Après un an à Downing Street, Rishi Sunak à la peine

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'adresse à un groupe d'apprentissage pour adultes à la bibliothèque de Clacton-on-Sea, lors d'une visite à Clacton-on-Sea, dans le sud-est de l'Angleterre, le 18 octobre 2023. (AFP)
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'adresse à un groupe d'apprentissage pour adultes à la bibliothèque de Clacton-on-Sea, lors d'une visite à Clacton-on-Sea, dans le sud-est de l'Angleterre, le 18 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

Après un an à Downing Street, Rishi Sunak à la peine

  • Depuis, plusieurs revers cinglants dans des élections partielles face à l'opposition travailliste sont venus souligner les difficultés de Rishi Sunak à redorer le blason de son parti, au pouvoir depuis 13 ans
  • Les espoirs du Premier ministre reposent désormais sur une amélioration de la situation économique, qui redonnerait un peu de souffle aux Britanniques affectés depuis des mois par une grave crise du coût de la vie

LONDRES: Après un an à Downing Street, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a bien peu de choses à célébrer, et les élections législatives prévues l'an prochain s'annoncent très difficiles pour son parti conservateur.

L'ancien banquier d'affaires de 43 ans  était arrivé au pouvoir le 25 octobre 2022, après les 49 jours catastrophiques de Liz Truss à Downing Street, poussée à la démission après avoir affolé les marchés avec ses promesses de baisses d'impôt non financées. Elle-même avait succédé à Boris Johnson, qui avait démissionné en juillet 2022 après une succession de scandales, dont celui des fêtes illégales à Downing Street durant le Covid.

Depuis, plusieurs revers cinglants dans des élections partielles face à l'opposition travailliste sont venus souligner les difficultés de Rishi Sunak à redorer le blason de son parti, au pouvoir depuis 13 ans.

"Plus les gens voient Sunak, moins ils l'apprécient en quelque sorte", déclare à l'AFP Tim Bale, auteur d'un livre sur la droite conservatrice depuis le Brexit. "Il n'incarne pas vraiment d'autorité, il ne donne pas forcément l'impression de contrôler les événements".

"Il semble passer d'une initiative politique à une autre, dans une tentative désespérée de s'attirer les faveurs des électeurs", ajoute Tim Bale.

Selon Richard Hayton, expert de la politique britannique, Rishi Sunak a "calmé les luttes partisanes" chez les conservateurs et "contribué à redonner une certaine crédibilité" à la fonction de Premier ministre.

Cependant, l'ancien ministre des Finances "a eu du mal à proposer une vision cohérente ou convaincante", qui puisse résonner auprès des électeurs, estime le professeur associé à l'université de Leeds.

Le parti travailliste affiche depuis plus d'un an une avance à deux chiffres dans les sondages pour les législatives.

Les efforts de Rishi Sunak pour reprendre la situation en main sont "loin d'être suffisants" abonde David Jeffery, maître de conférences en sciences politiques à l'université de Liverpool.

«Otage» de ses promesses 

En janvier, Rishi Sunak avait énoncé les cinq priorités de son mandat, dont réduire de moitié l'inflation, relancer l'économie, et empêcher les bateaux de migrants de traverser la Manche au départ de la France.

Un an plus tard, l'inflation a diminué mais reste à 6,7%, la croissance reste minime, et plus de 26 000 migrants ont débarqué sur les côtes anglaises depuis janvier 2023 - contre 46 000 l'an dernier.

Pour David Jeffery, Rishi Sunak s'est "rendu otage" de ses promesses.

Le Premier ministre a donc changé de stratégie cet automne en se positionnant comme le candidat du changement face à son rival travailliste, Keir Starmer, bien que les conservateurs soient au pouvoir depuis 13 ans.

Il s'est érigé en défenseur des automobilistes, faisant machine arrière sur certaines politiques environnementales. Il a aussi confirmé lors de la conférence du parti qu'il abandonnait la construction d'un tronçon d'une coûteuse liaison ferroviaire à grande vitesse.

Malgré ces annonces, la côte de popularité de Rishi Sunak est tombée au plus bas le mois dernier. Un sondage la semaine dernière donnait 12 points d'avance aux travaillistes.

"Il semble qu'ils aient épuisé toutes leurs munitions", estime M. Bale, politologue à l'université Queen Mary de Londres.

Les espoirs du Premier ministre reposent désormais sur une amélioration de la situation économique, qui redonnerait un peu de souffle aux Britanniques affectés depuis des mois par une grave crise du coût de la vie.

Selon des données publiées mercredi, la croissance des salaires a dépassé l'inflation pour la première fois depuis près de deux ans au Royaume-Uni, une lueur d'espoir pour le gouvernement.

Les experts s'attendent également à ce que Rishi Sunak intensifie les attaques personnelles contre Keir Starmer et celles contre la culture "woke".

Mais Tim Bale pense que les électeurs ont déjà fait leur choix: "ils veulent simplement du changement, et ni lui ni eux (les conservateurs) ne l'incarnent", dit-il.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.