WASHINGTON: Pressés de toutes parts pour agir en faveur de l'Ukraine et d'Israël, les républicains tentaient mardi d'enterrer la hache de guerre et de s'accorder, enfin, sur un nouveau "speaker" au Congrès américain.
La destitution de Kevin McCarthy du perchoir de la Chambre des représentants, par des membres de son propre parti, a suspendu depuis une semaine les principaux pouvoirs de cette institution -- un des parlements les plus puissants au monde.
Tous les votes sur ces dossiers diplomatiques brûlants, tout comme la crise budgétaire imminente, sont bloqués. Une situation absolument inédite.
Querelles fratricides
"Pendant que nous débattons de tant de problèmes internes majeurs, nous semblons ignorer les graves menaces qui pèsent sur nous et nos alliés à travers le monde", a déploré mardi l'élu républicain Mike Kelly sur X, anciennement Twitter, exhortant ses pairs à mettre fin à cette pagaille institutionnelle.
Les républicains sont majoritaires à la Chambre depuis janvier, ce qui les rend responsables d'en élire son président.
Mais le "speaker" en poste depuis neuf mois a été évincé le 3 octobre -- victime des tensions extrêmement fortes entre élus modérés et trumpistes du parti.
Les républicains sont depuis incapables de s'entendre sur un successeur.
«Pas une question de partis»
Lors d'un discours sur la situation en Israël, le président Joe Biden a appelé le Congrès à prendre, dès qu'il en serait capable, "des mesures urgentes" pour "financer les impératifs de nos partenaires".
"Ce n'est pas une question de partis ou de politique", a souligné le dirigeant démocrate, dont le parti, minoritaire à la Chambre, est principalement spectateur des tractations chaotiques au Congrès.
"Il en va de la sécurité du monde, de la sécurité des Etats-Unis", a-t-il insisté.
Scalise et Jordan au tableau
Les républicains se sont réunis à 17H00 (21H00 GMT) pour entendre l'exposé des deux candidats déclarés au poste de "speaker":
D'un côté le chef de groupe Steve Scalise, 58 ans, membre de la droite dure.
"Je suis quelqu'un qui a construit des coalitions tout au long de ma carrière, et nous avons remporté de sacrées victoires", a-t-il déclaré à la presse à l'issue de la réunion.
"On a besoin d'un Congrès qui fonctionne dès demain", a-t-il ajouté.
De l'autre le pugnace Jim Jordan, d'un an son aîné, et à la tête de la commission judiciaire de la Chambre. Cet élu est proche de Donald Trump, dont il a déjà décroché le parrainage.
Mais aucun de ces deux hommes ne dispose, en l'état, d'assez de soutien pour être élu à la tête de la Chambre des représentants.
McCarthy vante son expérience
Une première élection informelle doit être organisée à huis clos mercredi pour prendre la température au sein du groupe parlementaire.
Avant un vote organisé en séance plénière, à une date ultérieure.
Evoquant la nécessité que son poste soit pourvu au plus vite, certains fidèles de Kevin McCarthy ont exhorté le "speaker" destitué à se représenter pour permettre au Congrès d'agir sur cette série de dossiers sensibles.
"Je sais que beaucoup d'entre eux veulent présenter ma candidature, je leur ai dit +s'il vous plaît ne me désignez pas+", a répondu l'élu de Californie mardi.
Pressé sur cette question la veille, Kevin McCarthy avait pourtant longuement vanté son expérience diplomatique avec Israël, semblant laisser la porte ouverte à un possible retour au perchoir.
Mais celui-ci nécessiterait que la poignée de trublions trumpistes, responsables de son éviction, rentrent dans le rang - ce qui reste pour l'heure plus qu'improbable.