Sans «speaker», le Congrès américain s'embourbe dans la crise

La Chambre des représentants vote pour un nouveau président de la Chambre au Capitole des États-Unis le 18 octobre 2023 à Washington, DC (Photo, AFP).
La Chambre des représentants vote pour un nouveau président de la Chambre au Capitole des États-Unis le 18 octobre 2023 à Washington, DC (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 20 octobre 2023

Sans «speaker», le Congrès américain s'embourbe dans la crise

  • L'une des deux chambres du Congrès, censé être l'un des parlements les plus puissants au monde, n'a pas été capable de voter sur le moindre projet de loi depuis plus de deux semaines
  • L'immense majorité des pouvoirs de cette institution ont été suspendus par la destitution historique de son chef Kevin McCarthy le 3 octobre

WASHINGTON: Le Congrès américain est plongé jeudi dans son 16e jour de paralysie chaotique, les solutions envisagées par les républicains en début de matinée pour élire un président et sortir de la crise semblant l'une après l'autre vouées à l'échec au fil de la journée.

C'est une situation complètement inédite: l'une des deux chambres du Congrès, censé être l'un des parlements les plus puissants au monde, n'a pas été capable de voter sur le moindre projet de loi depuis plus de deux semaines.

Qu'importe que le président Joe Biden s'apprête à demander lors d'un discours à 20H00 (00H00 GMT vendredi) des ressources considérables pour l'Ukraine, envahie par la Russie, et pour Israël, en guerre avec le Hamas. La Chambre est actuellement incapable d'accéder à cette requête.

L'immense majorité des pouvoirs de cette institution ont été suspendus par la destitution historique de son chef Kevin McCarthy le 3 octobre, victime de divisions entre républicains modérés et trumpistes.

Renforcement temporaire

Les conservateurs sont majoritaires à la chambre basse et donc responsables d'en élire le "speaker". Mais ces 221 parlementaires ne parviennent pas à s'entendre sur un nouveau président.

L'élu de l'Ohio Jim Jordan, membre de la frange la plus conservatrice du parti et très proche de Donald Trump, candidat désigné, a déjà échoué deux fois cette semaine à obtenir la majorité pour accéder au perchoir.

Face à cette difficulté, un scénario était envisagé de plus en plus sérieusement: renforcer temporairement les pouvoirs du "speaker" par intérim, Patrick McHenry.

L'unique responsabilité de cet élu de Caroline du Nord -- reconnaissable au noeud papillon qu'il porte toujours avec ses costumes -- est actuellement d'organiser l'élection du successeur de Kevin McCarthy.

Mais le quadragénaire pourrait, grâce à un vote de la Chambre, être autorisé à présider cette institution pour quelques mois, le temps par exemple d'adopter un nouveau budget pour l'Etat fédéral, celui-ci expirant dans moins d'un mois.

Cette hypothèse a finalement pris du plomb dans l'aile jeudi.

«Rupture des normes»

Après une réunion survoltée entre les parlementaires de cette majorité fracturée, Jim Jordan a dit à la presse qu'il n'en avait pas terminé. "Je suis toujours candidat à la présidence, et je prévois d'aller dans l'hémicycle, réunir les voix nécessaires et l'emporter", a-t-il déclaré.

Cet ancien lutteur tentera à nouveau sa chance avec un vote vendredi matin, à fait savoir son porte-parole jeudi soir.

Jim Jordan est pourtant loin du compte.

Une vingtaine de républicains modérés reprochent toujours à cet élu pugnace des positions trop extrêmes et refusent pour cette raison de l'élire au poste de "speaker". Certains ont aussi affirmé avoir reçu des menaces de mort depuis leur vote contre Jim Jordan.

De l'autre côté, des élus de l'aile droite du parti, proches de l'ancien président Donald Trump, ne souhaitent pas donner les clés de la Chambre à Patrick McHenry, l'un d'entre eux affirmant qu'une telle élection serait "une rupture des normes et des traditions".

Illustration des tensions très vives entre les deux factions républicaines: des journalistes américains ont fait état de cris et d'invectives dans la salle où les élus se sont réunis jeudi.

Face à ces fractures internes béantes, une autre issue possible se dessine: une alliance surprise entre républicains modérés et le parti de Joe Biden, les démocrates, qui a jusqu'ici principalement été spectateur de ces tractations.

Exhortant les républicains à mettre fin "à leur guerre civile", le leader démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a appelé à former "une coalition qui transcende les partis".


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.