A la frontière libanaise, des villages israéliens désertés

Le poste-frontière de Rosh Hanikra, entre Israël et Liban (Photo d'illustration, AFP).
Le poste-frontière de Rosh Hanikra, entre Israël et Liban (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Jeudi 12 octobre 2023

A la frontière libanaise, des villages israéliens désertés

  • Une suspicion d'intrusion d'ennemis a un temps été crainte, tous les habitants de Rosh Hanikra ont reçu la consigne de se mettre à l'abri et d'y rester
  • Le village, dont chaque quartier est fermé par d'imposantes grilles en métal, s'est mué en site fantôme

SHLOMI: Au poste-frontière de Rosh Hanikra, entre Israël et Liban, les seuls êtres vivants mercredi midi semblent être des chèvres. Pas une âme n'est visible dans ce village qui, comme tout le Nord d'Israël, vit dans la psychose d'un assaut du Hezbollah similaire à celui du Hamas dans le Sud.

La douzaine de biquettes broute consciencieusement malgré des bourrasques de vent chaud. A quelques mètres d'elles, le téléphérique de Rosh Hanikra est à l'arrêt. Seuls deux bateaux dans la Méditerranée en contrebas donnent un peu de mouvement à une scène figée.

Le village, dont chaque quartier est fermé par d'imposantes grilles en métal, s'est mué en site fantôme. Mercredi matin, un missile antichar venu du Liban a atterri sur un poste militaire proche, selon l'armée israélienne, qui dit avoir ensuite riposté par voie aérienne.

Une suspicion d'intrusion d'ennemis a un temps été crainte. Tous les habitants de Rosh Hanikra ont reçu la consigne de se mettre à l'abri et d'y rester.

Dans la ville voisine de Shlomi, Ida Lannkri, 61 ans, dit encore "trembler de peur" quelques heures après le grondement des bombes. "Deux minutes" de terreur absolue, qui ont définitivement poussé cette récente veuve à quitter son domicile.

La veille, Mme Lannkri, dont la terrasse fait face à une colline verdoyante, sur laquelle un épais mur zigzaguant matérialise la frontière israélo-libanaise, avait déjà entendu "un grand boum qui avait mis le feu à la montagne", accompagné d'une "odeur de poudre à canon".

"Ce soir ou demain matin", la sexagénaire aux courts cheveux noirs partira à Eilat, une station balnéaire sur la mer Rouge, où sa fille lui a réservé une chambre d'hôtel. Son nom s'ajoute à ceux de nombreux autres habitants de son immeuble à avoir déjà fui leur domicile.

Quatre jours après l'attaque du Hamas contre le Sud d'Israël, qui a fait au moins 1.200 morts côté israélien, la plupart des civils, Shlomi, aux rues bien vides, paraît de fait extrêmement dépeuplée.

La ville, bombardée à de nombreuses reprises depuis le Liban ces dernières décennies, a pourtant vu un important dispositif militaire déployé pour sa protection.

Soldats aux aguets
Car l'Iran, qui a "vraisemblablement" aidé le Hamas dans son entreprise, selon le président français Emmanuel Macron, est aussi le parrain du Hezbollah libanais.

Des soldats israéliens sont donc tapis dans de nombreuses maisons de Shlomi, la montagne dans leur viseur. L'AFP a pu voir des blindés à proximité de la ville. Et plusieurs Hummer militaires à l'intérieur de ses murs. Ce qui n'a pas empêché un certain exode de la population.

Israël Ravid, 34 ans, travaille dans une station-service, l'un des rares commerces restés ouverts. Quelques habitants viennent s'y ravitailler en eau, biscuits, ou lait, parmi des groupes de soldats davantage friands de cigarettes.

Sa femme, "traumatisée" par les bombardements qu'elle a subis lors de la seconde guerre israélo-libanaise de 2006, a quitté Shlomi avec leurs deux enfants, "car elle ne veut pas qu'ils souffrent comme elle", dit-il.

Israël Ravid dit lui-même être en stress post-traumatique, après avoir été sévèrement "battu par une trentaine d'enfants palestiniens" en 2021 alors qu'il était policier à Jerusalem-Est. Mais il n'a pas voulu suivre les siens, afin de continuer à être "occupé".

"Rester à la maison à regarder les informations et voir toutes ces histoires horribles (...) est le pire que je puisse faire", remarque ce brun à la barbe rousse, qui confie sa "terreur" et son "stress" face à "l'inconnu".

Un sentiment partagé par Leon Gerchovitch, un enseignant de 40 ans, rencontré devant chez lui. De son allée de garage, la colline-frontière n'est à guère plus d'un kilomètre.

Alors que sa mère, âgée, lui conseille de se méfier des journalistes de l'AFP venus l'interviewer, dont elle pense qu'ils sont des combattants du Hezbollah, il explique qu'elle "n'a pas vraiment peur des roquettes", auxquelles elle s'est malgré elle habituée, mais "que ce qui s'est passé à Gaza se répète ici".

"Nous savons combien nous sommes proches de la frontière!", s'exclame-t-il. "S'ils traversent et qu'ils courent (vers nous), en combien de minutes seront-ils ici?". "Vraiment inquiétant."

En écho à ses préoccupations, le Nord d'Israël s'est calfeutré pendant plusieurs heures mardi soir du fait d'une "suspicion d'infiltration aérienne" venue du Liban, finalement exclue par Israël.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.