NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont présenté jeudi à des Etats membres de l'ONU des épaves et des composants de drones militaires iraniens que Washington affirme avoir récupérés en Ukraine, des preuves selon le Pentagone d'une relation "approfondie" entre Téhéran et la Russie.
C'est la première fois que le Renseignement militaire du ministère de la Défense (Defense Intelligence Agency, DIA) expose à la mission américaine à l'ONU des carcasses, moteurs, composants de drones militaires fabriqués par l'Iran, parmi lesquels les "Unmanned Aerial Vehicules" (UAV) Shahed 101, Shahed 131 et Shahed 136 que Washington dit avoir "récupérés" sur le théâtre de la guerre en Ukraine.
"Ce ne sont pas des répliques, ce sont des vraies. Des armes de guerre que l'Iran a transférées à des acteurs malveillants" en violation de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur le programme nucléaire iranien, a accusé l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.
"Des responsables iraniens n'ont pas caché leur ambition d'étendre les ventes de ces drones d'attaques (...) Nous n'avons pas peur de parler de ça en public, mais nous avons besoin de votre partenariat, nous avons besoin de vos voix", a-t-elle lancé devant des dizaines d'ambassadeurs d'Etats membres de l'ONU invités à observer ces épaves.
Des responsables du DIA ont montré mercredi soir à quatre journalistes ces mêmes débris et épaves de drones militaires suicide en comparant ces appareils retrouvés en Irak en 2021 et 2022 à d'autres "presque identiques" retrouvés en Ukraine en 2022.
L'Iran, très proche de la Russie, est accusé depuis des mois par les pays occidentaux de livrer en quantité des drones, notamment explosifs, à l'armée russe pour l'aider dans sa guerre en Ukraine, ce que Téhéran dément.
Liens «florissants»
De la Syrie à l'Ukraine, les liens militaires "florissants" entre la Russie et l'Iran inquiètent les Etats-Unis, avait dit fin septembre à Abou Dhabi un responsable militaire américain, le général Alexus Grynkewich.
"L'approfondissement de la relation russo-iranienne est très inquiétante", a déclaré à New York un analyste de la DIA accusant l'Iran de "mentir" à propos de la fourniture de drones pour "la guerre russe" en Ukraine.
Comme elle l'avait déjà fait publiquement en août à Washington, la DIA a exposé cette fois devant une centaine de pays une carcasse de "Shahed 131 utilisé en Ukraine à l'automne 2022 à coté d'un Shahed 131 retrouvé en Irak en 2021".
"Les systèmes sont de même taille, ont la même forme et ont été construits avec des matériaux et des composants similaires", selon la DIA.
Autre preuve selon le Pentagone que les deux UAV sont iraniens : leur "structure en nid d'abeille" ou "structure alvéolée" qui, selon un autre analyste du Renseignement militaire, est "quasiment de manière certaine" la marque de fabrique de Téhéran.
Les Etats-Unis ont aussi accueilli dans leur mission onusienne leur allié britannique, dont des responsables ont présenté devant la presse des missiles et composants portant des marques et numéros de série iraniens.
D'après Londres, il s'agit d'armements iraniens saisis dans le Golfe d'Oman et qui étaient destinés aux rebelles Houthis au Yémen.
"Vous avez dans cette pièce une capacité militaire conventionnelle emblématique de l'Iran" qui "reste une menace déstabilisatrice" au Moyen-Orient et en Ukraine, a conclu un responsable de la DIA.