WASHINGTON: Le monde fait "face à un tournant qui dépasse les partis et les débats politiciens": Joe Biden va tenter jeudi de souder les Américains derrière la défense d'Israël et de l'Ukraine.
"Les attaques terroristes du Hamas contre Israël. Le besoin d'aide humanitaire à Gaza. La Russie qui poursuit sa brutale guerre contre l'Ukraine": le président américain a résumé, sur le réseau social X, de quoi il veut parler, dans une adresse solennelle à la nation à 20H00 locales (minuit GMT vendredi), depuis le Bureau ovale.
"Il va faire le lien entre ces événements (...) et les vies des Américains ici, et expliquer pourquoi cela doit nous importer", a expliqué sur CNN l'un de ses conseillers à la sécurité nationale, Jon Finer.
Joe Biden, vieux routier de la politique, se dit aussi qu'en liant la défense d'Israël, à celle de l'Ukraine, il réussira à trouver le consensus qui lui fait jusqu'ici défaut au Congrès pour financer une assistance militaire supplémentaire à Kiev.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d'ores et déjà remercié au téléphone son homologue pour le "soutien vital" des Etats-Unis.
Dans la lancée de son voyage à Tel-Aviv mercredi, périlleux sur le plan sécuritaire autant que diplomatique, le démocrate de 80 ans veut aussi renvoyer aux électeurs, inquiets de son âge et de son énergie, l'image d'un homme d'action, de décision, presque d'un chef de guerre.
Joe Biden est le premier "commandant en chef" à s'être jamais rendu dans une zone de conflit qui ne soit pas sous contrôle de l'armée américaine, et même à deux reprises: à Kiev en février, et donc à Tel-Aviv.
«Je l'ai obtenu»
Dans l'avion du retour, le président, qui ne goûte pourtant guère ce genre d'échanges impromptus, était venu voir les journalistes pour vanter le résultat de son voyage.
"Je suis venu pour obtenir quelque chose, et je l'ai obtenu", a-t-il dit, en référence à l'accord d'Israël et de l'Egypte pour commencer à faire rentrer un peu d'aide humanitaire à Gaza.
L'occasion est trop belle pour lui de dresser un contraste avec un parti républicain mis sens dessus-dessous par certains élus dévoués à Donald Trump - que Joe Biden pourrait bien à nouveau affronter à la présidentielle de novembre 2024.
Les démocrates détiennent le Sénat, quand les conservateurs contrôlent depuis le début d'année la Chambre des représentants.
Or la frange la plus à droite du parti républicain a non seulement renversé le chef de cette institution, mais échoue jusqu'ici à imposer l'un des siens dans le fauteuil de "speaker".
Selon une source proche des discussions, la Maison Blanche veut réclamer au Congrès une énorme enveloppe de 100 milliards de dollars pour l'Ukraine, Israël, Taïwan et la crise migratoire à la frontière avec le Mexique.
Si les adversaires républicains de Joe Biden sont pour certains hésitants sur l'aide militaire à l'Ukraine, ils sont les premiers à réclamer un appui massif à Israël, une posture musclée sur l'immigration et une attitude ferme face à la Chine.
Le président américain sait que le temps est compté: si le Congrès n'arrive pas à voter un budget annuel, les Etats-Unis vont droit à la paralysie budgétaire, le "shutdown", le 17 novembre.