistes israéliens» étaient «totalement inacceptables», Paris soulignant pour sa part que «la politique n'a pas sa place à l'Eurovision».

- Neutralité -

Mais la neutralité revendiquée par l'UER est bousculée comme jamais.

Mardi, le chanteur suédois Eric Saade était apparu le bras ceint d'un keffieh palestinien. Et vendredi, le représentant des Pays-Bas, Joost Klein, qui avait marqué son désaccord jeudi soir d'être placé à côté de la candidate israélienne, a été privé de répétition générale.

Les syndicats de la chaîne de télévision publique flamande VRT ont brièvement interrompu la retransmission jeudi soir pour diffuser un message condamnant des «violations des droits de l'homme par l'Etat d'Israël».

Un geste regretté par l'UER, qui avait interdit au président ukrainien Volodymyr Zelensky de s'exprimer lors du concours l'an dernier, au nom de la neutralité politique.

Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien, qui a fait plus de 1.170 morts, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza, qui a fait jusqu'à présent 34.943 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Jeudi, près de 12.000 personnes, dont la militante pour le climat Greta Thunberg, avaient déjà manifesté à Malmö contre la participation d'Israël.

- «Pas de menace» -

Pour Sally Sadler, une fan britannique, ces rassemblements obscurcissent «un peu» la fête. «Il s'agit avant tout d'unité et de musique. Nous sommes tous ici ensemble, toutes nations confondues, pour l'amour et non pour la haine».

Dans l'enceinte, tout drapeau autre que ceux des participants sont interdits, comme toute bannière à message politique.

«Je pense que tout le monde est en sécurité», a affirmé en conférence de presse Eden Golan. La police suédoise a assuré qu'«il n'y avait pas de menace dirigée contre l'Eurovision». L'été dernier, la Suède a relevé son niveau d'alerte terroriste après des actes de profanation du Coran.

Du côté des festivités, l'édition 2024 offre un large éventail de genres musicaux, de la ballade à l'électro. Malmö, troisième ville de Suède, espère offrir aux fans «the time of their life», comme le chantait Abba, qui avait offert la couronne de l'Eurovision au pays il y a un demi-siècle.

Cette année beaucoup de chansons «traitent de la santé mentale - de nombreux jeunes artistes disent ne pas se sentir bien et lutter avec leur identité» comme c'est le cas de Nemo (Suisse), explique Andreas Önnefors, spécialiste du concours.

Eden Golan a assuré que sa chanson «Hurricane» parlait «d'une jeune fille qui traverse ses propres problèmes, ses propres émotions».

 

- l'exclusion de Joost Klein «disproportionnée»-

Jeudi, lors de la conférence de presse qui avait suivi la demi-finale de la compétition qui se veut apolitique, Joost Klein, 26 ans et les cheveux peroxydés, avait attiré l'attention en marquant son désaccord avec le fait d'être placé à côté de la représentante israélienne Eden Golan. Il avait notamment recouvert ostensiblement son visage du drapeau néerlandais à plusieurs reprises.

Son exclusion n'a toutefois rien à voir avec son attitude envers d'autres délégations, a souligné l'UER.

Vendredi, Joost Klein, avait déjà été privé des importantes répétitions générales à la veille de la finale de l'Eurovision.

Interrogée par l'AFP, la police suédoise a confirmé avoir ouvert une enquête pour «intimidation». Le dossier a été transmis au parquet.

Officiellement apolitique, l'Eurovision est cette année bousculée par la guerre à Gaza.

Le diffuseur néerlandais Avrotros juge «disproportionnée» l'exclusion samedi du concurrent néerlandais Joost Klein pour la finale de l'Eurovision, suspendu la veille après un incident sans lien avec la participation controversée d'Israël.

Avrotros a déclaré dans un communiqué transmis à l'AFP trouver la disqualification «disproportionnée» et s'est dit «choquée par la décision» de l'Union européenne de radiodiffusion (UER). «Nous le regrettons profondément et y reviendrons plus tard».

L'UER, qui chapeaute le concours, a expliqué dans un communiqué que la police suédoise enquête sur «une plainte déposée par une femme membre de l'équipe de production à la suite d'un incident survenu après sa prestation lors de la demi-finale de jeudi soir».

«Pendant que la procédure judiciaire suit son cours, il ne serait pas approprié qu'il continue à participer au concours», a indiqué l'organisation rappelant appliquer «une politique de tolérance zéro à l'égard des comportements inappropriés».

Le système de radiodiffusion publique néerlandais NPO a qualifié la décision de «très radicale». «C'est une déception pour les millions de fans de l'Eurovision aux Pays-Bas et dans d'autres pays européens», a-t-il affirmé.

«Nous évaluerons de manière approfondie le cours des événements après le concours Eurovision de la chanson avec Avrotros, l'UER et toutes les autres parties impliquée», a-t-il ajouté.


Zendaya, ado star devenue icône touche-à-tout

L'actrice et chanteuse américaine Zendaya arrive à la première de "Dune : Part Two" au Josie Robertson Plaza at Lincoln Center le 25 février 2024 à New York. (Photo Angela Weiss AFP)
L'actrice et chanteuse américaine Zendaya arrive à la première de "Dune : Part Two" au Josie Robertson Plaza at Lincoln Center le 25 février 2024 à New York. (Photo Angela Weiss AFP)
Short Url
  • A l'affiche de deux films à succès cette année, «Dune 2» et «Challengers», l'actrice, également chanteuse, mannequin, danseuse et productrice, a endossé en début de semaine le rôle de co-hôte du Met gala à New York
  • Zendaya Coleman est née en 1996 en Californie. Petite, elle souffre d'une timidité maladive, selon ses parents, tous deux enseignants

WASHINGTON : Du cinéma à la mode en passant par la musique, Zendaya semble exceller en tout. A 27 ans, l'artiste américaine est passée d'ado star à l'une des figures les plus influentes de sa génération.

A l'affiche de deux films à succès cette année, «Dune 2» et «Challengers», l'actrice, également chanteuse, mannequin, danseuse et productrice, a endossé en début de semaine le rôle de co-hôte du Met gala à New York, grand-messe de la mode et du show-biz.

Elle s'est offert pour l'occasion le privilège de faire deux entrées, avec deux looks différents. Un choix qui n'a pas manqué d'affoler la toile et a été salué par les critiques, habitués à commenter les sorties vestimentaires de celle qui est souvent qualifiée «d'icône de la mode».

Mais ses références ne s'arrêtent pas là. Zendaya devient en 2020 la plus jeune artiste sacrée meilleure actrice dans une série dramatique aux Emmy Awards, à 24 ans, pour son rôle dans «Euphoria». Cette récompense lui revient également en 2022.

Toujours pour ce rôle, elle remporte un Golden Globe en 2023. La même année, elle fait une apparition sur la scène du célèbre festival de musique Coachella, dans le désert californien.

«C'est une icône culturelle en devenir», déclarait en 2022 Denis Villeneuve, réalisateur de «Dune». «Zendaya est intemporelle, et elle peut tout faire».

- Timidité maladive -

Zendaya Coleman naît en 1996 en Californie. Petite, elle souffre d'une timidité maladive, selon ses parents, tous deux enseignants.

Sa mère cumule un deuxième emploi dans un théâtre d'Oakland. Après s'être essayée au basketball ou encore au football, c'est là que la jeune Zendaya a une révélation.

«Elle me suppliait de l'y amener», se souvenait sa mère en 2021. Sur scène, Zendaya se transforme.

Après quelques pièces de théâtre, ses parents l'accompagnent à Los Angeles pour qu'elle tente sa chance. A 14 ans, elle y décroche un rôle dans la série «Shake It Up» de Disney Channel. A 17 ans, elle sort un album.

Elle fait ensuite ses débuts au cinéma dans des longs-métrages à succès comme «The Greatest Showman» (2017), ou «Spider-Man: Homecoming» (2017), où elle rencontre Tom Holland, avec lequel elle forme aujourd'hui un couple star à l'image discrète, adoré des fans.

Puis la série «Euphoria» et le personnage de Rue, adolescente meurtrie par ses addictions, la consacre comme l'une des actrices les plus prometteuses de sa génération.

Dans le même temps, Zendaya se met en retrait de la scène musicale. En avril, elle a exprimé à demi-mot ses réticences vis-à-vis de cette industrie, mais ne ferme pas la porte à un retour: «Je sortirai peut-être une petite chanson, peut-être».

- «Version acceptable» -

Au-delà de son talent, c'est son image qui séduit. Zendaya «possède un niveau de grâce et d'authenticité qui redonne de l'espoir pour la génération à laquelle elle ouvre la voie», écrivait en 2020 le magazine de mode américain Essence.

L'actrice entretient une image d'humilité et d'engagement. Dès son passage chez Disney dans les années 2010, elle insiste pour l'inclusion d'une famille noire dans la série «Agent K.C», dans laquelle elle joue.

A 21 ans, elle fustige ouvertement les normes de beauté de l'industrie du divertissement. «Je suis la version hollywoodienne acceptable d'une fille noire», tacle celle dont la mère est blanche et le père noir.

«En tant que femme noire à la peau claire, il est important que j'utilise mon privilège, ma position, pour montrer à quel point la communauté afro-américaine est belle», poursuit-elle.

Invitée à collaborer avec le créateur Tommy Hilfiger en 2019, elle choisit un casting de mannequins noires et rend hommage à des figures afro-américaines, comme Bethann Hardison, mannequin et militante.

Zendaya joue également avec les codes de genre dans ses apparitions publiques et apparaît comme une défenseure de la communauté LGBT+.

En 2020, Michelle Obama fait appel à l'influente star - qui cumule aujourd'hui plus de 184 millions d'abonnés sur Instagram - pour inciter les jeunes Américains à s'inscrire sur les listes électorales.

Et la star touche-à-tout pourrait encore élargir sa palette: Luca Guadagnino, qui la dirige dans «Challengers», l'encourage à passer derrière la caméra. Une transition qu'elle sera capable de faire, dit-elle, quand elle aura «gagné en assurance».